Growing in concrete est une installation vidéo réalisée en Chine, montrant la fascination que l'artiste a porté pendant son séjour à Jingdezhen, – une des capitales mondiales de la porcelaine – sur la transformation rapide du paysage urbain.

Beaucoup de terrains vagues en destruction et reconstruction parsèment la ville devenue intensément industrielle et où tout semble éphémère. Anna Tomaszewski a essayé de sentir la limite où l’entropie naturelle finit par rattraper les actions et le choix des hommes.

En découvrant une usine de porcelaine à l'abandon, énorme terrain vague, elle met en image cette tension du basculement, parmi des amas et une quantité considérable de porcelaine, de vases éparpillés au sol.
Cette instabilité où tout peut émerger d'une manière aléatoire, dans une usine où les choses étaient auparavant organisées et compartimentées, celles-ci sont aujourd'hui en suspens puis se développent aléatoirement ou indépendamment de la volonté humaine. Le chaos que l'humain a provoqué devient un chaos organique qui reprend le dessus, comme une plante qui finit par pousser dans le béton.

Growing in concrete témoigne d'une vie fictive que l'artiste a construit au fur et à mesure de ses déambulations, entre cadre serrés, en jouant sur les échelles et en perturbant le regard.

Des sculptures réalisées sur place avec l'aide et la collaboration des artisans de la ville, entrent en dialogue avec les objets manufacturés. On les voit s'implanter graduellement dans cet environnement, où les objets de l'usine, les plantes, ont repris possession du lieu, en créant une impression de nouvelle nature ou de nouveau monde.

À travers l’installation Growing in concrete, Anna Tomaszewski crée des liens entre deux territoires éloignés et où pourtant le milieu naturel joue un rôle primordial. Il y a d’un côté l’usine abandonnée de Jingdezhen - où l’organique a repris le dessus sur une friche industrielle, et à l’inverse l’homme créant et préservant un territoire artificiel propice au paysage - Vassivière.

Growing in concrete est constituée d’une projection vidéo et de rochers granitiques extraits de la forêt de Vassivière, parsemées de mousse de lichen, se mêlant à des mousses trempées et fossilisées dans de la porcelaine qui viennent s’immiscer et s’intégrer dans la roche. Les sculptures reprennent l’idée des plantes dites « spontanées » qui poussent dans le béton et qui s’adaptent aux milieux hostiles n’ayant pas besoin de terre pour germer, se nourrissant de l’eau de la pluie, très présente dans le phare.