Olivier REBUFA 

J'ai orienté mes recherches sur le travail avec les poupées fin 88. Je m'étais rendu compte qu'en me photographiant en noir et blanc et en réalisant un tirage sur lequel je me détourai à l'aide d'un cutter je pouvais rephotographier cette image de moi, bien face à l'objectif et la bidimensionalité de cette image disparaissait au profit de l'illusion du relief ( Le photographe, 1988 ). Après cette image, j'ai voulu me représenter comme une figurine sur les gâteaux de mariage. J'ai d'abord contacté des boulangers mais ces figurines ne convenaient pas. Le hasard fait le reste, je passe devant un magasin de jouets et découvre une poupée Barbie vêtue en mariée. Je ne connaissais pas le jouet mais en montrant cette première photo ( Mariage, 1988 in catalogue d'un art l'autre ), les enfants de mes amis m'ont montré qu'il existait aussi toute une panoplie d'accessoires : maison, voiture, vêtements, objets usuels de notre monde contemporain. Depuis je me photographie dans un monde de jouets.
Dans des carnets, je réalise des croquis et prends des notes qui me serviront à construire le décor propice à ma scénographie imaginée. J'achète ensuite les jouets, les poupées et ustensiles nécessaires à la réalisation de la scène. Tout peut servir, légo, gadgets, bibelots, objets magnétiques pour frigos, etc... Les poupées sont démantelées, découpées, soumises à des transformations pour obtenir la pose désirée. Je réalise alors mon autoportrait avec l'aide de mon assistante qui s'occupe aussi du "stylisme" des poupées et des fabrications de décors. La pose est définie à l'avance comme la lumière. Ce tirage, où je suis cadré à la dimension des poupées me sert à réaliser après découpage ma propre marionnette que j'insère, après l'avoir renforcée au dos avec du fil de fer, dans le décor dimension jouet. La dernière étapeconsiste à photographier cette mise-en-scène.
Olivier Rebufa, 2000




Olivier Rebufa est photographe, il a fait sienne l'utilisation de la supercherie, visuelle et affective. Par un système très simple d'implantation de sa propre image en modèle réduit dans un univers qu'il compose à partir de poupées Barbie, il s'est créé un monde de rêve où la présence féminine est sans âge et toujours souriante.
Si ce travail paraît simple a priori, il fait état de la duplicité de l'homme, et nous renvoie sans cesse aux abominables stéréotypes que les petites filles connaissent bien. Il joue au papa, à l'amant, au mari, au héros.
En réalité, il s'agit d'un travail pervers où existe et transparaît une véritable tragédie mêlée de ludisme, une impossibilité de résoudre angoisses et peurs où la folie guette.
Les images peuvent faire rire ; mais la dimension pathétique existe bien et met à plat tous les stratagèmes commerciaux et idéologiques véhiculés par les poupées Barbie.
( ... ) L'utilisation du noir et du blanc et de l'esthétisme publicitaire intervient pour mettre une distance supplémentaire avec la réalité, même s'il s'agit d'autoportraits, car il est important pour la cohérence conceptuelle de ces images que l'artiste en soit à la fois le sujet et l'objet.
( ... ) Rebufa révèle une oeuvre pessimiste et dénaturée, en ce sens qu'elle donne une fausse apparence. Les clichés dans lesquels nous le trouvons mis en scène ressemblent à autant de petites séquences rêvées, mais il s'agit d'un rêve qui ne se réalise pas. Ainsi les événements se transforment parfois en cauchemars et l'appropriation de tant de bonheur factice montre à quel point la solitude existe.
Nathalie Viot, O.R. Le sens du modèle ( extraits ), 1995


[...] Olivier Rebufa became known as a visual artist and photographer in 1989 thanks to his unique technique of incorporating photographic self-portraits into reconstituted miniature environments, surrounding himself with dolls, figurines, toys and scale models. His works are filled with humour and play on the notions of reality and artifice. His major solo exhibitions were held during the International Photography Biennale at the Musée de Marseille, at the Maison des RIP in Arles, and in Canada and Paris in the 1990s. 1998 marked his return to Senegal in search of his identity and memories. He would return there several times to gather accounts and stories, and build relationships for his project Keur Danou, in which he recounts his African experience, his childhood memories, as well as the cultural, economic and religious shock he encountered there. The 2000s saw him start a new project based on his African origins, Kawat Kamul, in which he broaches questions relating to the artist, the shaman, and the sacred nature of artwork. (Judith Peyrat, Baudouin Lebon Gallery).



Techniques et matériaux


photographie / photography
Mots Index


autoportrait / self-portrait
jouet / toy
stéréotype
barbie
obsessionnel / obsessive
champs de références


Son quotidien, ses fantasmes, et puis l'histoire de l'art
His everyday life, His fantasies, and then art history
repères artistiques


Ceux qui travaillent sur l'autoportrait, le jouet et le sériel / Those who work with the self-portrait, the toy, and the serial
Man Ray, Roman Opalka, Hans Bellmer, William Wegman, Cindy Sherman, Joel Peter Witkin
Laurie Simmons
Lucas Samaras et Les Krims (pour leur série d'autoportraits), Bernard Faucon
Autoportrait en noyé de Hippolyte Bayard
Lucas Samaras et Les Krims ( for their self-portrait series ), Bernard Faucon
Hippolyte Bayard's self-portrait as a drowned man