Anna BYSKOV 

« M'AUTO-BUTER »
Dans mon travail de vidéo, je recherche la notion d'échec en exploitant, souvent par un procédé laborieux, la difficulté de persévérer, l'acharnement et la répétition du geste. Je définirai mon travail en utilisant l'expression «je m'auto bute» car je développe et j'incarne souvent des personnages différents qui rencontre souvent des difficulties perpétuelles. Dans mes vidéos, je développe les mécanismes du toucher, du faire ou de la parole qui représente un ensemble de gestes qui mènent à l'échec. L'échec se crée à travers le personnage, dans son rapport avec les éléments scénographiques qui l'entourent. Les actions mises en scenes dans mes vidéos prennent souvent la forme des gestes simples voire anodins que je répète pour atteindre une accumulation. Je tente de détourner le « presque rien » par un élément perturbateur qui suscite un sentiment de frustration. De plus, des outils tel un accessoire, une gestuelle ou encore un élément langagier sont exploités de manière à détourner le but d'une action et ainsi la faire chuter. En m'utilisant moi-même pour interpréter des rôles, je me confronte à la dureté et la persévérance de la relation entre auteur/réalisateur/acteur. En étant le dominant/dominé sur soi-même, j'évite d'imposer mon exigence sur quelqu'un d'autre et du coup, je me subis moi-même. Ce processus de création me permet de manipuler cette confrontation et obtenir une perfection de l'échec car «je m'auto-bute». Ce côté torturé facilite mon interprétation et me permet de jouer une multitude de personnalités stéréotypées qui reflètent, finalement, les diverses facettes d'une même personne. Ainsi, «s'auto- buter» est une auto-dérision entre le personnage maladroit que j'incarne et l'acharnement à vouloir réussir. Ce procédé de gestes simples voire quotidiens devient au fur et à mesure absurde. En effet, dans mon travail de video et d'interprétation, je veux créer un monde de contradictions et d'oppositions. Je souhaite détourner un geste quotidien et des situations banales en une action qui transcrit plusieurs réactions et ressentis. Je veux confronter l'action avec le sérieux et l'humour, la patience et la frustration, ainsi que l'ironie et la naïveté. Le fait d'utiliser tous ces facteurs ensemble enclenche souvent une situation burlesque, absurde et tragique. Enfin, je tente de faire du sens quand il n'y en a pas et de me perdre dans le sens quand il y en a.
«Mon travail est presque «foiré», car j'aime être entre la réussite et le clapse !»


« KICKING MY OWN ASS »
In my work with video, I explore the notion of failure by exploiting (often through a labour- intensive process) the difficulty of pervasive chaos and the repetition of gesture. I would define my work by using the expression “kicking my own ass”; I develop and portray different characters as they encounter perpetual difficulties. Throughout my pieces, I develop the mechanics of touch, action, or language which represent together gestures that lead to failure. The failure is created through the character, in his relations with the scenery surrounding him. The actions portrayed in my videos often take the shape of simple and sometimes banal movements which I repeat to reach a point of saturation. I attempt to alter the “almost nothing” by a perturbing element which provokes a feeling of frustration. In addition, tools such as an accessory, a gesture, or an ordinary element are exploited in a way so as to alter an action and thus make it fail. By using my own self to interpret roles, I am lead to confront the harshness of the relationship between author, producer, and actor. In being both dominating and submissive, I avoid imposing my own standards upon someone else, and therefore bear the brunt myself. This creative process allows me to manipulate these confrontations and achieve the perfection of failure as I “kick my own ass”. This tortured side eases my interpretations and allows me to play a multitude of stereotypical characters which reflect the many facets of the same person. Thus, “kicking my own ass” represents a conflict between the clumsy person that I portray and the ultimate goal of success. The process of simple and ordinary gestures eventually becomes absurd. In my work with video and interpretations, I wish to create a world of contradictions and conflict. I try to turn an ordinary gesture and banal situations into an action that elicits numerous different feelings and opinions. I want to confront the serious with humour, patience with frustration, and irony with naïveté. The fact of using all of these factors simultaneously often provokes a situation reminiscent of the burlesque, the absurd, and the tragic. Finally, I attempt to make sense of situations that have none, and to lose myself in sense when there is some.
« My work is almost ‘screwed', as I like being between success and utter failure! »

La culotte 2010
Vidéo numérique, 03:00

 
La Piscine 2010
Vidéo numérique, 07:50

Antonia Bellivetti
de Nathalie Quintane
« Sauts dans l’eau : (...) on grimpe sur le petit plongeoir on saute on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
(...)
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
on grimpe sur le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
On grimpe sur le petit plongeoir on saut on sort.
On grimpe sur le petit plongeoir on saut on sort.
On grimpe sur le petit plongeoir on saut on sort.
On grimpe sur le petit plongeoir on saut on sort.
On grimpe sur le petit plongeoir on saut on sort.
On grimpe sur le petit plongeoir on saut on sort.
On grimpe sur le petit plongeoir on saut on sort.
On remonte grimpe le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
On remonte grimpe le petit plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
(...)
On grimpe sur le grand plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
On grimpe sur le grand plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
On grimpe sur le grand plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
On grimpe sur le grand plongeoir on saute on remonte son slip on sort.
On grimpe sur le grand plongeoir on saute on remonte son slip on sort.

