Martine DERAIN 

Manifesta 13 Marseille, biennale européenne de création contemporaine

Deux temps de création, une première exposition dans le cadre du Tiers Programme, programme éducatif et de médiation de la biennale et de son cycle Archives Invisibles, construit autour d’archives collectées et issues de la collaboration entre artistes et structures citoyennes des quartiers de Marseille. Et une invitation des curateurs (conseillés par l’équipe du Tiers Programme) de l’exposition centrale Traits d’union.s, à « extraire » plusieurs formes de cette première exposition pour une mise en jeu au Musée Grobet-Labadié (août-octobre), chapitre La Maison…
 
 
 
Archives invisibles #5, juillet-août 2020 :
Par ses habitants même / Un Centre-Ville Pour Tous, premières années, 2000-2010
https://manifesta13.org/fr/tiers-programme-manifesta/
https://archivesinvisiblesmarseille.org/evenement/un-centre-ville-pour-tous/

Un Centre-Ville Pour Tous est créée en novembre 2000. L’association dénonce l’illégalité de méthodes, mises en œuvre dans le cadre de la transformation du centre-ville de Marseille, qui affectent particulièrement les retraités maghrébins habitant les hôtels meublés de Belsunce. A leur côté, comme avec les habitants de la rue de la République, l’association agira pour une réhabilitation au bénéfice de tous, anciens et nouveaux habitants de Marseille.
Elle est riche de fortes compétences en droit et en urbanisme et produit un vaste corpus de documents : analyses urbaines, études et collaborations avec des chercheurs, propositions, pétitions, enquêtes... J’en fus membre active de 2003 à 2011.
Pour cette exposition rythmée de rencontres publiques, j’ai proposé de plonger dans l'histoire de ces actions et de la pensée qui les animaient en faisant résonner diverses « couches » de documents : analyses internes de la situation du logement à Marseille, jugements et jurisprudences, photographies et articles de presse – j’ai redécouvert et numérisé mes propres enregistrements vidéo réalisés à Belsunce, Noailles (dont une visite de 2003 captée par Dalila Mahdjoub) et Rue de la République.
 
Voir aussi…
 
La Visite de Noailles, 7 juin 2003
Par Un Centre-Ville Pour Tous et le Collectif Noailles Ombres et lumières
Où l’on parle : de logement digne, de spéculation, d’insalubrité, du courage des habitants et d’une réhabilitation pour tous !
Avec Michel Guillon, Damien Brochier, Nouredine Abouakil, Daniel Carrière, Patrick Lacoste, Alain Fourest, Dalila Ouanes, Dominique Idir, Simon Imbert-Vier...
Image : Dalila Mahdjoub
 
Vidéo Hôtel Mascotte, Mai 2005
Relogement des habitants d’un hôtel meublé effectué par la Ville de Marseille avec l’accompagnement de Nouredine Abouakil.
Image : Martine Derain
 
Voir aussi www.editionscommune.org
 
 
 
Traits d’union.s, août-octobre 2020 :
https://manifesta13.org/fr/programmings/la-maison-loyers-experiences-lieux/
https://manifesta13.org/fr/participants/martine-derain/
 
Là, je me suis glissée sur les murs et les tables du musée Grobet-Labadié avec quelques images et objets…
Alexandre Labadié, pour qui cet hôtel particulier fut construit en 1873, était un « riche industriel et négociant, préfet des Bouches-du-Rhône, président du Conseil général et député », disent les notices touristiques, qui oublient de dire qu’il fut un farouche opposant à l’Empereur Napoléon III et un authentique républicain et, ce qui lui vaut une fiche dans Le Maitron, le fameux dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français – défenseur des condamnés à mort de la Commune de Marseille.
Nul doute qu’il aurait été heureux de me voir inviter chez lui aujourd’hui le peuple de la rue de la République, autrefois impériale, et celui de Belsunce. Peuples combattants, refusant de se faire expulser lors du rachat de leurs appartements par un fonds d’investissement américain, ou par quelque « marchand de sommeil » encouragé par une politique urbaine peu soucieuse de justice.
Sur les murs de cette demeure bourgeoise, au milieu des portraits de famille – les portraits ne représentent-ils pas toujours une intériorité ? – s’immiscent quelques « portraits », des intérieurs également, ceux des logements des habitants de la rue de la République… Intérieurs vides, disparu le peuple, échappant à sa représentation… Dans le bureau, quelques images et objets, traces du passage des travailleurs venus d’Algérie ou du Maroc : un article de presse, où l’on voit le Ministère du Travail, baraque en bois installée au pied du Fort Saint-Jean dans les années 50, qui enregistrait les travailleurs à leur arrivée en France… Des photographies de Grégoire Keussayan, qui photographiait ces hommes dans son studio de la porte d’Aix et envoyait les portraits à la famille restée au pays… Une manifestation où en 2006 encore, les travailleurs devenus vieux devaient lutter pour leurs droits… Lutter pour un coin du monde, une maison pour abriter ses peurs et ses rêves…
 
Vues de l'exposition
Photographies Jean-Christophe Lett
Poterie : Cadeau d’une habitante de l’hôtel meublé Mascotte, lors de son relogement en 2004 - glissée sur la table de la salle à manger.
Poterie de Sejnane, Tunisie. Argile, dessin à l’ocre rouge et feuilles de lentisque. Les savoir-faire millénaires des potières de Sejnane sont inscrits depuis 2018 au patrimoine immatériel de l’humanité (Unesco)
Photographie A. Barlatier
 
Manifestation du 9 mars 2006 / CVPT
Images : Martine Derain
Devant l’Hôtel des Impôts, Place Sadi Carnot, Marseille
Où l’on parle de ce que l’Etat continue d’infliger aux vieux travailleurs venus reconstruire la France après la deuxième guerre : cibler les gens vivant en meublés : les supprimer du rôle des Impôts et ce faisant, supprimer l’allocation logement et la CMU... Avec toujours l’espoir de les voir « rentrer chez eux ».
Avec les vieux travailleurs de Belsunce, les habitants de la rue de la République, Nouredine Abouakil, Jean-Paul Nostriano et Philippe San Marco.
 
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