Driss AROUSSI 

Sisyphe 2017-2018
12’47
Film à voir sur demande.

Au milieu du désert, un homme extrait des pierres de la montagne et les casse. Dans son labeur quotidien, il médite sur la vie et la mort…

 
  Sisyphe est dans l’exacte continuité de tout ce que Driss Aroussi a travaillé auparavant, traversant dans le désordre et sur des plans hétérogènes la mémoire des travailleurs immigrés, leurs outils, l’imbrication des matières de l’image et de leurs techniques, et elle constitue en même temps la quintessence de son travail. C’est un prisme, mat, où les pierres parlent, mais elles ne parlent que depuis l’homme et sa vie. C’est un poème brut et d’une douceur incessante. Tout est noueux dans ce récit que font l’homme et le paysage immense, où ne se démêle pas le secret de cette vie. Des pierres, de l’homme, des animaux, fourmis et cheval, fossiles des animaux de la mer qui précède le désert. Ce film fait retour sur lui-même en passant par le détour du monde et nous y sommes la boucle de ce temps ni.
Paul-Emmanuel Odin
 
Voir aussi le site Lunettes rouges - Marc Lenot
 
 

2017
Photographies, formats variables

 
Vue de l'exposition 143 rue du désert, avec Hassen Ferani & Dalila Mahjoub, La Compagnie, Printemps de L'art à Marseille, commissaire Paul-Emmanuel Odin, 2019
 
La cour des mirages
Passez les portes de la Compagnie, et tout peut arriver : déguster un gâteau au pavot, croiser Oussama qui semble sortir des films présentés dans l’exposition, s’énamourer de Malika ou d’un anti-héros perdu au beau milieu du désert une masse à la main…

 
Pour l’immanquable 143 rue du désert, Paul-Emmanuel Odin a réuni trois artistes vivant et travaillant à Marseille : Driss Aroussi, Hassen Ferhani et Dalila Mahdjoub.
Le 143 rue du désert n’existe pas, mais c’est l’adresse à laquelle vous trouverez le café pour chauffeurs routiers de Malika. Malika vit ici, au milieu du désert, seule, et elle s’occupe depuis toujours de ces voyageurs du travail qui cheminent par chez elle pour faire une halte au milieu de nulle part. À travers deux films et un diaporama, Hassen Ferhani campe le décor et l’ambiance de cette existence où se mélangent l’absurde et l’essentiel, au milieu des objets bariolés qui entourent la charismatique Malika et des nappes cirées qui colorent cet univers hors du temps…
C’est aussi au milieu du désert que Driss Aroussi filme son oncle, personnage mythologique d’une contemporanéité acquise à d’autres réalités. Driss Aroussi assimile son oncle casseur de pierre à Sisyphe ; il en fait le personnage maudit par les dieux et condamné à ramener chaque jour son rocher en haut d’une montagne. Punition éternelle pour avoir fait preuve d’irrévérence envers les puissants. On se demande à quel outrage s’est adonné cet homme, de la bouche duquel s’échappent les mots d’un poète… Figure de l’absurde tout autant que miracle du soleil qui se lève tous les matins pour disparaître le soir, l’œuvre de Driss Aroussi est une très belle ode au sens de la vie…
Qui mieux que Paul-Emmanuel Odin pour se confronter à la réalité d’un territoire et d’une histoire que beaucoup voudraient ne pas voir ? Ne pas avoir à la regarder dans les yeux consisterait-il à faire taire les maux d’une société où nous sommes loin de naître libres et égaux en droits ? À Belsunce, cette réalité se vit tous les jours, il est donc naturel de la retrouver dans les œuvres. Subtilement, joliment, poétiquement, les petites lettres des films de Dalila Mahdjoub tombent et se mélangent. Des petits films d’animation qui puisent dans le récit familial où se racontent les suites d’une décolonisation vraiment longue à digérer, ici à Marseille où la famille de Dalila a passé toutes les étapes de l’intégration française.
Céline Ghisleri
 
 
2018
Fuji instax, instantané
 
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