Catherine MELIN 

Des images restantes

Des images qui remontent à la surface ; de celles qui se fixent dans notre mémoire et resurgissent comme des évidences, sans effort de souvenir. Des images restantes, avec en elles de l’essentiel, une sorte d’élémentarité atemporelle. Prélevées au cours de traversées dans le champ du réel et ré assemblées sans jamais retrouver leur berceau d’origine, elles recomposent des paysages sans territoires, foulés par des corps en tension. Des structures du bâti viennent se poser en repères dans des étendues sans limites. L’horizon semble avoir été fendu puis étiré à l’infini, comme pour donner lieu à une nouvelle dimension, non pas au sens d’une mesure de l’espace mais plutôt d’un accroissement de sa qualité et d’un ordonnancement nouveau ménageant une place à de singuliers cheminements.

Chaque construction émerge tel un îlot solitaire et décline un moded’habiter en marge d’une architecture fonctionnelle. Détourés et détournés en autant d’archétypes de l’abri, les bâtiments aux formes simples, conçus
entre tracés et vides, se font supports de projections. Menée tout entière par des lignes et des trouées, la circulation se fait au rythme de la matière. Fluide lorsqu’elle se faufile et se dilue dans la poussière noire
du bois consumé ; canalisée et happée par les strates denses des images en mouvement. Les espaces sont investis de lignes et de fils reconnaissables qui pourtant ont perdu leur attribut de vecteurs. Sectionnés puis réorganisés ils deviennent cordes tendues et suspendues, sillons à parcourir et à creuser, quadrillages et feuilletés toujours entr’ouverts laissant voir non ce qu’il y a derrière, mais qu’il y a un avant et un arrière. Souples et solides à la fois, étroitement entrelacées ou désunies, ces lignes, comme des portées libres, donnent à jouer et à rejouer des partitions variées à la mesure du corps. Prolongements des bras en outils de précision pour une lutte chorégraphiée ou des figures en vol. Graduations ramenant un espace trop grand à l’échelle du vivant. Cadres hors contexte pour des véhicules immobiles et des cabanes à transporter. Bases d’appui pour des corps élastiques qui se plient et se déplient, se déploient sans contraintes en gymnastes du dehors.
Quand l’architecture se fait armature, et le corps silhouette et stature, le parcours s’affranchit de l’autorité du bâti. Il s’inscrit dans un décor minimal sans fondations, ponctué de fragments aérés et aériens ouverts sur de petits mondes en résistance.

Célia Charvet


Vues de l'exposition "(...)artifice", Le 19 Crac, Montbéliard
Dessins muraux (fusain), vidéo, autocollants photographiques, panneaux découpés, projecteurs (mandarines)










A gauche :

Sans titre (mur) 2006
Vidéo, 2'10, en boucle
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Artifice 2006?
Vidéo, 2'10" en boucle
Voir des captures de séquence

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