 
BUMP 2009
Vidéo numérique, 04:55

Dans une forêt, un personnage portant un casque de hockey fonce brutalement dans des troncs d’arbres. Le calme de la forêt, la douceur de la musique et la lenteur des images est confrontée avec la violence et la brutalité de l’action pour créer une ambiance ambiguë entre la sérénité et le suicide. Après multiples reprises, le personnage perd son équilibre et sa force physique pour aboutir à une fin tragique où l’acharnement cesse par sa chute non-surmontable: L’obstination de rater sa vie est complètement accomplie.
« Principe n°27 : Précipitez-vous et soyez péremptoire : Ne doutez jamais. Précipitez-vous, foncez dans tous les panneaux tête baissée, sans répit, sans recul.» «Comment complètement rater sa vie en onze leçons», Dominique Noguez

Deep in the forest, a hockey helmet-wearing character rushes headlong into tree trunks. The tranquillity of the forest, the calm of the music, and the languidness of the images are confronted with the violence and brutality of the action, creating a dichotomy between serenity and suicide. After many hits, the character loses her balance and her strength, reaching a tragic end where her fall finishes the attack upon herself. The character’s obstinate wish to fail in life has been accomplished.
« Principle n°27: Hurry yourself and be peremptory: Never doubt. Hurry, rush into all panels with your head down, without respite, without retreat. » « How to completely fail your life in eleven lessons»
Dominique Noguez

 
La butte 2008
Vidéo numérique, 03:45

Dans La Butte, on voit une figure qui tente de monter une pente glissante comme la métaphore d’un but ultime à atteindre. Toutefois, lorsque, après de persistantes tentatives, le personnage semble enfin atteindre le sommet, il abandonne sa quête puis se laisse redescendre dans un geste lâche. « Se butter pour atteindre son but et finir en chute. » Petit clin d’oeil : La mise en scène dans «La Butte» est un toboggan qui est situé dans une cité (Meyrin) en dehors de Genève, près de l’aéroport. Ce toboggan, qui à une allure assez énigmatique, a été construit sur une énorme butte artificielle qui finit pratiquement sur une grande route. Avec le temps, et la conscience du danger, la ville a construit des filets autour du toboggan pour qu’on ne se fasse pas éjecter sur la route. Historiquement ce lieu était un terrain vague, la ville de Meyrin a décidé de construire une butte pour obstruer les sons des avions qui passent au-dessus de la cité. Pour construire cette butte, la ville a rassemblé tous les débris restés après la construction de l’aéroport pour bétonner et pour ensuite la transformer en toboggan.

In La Butte, we find a character attempting to climb a slippery slope, expressing the idea of an ultimate goal to achieve. However, after many attempts, when the figure seems about to reach the apex, she abandons the quest and lets herself fall in a supreme expression of lethargy. « Busting your ass to achieve your goal and ending up in a fall » Insider’s Note: The production of « La Butte » used a toboggan slide found in a town called Meyrin, outside of Geneva, near the airport. This enigmatic and appealing slide was built on an enormous artificial butte that ends almost reaching a main road. After some time, and realising the danger, the town erected nets around the slide so that people would not be ejected onto the road. On a more historic note, the town of Meyrin decided to build this butte to obstruct the sound of planes passing overhead. To build the butte, the town collected all of the debris left after the construction of the airport and poured cement over the top to turn it into a toboggan slide.
 
L’escalier 2007
Vidéo numérique, 00:45

L’Escalier est une vidéo qui met en scène le rapport entre l’artiste et l’objet. L’action est vouée à l’échec car l’objet est infonctionnel. Ainsi, l’artiste malgré la répétition n’atteint pas le sommet.
«J’essaie finalement d’atteindre pas grand chose... Enfin, oui...Un petit sommet !»

L’Escalier is a video expressing the relationship between artist and object. The action is doomed to fail as the object is not functional. Thus, despite repeated efforts, the artist cannot reach the peak.
« Ultimately, I don’t try to reach much... Well, no... A little peak.

 
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