Agnès VITANI 

Son travail issu de la pratique picturale établi une symbiose entre le réel et l'abstraction selon un principe de débordement et de contamination.
Elle utilise des gestes simples et travail avec le temps /
-la répétition d'essuyer le pinceau sur le bord du pot de peinture peut faire apparaître des couronnes de stalactites
-les clous de l'atelier enduits perdent peu à peu leur formes et peuvent s'apparenter à des champignons
Elle récupère et recycle les traces mnésiques de son travail pictural en élaborant des pièges à tâches(les tatoos,les grilles ramollies de l'abstraction géométrique,les synapses). les fragments de peinture qui couvraient le sol sont ainsi fixés et vont plus tard être absorbés par la surface du tableau.
Le glissement de la surface plane vers l'objet tri-dimentionnel et vice versa est souvent présent ,elle recycle des fragments du réel, des images furtives du banal( une chaussure perdue isolée sur la route,un ballon crevé dans un pré,une boule de mie de pain malaxée sans doute par ennui trouvée sur la table, la balle du chien qui fait office de ramasse poussière dans un coin de la pièce) proposant un travail combinatoire avec des pièces figées comme en expansion de forme et de signification,en latence.
Ses installation nommées "douces et refroidies","la promenade ou pas de printemps pour Marnie", sont inscrites dans un système d'apparence hétéroclite régi par l'accumulation, la répétition et l'entropie.





Texte de Céline Flécheux, Du filet des tomettes à celui des comètes, 2001

Les taches de peinture qui polluent le sol de l'atelier forment autant d'indices des gestes entrepris pour faire le tableau. Elles sont les traces tangibles et mnésiques d'une activité antérieure ou en cours.
Si elles restent prises dans le sol, plus rien ne pourra témoigner de leur part active. Si elles restent sur la bâche, plus rien ne pourra faire comprendre de quel geste elles procèdent. Le seul moyen de les attraper, c'est de les piéger.
Le piège est simple : il suffit de tracer au vernis un filet sur la bâche, de le décoller avec les taches coincées dans ses mailles, puis de les déposer sur un support recouvert de couches de peinture ; il faut alors tendre le filet, l'ajuster au cadre ou le laisser dépasser et gondoler sur la surface. Les taches du sol sont récupérées et reprennent vie en intégrant un autre corps que celui sur lequel elles avaient été conçues. Le support ainsi recouvert se voit désormais paré d'une grille molle qui s'absorbe dans la matière peinte, formant un quadrillage qui évoque celui de l'abstraction géométrique.
Mais au fur et à mesure, les taches gagnent en autonomie. En se libérant des tomettes au sol, elles évoquent de façon plus prégnante la vie des cellules et leur façon de s'organiser en tissu tout en restant disparates. Le piège du support s'est retourné contre lui-même : rien n'empêche plus la peinture d'absorber et de faire rayonner les poussières de comète dont elle est issue, ni de faire basculer l'imaginaire du support plasmique du tableau au ciel constellé par de toutes petites taches.


Agnès Vitani's work, which hails from a pictorial tradition, establishes a symbiosis between reality and abstraction by following the principles of overflowing and contamination.
[...] The artist salvages and recycles the mnestic traces of her pictorial work by elaborating task traps (tattoos, the tensile grids of geometric abstraction, synapses). The fragments of paint that cover the floor are therefore fixed, later to be absorbed by the surface of the painting.
The shift from a plane surface to a three-dimensional object and vice versa is a frequent occurrence in her work, in which she recycles fragments of reality, furtive images of banality (a lost shoe lying in the road, a burst balloon in a field...), offering us combinatory pieces that seem to be frozen in mid-expansion and significance, in a state of latency.
Her installations Douces et refroidies (Sweet and chilled) and La Promenade ou pas de printemps pour Marnie (The Walk or No spring for Marnie), follow an apparently motley system based on accumulation, repetition and entropy.



From the floortiles' trail to the comet's
The paint marks that pollute the studio floor form so many indications of the gestures undertaken to make the picture. They ar the tangible and mnesiacal traces of an activity already having taken place or underway.
If they remain imprisoned in the ground, nothing will be able to testify as to their active role. If they remain on the dropcloth, nothing will allow us to understand from what gesture they derive. The only way to catch them is to trap them.
The trap is simple : it suffices to trace a net of varnish on the dropcloth, to unglue this net with the marks trapped in its mesh, then to lay them onto a backing covered with layers of paint ; they net must be stretched, adjusted to the frame or left to overlap it and buckle on the surface. The marks on the floor are collected and begin living again by integrating a body other than the one on which they had been conceived. Covered in this manner, the backing sees itself adorned with a soft grid which is absorbed into the painted matter, forming a grid pattern which evokes that of geometric abstraction.
But a little at a time, the marks gain autonomy. Liberated from the tiles on the floor, they suggest in a richer manner the life of cells and the manner in which these organize themselves into tissues while remaining at the same time disparate. The backing which served as the trap has turned against itself : nothing now can stop the paint from absorbing and radiating the comet dust from which it was spawned, nothing can stop the imagery of the painting's plasmatic backing fromturning into a sky speckled with constellations.
Céline Flécheux, 2001







Techniques et matériaux


prélèvements / samples
appositions
repentirs / repentance
recouvrements / coverings
reliefs
ramasse-miettes / crumb-cleaner
caniveau gutter
petite papeterie / household stationary
produits ménagers / household items
mon premier établi / my first workbench
nécessaire de couture / sewing kit
ce qui se ramasse
le plumeau pompe-gras / the duster cum grease pump
le super déboulocheur / the super caustic cleaner
le caoutchouteux, en général / rubber in general
Mots Index


constellé / constellated
dentelles / laceworks
lambeaux / shreds
piège / trap
recyclé / recycled
taché / stained
champs de références


imagerie médicale, boîtes de Petri / medical imagery, Petri boxes
tatouages, scarifications (sur les autres) / tatoos, scarifications (on others)
l'architecture pâtissière (à regarder) / pastry architecture (to watch)
les tachiers
miettes et dépôts / crumbs and deposits
repères artistiques


Le crocodile de Fedor Dostoïevsky
The Servant de Joseph Losey
Boby Lapointe
Jesus Blood de Gavin Bryars
Francis Blanche
Les glaneurs et la glaneuse d'Agnès Varda
Mes amis d'Emmanuel Bove