Anna TOMASZEWSKI 

Vues de l'exposition Ma, exposition des lauréats Jeune Création 2014, en duo avec Simon Nicolas, Galerie de la Marine, Nice
 

Au fond :
Ma - Particules des ondes 2015
Photographie prise à la chambre au format 6 x 9 cm
Tirage sur papier-peint 300 x 580 cm
Anna Tomaszewski et Michel Coen
Post-production Eric Làon

 
Ma - Particules des ondes (inversion) 2015
Photographie numérique, 12 x 21,3 cm
 
 
Ma 2015
Polystyrène, enduit, plâtre, 100 x 40 x 250 cm
 
Ma 2015
Polystyrène, enduit, plâtre, 100 x 100 x 220
 
 
Ma 2015
Gravier, colle, peinture acrylique, 100 x 4 x 200 cm
 
Ma - Particules des ondes 2015
Détails, impression sur dos bleu
 
Ma - Particules d'un an 2015
Plomb, plâtre, 3 x 3 x 9,5 cm
 
Ma - Particules d'un an 2015
Plomb, plâtre, 3 x 3 x 9,5 cm
 
Ma 2015
Bois, verre, plexiglas, peinture acrylique, 10 x 15 x 25 cm
 

« Ma » est un terme et un concept japonais qui signifie « intervalle », « espace », « durée », « distance ». Il est symbolisé par un soleil entouré par une porte, et fait référence aux variations subjectives du vide - silence, espace, durée - qui relient deux objets, deux phénomènes séparés. Les notions de temps et d’espace sont unies dans ce même concept.
En partant d’un trou dans son atelier, Anna Tomaszewski a imaginé une micro installation qui a ensuite été transposée dans l’espace de la galerie.
Dans l’espacement entre la photographie et la sculpture se joue une tension matérielle, de nature presque quantique, entre les variations d ‘échelles et de temps, entre espace réel et espace fictif, pour que s’ouvre un espace mental et perceptif propice au concept de simultanéité.

« Distance existant naturellement entre deux ou plusieurs objets placés l’un à la suite de l’autre‚ l’intervalle‚ espace ou vide entre deux éléments‚ ou encore actions successives ; intervalle‚ temps de pause existant entre deux ou plusieurs phénomènes se déroulant l’un à la suite de l’autre [1]. »

« Si nous sommes à peu près familiarisés‚ avec les idées de temps et d’espace‚ le Japon‚ lui‚ ne semble pas pratiquer cette distinction. Ce qu’ il sent‚ ce qu’il exprime‚ c’est quelque chose de commun à l’espace et au temps ; toute relation‚ toute séparation entre deux instants‚ deux lieux‚ deux états : Ma [2]. »

« Dans les pavillons de thés‚ on fait tout pour éviter de donner le sentiment que les piliers supportent du poids ou s’élancent vers le ciel‚ on fait en sorte qu’ils apparaissent légers‚ extrêmement légers‚ comme s’ils flottaient dans l’air. Mais cette légereté a quelque chose de terriblement tendu.

 

Elle donne l’impression de vouloir se maintenir à tout prix à l’endroit où elle se trouve‚ un endroit inamovible‚ qui ne peut être nulle part ailleurs ni devant ni derrière‚ au sein d’un ordre donné de l’univers. La notion de ma que les artistes utilisent fréquemment en japonais‚ ce ma qui s’emploie à la fois pour le temps et l’espace et qu’on trouve dans maai‚ ma ga au‚ ma ga nukeru‚ ma ni hamaru‚ ma ga nobiru‚ ma ga chijimu. Le temps dans l’art japonais est précisément celui du ma. Alors qu’on pense généralement le temps comme quelque chose qui s’écoule de manière continue tel un fil‚ il est en l’occurrence coupé et donne à sentir que le moi véritable est mouvant et se renouvelle. Le temps écoulé stagne s’il poursuit sa route sans entrave. Alors que quand il est interrompu‚ purifié et appelé à renaître‚ il est vraiment vivant. Ce qu’on appelle le ma est ce laps de temps‚ cette coupure‚ cet écho au cours duquel on se rappelle qu’on est en vie. » [3].

