Brigitte BAUER 

Seoul Flowers and Tress 2018
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Seoul Flowers and Tress 51 2018

It was april and cherry blossom time was just over,
but suddenly in the streets and among the buildings,
I felt so attracted by places with flowers and with trees
and from Seoul my mind swifted
to one of my most favorite photobooks ever.



Entretien avec Fabien Ribery

- Quel était le but premier de votre voyage en Corée ? Etait-il circonscrit à la ville de Séoul ?

Je me suis rendue en Corée du Sud pour réaliser des portraits de quelques-uns de mes anciens étudiants, dans le cadre d’un projet en cours depuis 2016 et que je devrais pouvoir terminer courant 2019. En dehors de Seoul et Ilsan, une ville en proche banlieue, je me suis rendu à Masan, plus au sud. Un voyage court, avec un but précis donc, et du non prévu, les photographies de fleurs et d’arbres devenues ce livre.

- Dans la ville de l’hypervisible et de la démesure technologique, les arbres et les fleurs que vous avez photographiés ont-ils pu constituer pour vous un double espace de réconfort et de merveille ?

Dans mon rapport aux très grandes villes il y a quelque chose de contradictoire : je suis fascinée par la démesure des espaces et de l’architecture des très grandes villes, j’aime l’anonymat total qu’elles procurent, et me perdre là où je n’ai plus de repères, qu’ils soient spatiaux, visuels, sonores ou linguistiques. Et en même temps, dans toutes ces mégalopoles, que ce soit au Caire, à Pékin ou comme ici à Seoul, je suis inévitablement et très vite attirée par les espaces verts dans un sens très large, parcs, jardins public, tout endroit contenant du végétal en fait. Mes origines campagnardes peut-être ? Ces espaces me sont nécessaires en tout cas, c’est à partir d’eux que j’aborde la ville, par ses respirations. C’est ainsi que trois endroits en particulier ont tout de suite attirée mon attention à Seoul : une grande et très longue passerelle au-dessus de la gare centrale, un cours d’eau bordé de promenades, en plein centre-ville, et enfin les espaces agricoles en banlieue, au milieu des immeubles et centres commerciaux, à proximité de l’endroit où j’étais logée.
C’est sur la passerelle plantée que je me suis surprise à photographier de manière quasi compulsive, à plonger dans un pur bonheur visuel, comme celui qu’il m’arrive de ressentir en regardant certaines photographies de Lee Friedlander, - et c’est à ce moment-là que l’idée de l’hommage à Flowers and Trees a surgi, s’est imposée même.

- Quels livres aviez-vous emportés dans vos bagages ? L’ouvrage de Michel Butor, Jardins de rue au Japon (éditions Notari, 2010) n’a-t-il pas pu vous inspirer ?

Je ne connais pas cet ouvrage de Michel Butor et vous me donnez envie de le lire ! J’avoue que, sans jamais encore être allée au Japon, j’ai beaucoup pensé à ce pays, à ce que j’en connais à travers le cinéma et la littérature. Dès l’arrivée où la première chose qui m’a frappé à l’aéroport était un étonnant arrangement de fleurs, un Ikebana géant si je peux le dire ainsi, dans le couloir menant au centre du terminal, et en sortant dans la rue, quelle joie de traverser une grande allée bordée de cerisiers encore en fleurs. Pour en revenir aux lectures de voyage, j’avais emporté Bitna, sous le soleil de Seoul, de JMG Le Clézio, et c’est aussi un peu à travers les histoires inventées par cette jeune fille, lectrice pour Salomé, une femme handicapée, que j’ai ensuite découvert la ville.

- Que représente pour vous Lee Friedlander, à qui vous rendez hommage par votre travail ? En 2012, Gilles Mora l’exposait à Montpellier dans Au bonheur des fleurs.

Pendant mes études à Arles, en y repensant, ce sont les influences américaines qui ont été les plus prégnantes (et pas du tout l’école allemande dont on essaie parfois de me rapprocher) : outre Lee Friedlander, j’ai beaucoup d’affinités avec les photographies de Robert Adams, et aussi avec les portraits de Diane Arbus , même si cela se perçoit moins directement dans mon propre travail.
Sans parler de filiation directe (dans le sens ou l’on utiliserait ce termine pour désigner des rapports de maître à élève), je dirais qu’il s’agit plutôt d’irrigation, d’imprégnation d’une façon de voir, du partage d’un même registre de sensibilité. Lee Friedlander construit des images qui paraissent, à la première vue, distantes voir laconiques, et qui, à y regarder de plus près, se révèlent pourtant très complexes, sans profondeur apparente mais d’une très grande densité visuelle. Engagées poiur certaines, ironiques pour d’autres, sublimes toujours.
J’ai commencé très à m’intéresser aux livres de photographies et j’ai toujours aimé me perdre dans les rayons de librairies spécialisées (il y en avait moins que maintenant, il y a une vingtaine d’années). Flowers and Trees a été l’un de mes premiers grands coups de coeur en termes d’édition, un des premiers livres de photographie que j’ai acheté, séduite autant par son contenu, 40 photographies de jardins, parcs, plantes, prises durant ses voyages au Japon, aux Etats-Unis, en Europe et au Mexique dans les années 70, que par sa forme, un livre imposant, d’un format assez grand, avec une reliure en spirale et couverture toilée d’un pourpre intense, qui s’accordent pourtant parfaitement avec la finesse des impressions en noir et blanc. Un livre qui m’est précieux et inspirateur, une vraie référence, un bonheur. Et je me sens heureuse de pouvoir lui rendre hommage aujourd’hui , en faisant entrer en résonance, de façon modeste, ces photographies couleur prises au smartphone à Seoul avec les siennes, argentiques et dans un noir et blanc sublime. Enfin, comme une part d’irrévérence me semblait nécessaire aussi, je me suis appropriée la couverture originale pour mon propre livre.

- Seoul, Flowers and trees est-il votre première expérience dans l’autoédition ? Etait-il nécessaire pour vous que ce livre paraisse vite, dans le prolongement naturel de votre séjour coréen ?

A plusieurs égards, Seoul, Flowers and trees… se situe à l’extrême opposé du précédent ouvrage, Haus Hof Land, qui avait une gestation longue, sur trois ans, et qui comporte des photographies prises sur une période de presque trente ans. Ici, tout s’est enchaîné très vite, je pourrais presque dire que ce livre m’est « apparu » . Au moment des prises de vues déjà, le livre a commencé à prendre forme dans ma tête, et c’est logique, s’agissant d’un livre conçu et pensé à partir d’un autre. Prises de vues au smartphone, un éditing pour arriver à 40 photographies, une mise en page très proche du livre de Friedlander, quelques ajustements et le tour était joué. A l’opposé donc d’un processus long de maturation progressive qui était nécessaire au livre précédent, j’étais ici dans une certaine urgence, et l’auto-édition m’a permis une rapidité et liberté que je ne connaissais pas auparavant.

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