Jean DUPUY 

Après douze années de recherches picturales dans une délicieuse odeur de térébenthine, j’ai découvert finalement la peinture abstraite et lyrique ; une voie ouverte par Mathieu et Degottex dans laquelle j’ai cru trouver ma place. C’est en Espagne (1957) que j’ai fait mes premières expériences réussies de peintures gestuelles. Sur de grandes feuilles blanches posées par terre, j’ai projeté spontanément des giclées de traits et de tâches que j’ai laissées telles quelles. Ce fut une ouverture, une sensation de fraîcheur, une révélation : la vitesse dans l’exécution de la peinture, l’interdiction de repentirs et le hasard. Mais quelle conjoncture ! J’ai réussi à faire ainsi, une collection d’une centaine – et même beaucoup plus – de peintures sur papier et d’une bonne trentaine de peintures sur toile grand format. Mais ne parlons pas des milliers de peintures ratées. Je dis bien ratées, et comme trop, c’est trop, j’ai arrêté de peindre. Voilà. Toutefois, avant de prendre cette décision, j’ai fait une dernière expérience. J’ai agrandi mécaniquement une petite peinture gestuelle, format A4 et l’ai reproduite « parfaitement » sur une toile de 250 x 140 cm. Autrement dit, en faisant un tel trompe-l’oeil, je me suis renié en effaçant huit années de peintures gestuelles. J’ai ainsi fait une dizaine de toiles trompe-l’oeil (surprenantes, peut-être) avant de tout oublier pour aller découvrir d’autres horizons.

Extrait de l'entretien avec Éric Mangion paru dans le catalogue de l'exposition À la bonne heure, Semiose éditions / Villa Tamaris Centre d'Art / Villa Arson Nice, 2008

N° 66 1965
Acrylique sur toile, 114 x 195 cm

N° 68 1965
Acrylique sur toile, 190 x 140 cm

N° 72 1965
Acrylique sur toile, 200 x 140 cm

N° 74 1965
Acrylique sur toile, 200 x 140 cm

N° 75 1965
Acrylique sur toile, 162 x 120 cm
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