Hélène BERTIN 

Vues de l'exposition Couper le vent en trois, Palais de Tokyo, 2022
Alcôve 2, L'Ivresse de la comète
Hélène Bertin & César Chevalier
Commissariat Adélaïde Blanc
Photographies Aurélien Mole
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

L'Ivresse de la comète

Hélène Bertin et César Chevalier poursuivent un compagnonnage vinicole et artistique initié il y a plusieurs années. Ensemble, ils produisent du vin pour la deuxième fois, des vendanges à la fermentation, de l’élevage à la mise en bouteille. Plus qu’une expérimentation, cette élaboration est pour eux l’espace d’un faire collectif. En 2021, ils déroulent dans un livre cousu main le fil d’une conversation en sept appels téléphoniques avec Jacques Néauport. Figure singulière du paysage viticole, celui-ci contribua au retour du vin nature en France. Il partage dans cet échange savoureux mené par les deux artistes ses aventures de vinification, transmettant sa connaissance des terroirs, sa science vivante des micro-organismes héritée du scientifique et négociant Jules Chauvet, son sens aigu de l’observation et de l’amitié. Édité à l’occasion de l’exposition dans une version augmentée d’une riche iconographie, le livre est, au même titre que les cuvées de 2021, au fondement de la quête d’Hélène Bertin et de César Chevalier d’une pratique connectée et rassembleuse.

Leur approche du vin s'est construite à travers les processus, les gestes et les êtres qui le composent. Ils questionnent ces pratiques et savoirs auprès de pépiniéristes, de greffeur·euses, de viticulteur·rices, de vigneron·nes, de tonnelier·es, de foudrier·es, de céramistes, de souffleur·euses de verre et d’agronomes, et deviennent les passeurs parmi d’autres d’une vision holistique du vin. Dans l’installation sont assemblés des récits et des outils fonctionnels (pressoir, cuve, tonneau, amphores) aux qualités formelles réinvesties par un travail de sculpture. Des agrandissements de levures, des pierres et un fil de cuivre enveloppant l’espace établissent des rapports de réciprocité entre les instruments de labeur, des croyances plus confidentielles sur la circulation des fluides et des énergies, et les micro-organismes qui transforment le jus de raisin en vin. Loin d’être figés dans une portée didactique, les sculptures, le vin et le texte ici présentés évolueront dans l’élaboration d’autres breuvages.

Adélaïde Blanc

 
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