Ymane Fakhir vit et travaille à Marseille et Casablanca. Après une formation à l'Ecole des Beaux-Arts de Casablanca, elle poursuit son cursus à l'Ecole d'Art d'Aix en Provence, puis à l'Ecole nationale de la photographie d'Arles.
Photographe et vidéaste, son langage se caractérise par une certaine «objectivité» du regard. Cependant il s'agit bien d'images construites, de mises en scène à minima. Elle joue avec l'opacité et la transparence des corps avec leur capacité à perdurer. La question de la pure image comme substrat de la mémoire, se prolonge aujourd'hui dans des travaux sérigraphiques et des objets conceptuels visant à figurer, à matérialiser des situations et des constructions mentales non représentables.
Dans le monde discret mais jamais silencieux d'Ymane Fakhir, les objets semblent au repos. Ils oscillent entre souvenirs et espoirs et nous contemplent. En choisissant de regarder avec tendresse mais aussi une certaine cruauté les artefacts qui hantent nos vies, en désamorçant leur fonction première et vitale, comme pour en lire les vérités cachées, l'artiste s'engage dans une recherche formelle qui questionne l'objet comme rapport social, comme rapport humain. Qu'elle se penche sur la question du mariage, de l'héritage, du soin ou de la disparition, Ymane Fakhir révèle des motifs dont la portée symbolique affleure. Ils portent en eux toute la puissance du don, toute la fragilité de la transmission.
Géraldine Bloch, 2017
Ymane Fakhir est une artiste en art visuel basée à Marseille, et la fondatrice de Daret. Elle s'intéresse à la construction et à la transmission des récits et des sources orales au Maroc. Elle observe et revisite leurs déploiements, pour interroger leur place dans l'imaginaire collectif de la société contemporaine.
Ces dernières années, elle a travaillé sur des courts-métrages et des installations, comme The Lion's Share (2017), qui examine la question de l'égalité d'accès à l'héritage entre les femmes et les hommes au Maroc, également présenté à l'Institut des Cultures d'Islam (2022) ou encore Le gouffre du Léopard (2020) sous la forme d'une lecture performée ainsi que la vidéo installation As we go along dans le cadre de manifesta 13 et Mécènes du sud à Marseille.
Plus récemment, elle a divisé son temps entre sa pratique artistique et la mise en place de Daret. Dans cette nouvelle mission, Ymane repense l'espace de résidence comme un espace sécurisant et un moment de transition pour les artistes, où ils peuvent explorer l'imaginaire marocain et façonner d'autres conditions de création.
La transmission comme moteur artistique, une interview de Ymane Fakhir, par Afrique In Visu, 2024
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