Hélène BERTIN 

Valentine Schlegel : je dors, je travaille, 2017
Edition les presses du réel
Design graphique Charles Mazé & Coline Sunier
 
 
 
 
 

Une Tresse Méditerranéenne ; Un brin de d’argile, un brin de plâtre & un brin d’eau salée

Valentine Schlegel émane d’une ville de pêcheurs en bord de Méditerranée. Baignant dans la culture locale, elle cabote, porte les habits de marin, cuisine à la sétoise, cueille les plantes aromatiques et glane les outils anciens.

Elle se forge aux éclaireuses puis à l’école des Beaux-Arts où elle se consacre au dessin et la peinture. Quittant l’école, comme une entrée dans la matière, elle abandonne la peinture pour une pratique sculpturale. Elle s’établit à Paris et débute la céramique, un choix sacrificiel pour ce médium boudé par l’époque.
Inséparable de son paysage natal, elle amarre chaque été à Sète et emporte ses sensations dans sa sacoche en cuir fabriquée par ses soins pour ses retours à Paris.

Dans le quatorzième arrondissement, auquel elle restera fidèle, elle débute la céramique avec Frédérique Bourget. Toutes les deux modèlent une céramique culinaire avec des décors s’inspirant de motifs antiques. Valentine peint l’été pour le festival en Avignon et orne leur atelier de quelques objets qu’elle conçoit pour les scénographies. Lorsque Frédérique quitte Paris, Valentine prolonge l’expérience du binôme avec sa sœur Andrée Vilar. Sa sœur peint sur ses céramiques une flore ou une faune au tracé franc et aux aplats noirs. Valentine développe sa patte et ne cherche plus dans le décor ses sources méditerranéennes mais dans la forme même de l’objet. L’assiette est un coquillage ou un galet, elle fabrique des gargoulettes, un objet devenu obsolète depuis l’arrivée du réfrigérateur, des objets de santonnerie, une pratique provençale.

Après cette approche collaborative Valentine choisit la fleur comme alibi pour définir un champ de recherche : faire des sculptures pour des fleurs. Elle fait maintenant cavalière seule et réalise des grands vases sensuels variant de la taille d’une main, d’un bras ou d’un torse. Les lignes de ses vases semblent grandir comme les végétaux qu’elle regarde pousser dans son jardin à Sète. Les teintes bicolores des vases semblent légèrement burinées ; cette surface, comme l’ écorce d’agrume, habille la céramique qui s’avère vivante.

Cette capacité à réaliser des œuvres vivantes, se piste dans les cheminées de plâtre qu’elle construit ensuite. Ces excroissances de murs blancs s’étirent comme de longs bras, de grandes paumes sur lesquels on peut poser un vase, un livre, ranger du bois ou s’asseoir près du feu. L’ambiance fraîche et solaire se diffuse par les cheminées pour créer un paysage paisible et serein. Les sculptures de Valentine face à nos corps courbes semblent se réunir comme un puzzle.



En français / anglais
18,5 x 27,3 cm
224 pages
35€

https://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=5880&menu=0

 
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