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| La mémoire floue
« Je n'inscris pas mon travail dans des anecdotes ou dans l'actualité. Il y a des gens qui font çà à merveille, mais moi je ne suis ni descriptif, ni narratif ». Et pourtant les photographies que Virgil Brill présente actuellement à la Chapelle des Pénitents Bleus de La Ciotat, collent à la peau de ce réel qui se dérobe devant nous. Son exposition s'intitule Migration - Migrations et nous parle de toutes ces frontières intérieures que l'on franchit clandestinement, tantôt avec délices, tantôt avec effroi. Elle nous entretient de la libre circulation des âmes, de la quête d'un droit d'asile intime qui procurerait enfin l'apaisement. Inutile donc de chercher des sans-papiers, des Bosniaques ou des Rwandais derrière les silhouettes nues qui peuplent de manière obsédante les images de Virgil Brill. Inutile dons de chercher à mettre des noms sur ces formes humaines que le photographe a capturées avec son objectif volontairement trouble. Dans un autre contexte, ce ne seraient sans doute que des nudistes, au mois d'août, quelque part en France, au bord de l'Atlantique. Mais ici, ni les individus, ni l'espace ne sont identifiés. Des étendues de sable, puis de mer, puis de ciel, à n'en plus finir.
Des horizons qui se chevauchent et qui marquent la finitude de ce monde sans pour autant nous interdire d'envisager, ou d'espérer d'autres possibles. Et là, un peu partout, ces ombres qui vaquent. Et l'anodin brouillé. Il n'y a plus de situation innocente, juste la condition humaine, ce statut d'animal grégaire qui avance seul vers un destin qu'il ignore. Le sentiment de solitude émerge justement de cette multitude et de ce flou. Le jeu incessant dans les cadrages, dans les formats multiplie les points de vue, apporte ce que Virgil Brill nomme des « configurations porteuses de sens ». Un relief sensoriel renforcé par une dimension musicale (une installation sonore de Georges Lartigau). Il ne manque même pas le verbe puisque l'écrivain Jacques Serena décline ses mots (encore une histoire d'amour impossible) autour, entre et dans le très beau livre qui installe cette rencontre dans une autre durée : celle de la page.
Fred Kahn, in Le pavé, mai-juin 1998
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| « I do not locate my work within anecdotes or current events. There are people who do this amazingly well, but I am neither descriptive nor narrative». And yet, the photographs Virgil Brill currently presents at the Chapelle des Pénitents Bleus in La Ciotat, get under the skin of this real that unveils itself before our eyes. His exhibition is entitled Migration - Migrations and speaks to us about these internal frontiers that are crossed in a clandestine fashion, at times with delight and at others with fear. It speaks to us about the free circulation of souls, the quest for an intimate right of sanctuary which would finally bring appeasement. It is therefore useless to look for illegal aliens, Bosniaks or Rwandians behind these nude silhouettes that people Virgil Brill's pictures in an obsessive manner. It is therefore useless to try and pin a name on these human forms the photographer has captured with his willfully out of focus lens. In another context, they would undoubtedly be nothing other than nudists, in the month of august, somewhere in France, on the Atalantic oceanfront. But, here neither the individuals, nor the space are identified. Stretches of sand, then sea, then sky, without end. Horizons that overlap and mark the finitude of this world without however forbidding us to envision or hope for other possibles. And there, a little all around; these shadows that lurk. The anodine is muddled. There is no innocent situation, only the human condition, this status of gregarious animal that advances alone towards a destiny it ignores. The feeling of solitude emerges precisely from this multitude and haziness. The incessant play of the frames, in the formats multiplies the vantage points, produces what Virgil Brill names « configurations bearing meaning ». A sensory relief reinforced by a musical dimension (a sound installation by Georges Lartigau). Nor is the verbe absent as Jacques Serena declines his words (another tale of impossible love) around, in between and within the very beautiful book that places this encounter in another duration: that of the page. Fred Kahn, in Le pavé, May-June 1998
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Techniques et matériaux
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l'aplatissement de la perspective par l'utilisation, à la prise de vue, de trés longues focales la recherche de la fusion entre les personnages et l'espace le travail sur des fragments en argentique, les multi-solarisations pour nuancer des gammes de gris "impossibles" en numérique, de longues (et intenses) heures sur Photoshop pour nuancer des gammes de gris "impossibles" flattened perspective through the use of very long lenses for the shoot the search for the point of fusion between the figures and space work on fragments in silver-print, multiple solarizations to nuance the shades of "impossible" grays in digital, long (and intense) hours on Photoshop to nuance the shades of "impossible" grays | |
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Mots Index
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Eros errances / wanderings nue / nude onirique / onirical Nouveau Pictorialisme / New Pictorialism | |
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champs de références / repères artistiques
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À l'âge de 10 à 15 ans : La peinture, surtout les impressionnistes et leurs successeurs et les symbolistes from the age of 10 to 15: Painting, especially the impressionists and their successors and the symbolists Gustave Moreau Gustave Klimt Léonard de Vinci Piero di Cosimo Hugo van der Goes Joachim Patinir
William Shakespeare Vladimir Nabokov Mikhaïl Boulgakov la science-fiction : Frank Herbert, Harlan Ellison, Théodore Sturgeon Jacques Serena, Fleurs cueillies pour rien | |
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