1. Cf. Isozaki Arata‚ La notion d’espace temps au Japon‚ trad. C. Polak‚ MA Espacetemps du Japon‚ Paris‚ Musée des Arts décoratifs‚ 1978 (non pagin.).
2. Roland Barthes‚ L’intervalle‚ Le Nouvel Observateur‚ 23 octobre 1978 ; Œuvres complètes‚ vol. V‚ Paris‚ Seuil‚ 1995‚ pp. 475-476.
3. Nakai Masakazu‚ Bigaku nyumon (Introduction à l’esthétique)‚ Tokyo‚ Iwanami shoten‚ 1951‚ ; Nakai Masakazu zenshu (Œuvres complètes de Nakai Masakazu .‚ plus loin NMZ)‚ vol. III‚ Tokyo‚ Bijutsu shuppansha‚ 1981‚ pp. 35-36.

« Ma » est un terme et un concept japonais qui signifie « intervalle », « espace », « durée », « distance ». Il est symbolisé par un soleil entouré par une porte, et fait référence aux variations subjectives du vide - silence, espace, durée - qui relient deux objets, deux phénomènes séparés. Les notions de temps et d’espace sont unies dans ce même concept.
En partant d’un trou dans son atelier, Anna Tomaszewski a imaginé une micro installation qui a ensuite été transposée dans l’espace de la galerie.
Dans l’espacement entre la photographie et la sculpture se joue une tension matérielle, de nature presque quantique, entre les variations d ‘échelles et de temps, entre espace réel et espace fictif, pour que s’ouvre un espace mental et perceptif propice au concept de simultanéité.

« Distance existant naturellement entre deux ou plusieurs objets placés l’un à la suite de l’autre‚ l’intervalle‚ espace ou vide entre deux éléments‚ ou encore actions successives ; intervalle‚ temps de pause existant entre deux ou plusieurs phénomènes se déroulant l’un à la suite de l’autre [1]. »

« Si nous sommes à peu près familiarisés‚ avec les idées de temps et d’espace‚ le Japon‚ lui‚ ne semble pas pratiquer cette distinction. Ce qu’ il sent‚ ce qu’il exprime‚ c’est quelque chose de commun à l’espace et au temps ; toute relation‚ toute séparation entre deux instants‚ deux lieux‚ deux états : Ma [2]. »

« Dans les pavillons de thés‚ on fait tout pour éviter de donner le sentiment que les piliers supportent du poids ou s’élancent vers le ciel‚ on fait en sorte qu’ils apparaissent légers‚ extrêmement légers‚ comme s’ils flottaient dans l’air. Mais cette légereté a quelque chose de terriblement tendu. Elle donne l’impression de vouloir se maintenir à tout prix à l’endroit où elle se trouve‚ un endroit inamovible‚ qui ne peut être nulle part ailleurs ni devant ni derrière‚ au sein d’un ordre donné de l’univers. La notion de ma que les artistes utilisent fréquemment en japonais‚ ce ma qui s’emploie à la fois pour le temps et l’espace et qu’on trouve dans maai‚ ma ga au‚ ma ga nukeru‚ ma ni hamaru‚ ma ga nobiru‚ ma ga chijimu. Le temps dans l’art japonais est précisément celui du ma. Alors qu’on pense généralement le temps comme quelque chose qui s’écoule de manière continue tel un fil‚ il est en l’occurrence coupé et donne à sentir que le moi véritable est mouvant et se renouvelle. Le temps écoulé stagne s’il poursuit sa route sans entrave. Alors que quand il est interrompu‚ purifié et appelé à renaître‚ il est vraiment vivant. Ce qu’on appelle le ma est ce laps de temps‚ cette coupure‚ cet écho au cours duquel on se rappelle qu’on est en vie. » [3].

1. Cf. Isozaki Arata‚ La notion d’espace temps au Japon‚ trad. C. Polak‚ MA Espacetemps du Japon‚ Paris‚ Musée des Arts décoratifs‚ 1978 (non pagin.).
2. Roland Barthes‚ L’intervalle‚ Le Nouvel Observateur‚ 23 octobre 1978 ; Œuvres complètes‚ vol. V‚ Paris‚ Seuil‚ 1995‚ pp. 475-476.
3. Nakai Masakazu‚ Bigaku nyumon (Introduction à l’esthétique)‚ Tokyo‚ Iwanami shoten‚ 1951‚ ; Nakai Masakazu zenshu (Œuvres complètes de Nakai Masakazu .‚ plus loin NMZ)‚ vol. III‚ Tokyo‚ Bijutsu shuppansha‚ 1981‚ pp. 35-36.

 
Retour