Anita MOLINERO 

Anita Molinero : un manifeste privé
Entretien réalisé par Alain Berland et Valérie Da Costa
Paru dans Particules n°22, Décembre 2008 / Janvier 2009


Eviter la virtuosité, la facilité ou encore le commentaire, voilà le programme très peu commun que s'est fixé dès le début de son travail Anita Molinero. Un Projet qu'elle mène avec obstination depuis trente ans pour construire une oeuvre qui n'a pas d'aquivalent sur la scène artistique française.


Pendant mes études aux Beaux-Arts, je peignais, mais je n'étais pas très douée pour la sculpture et la technique. Je me suis alors dit que l'inconnu de l'art devait certainement passer par la confrontation à celles-ci. C'était un petit manifeste très privé, fait de négations, portant sur les conditions que l'on se donne pour arriver à faire quelque chose qui soit suffisamment nouveau et devienne un jour une création. Je ne voyais pas comment faire autrement au début des années 80, une période où l'on était envahi par l'art conceptuel du genre « trois écritures au crayon sur un mur ». Une forme d'art qui se présentait comme impersonnelle, mais que je trouvais paradoxalement très narcissique. Je voulais faire le contraire des conceptuels : prendre des outils sans savoir à quoi ils servent tout en les utilisant avec précision.
J'ai fait alors des montages de petits cartons que je vernissais après coup avec de la colle à papier peint puis que je montais sur n'importe quoi ou encore des sacs poubelles que je remplissais de plâtre et que je travaillais avec une gouge à bois. Je me rappelle qu'à l'époque les conditions artistiques étaient aussi celles de la post-modernité, de la défaite des idoles. Moi, je ne croyais pas à la forme, ni à son contraire, c'est-à-dire à la culture du message. J'ai rapidement trouvé des relais auprès d'Yves Michaux qui m'a fait connaître David Hammons. Mais ce dernier avait une culture de la minorité que je n'avais pas, sauf si on admet que la somme des conventions des normalités fait minorité pour l'art, c'est-à-dire je suis mère de famille, je suis prof, je vis en province... Une situation qui fait minorité pour le milieu de l'art.

EVITER LE COMMENTAIRE

C'est par élimination que j'ai fini par appeler sculpture ce que je fais. Il n'y avait pas d'autre choix. Je ne voulais pas nommer cela « art » ou « installation ». Je trouve formidable la phrase de Boris Groys dans son livre Le Post-scriptum communiste qui dit que l'art qui ressemble à de l'art ne peut pas être de l'art. Pour moi, tout l'art du commentaire dans lequel on est actuellement m'emmerde. Beaucoup d'artistes nefont qu'interpréter et revisiter avec des petites nuances. C'est de l'art qui ressemble à de l'art et puisqu'il a déjà été de l'art, il s'en éloigne forcément. Alors, quelle est la partie de non art dans ce que je fais ? Pour les poubelles par exemple, les gens me disent que cela ressemble trop à des poubelles. Non. Elles sont des poubelles, elles ne peuvent ressembler qu'à ce qu'elles sont ; c'est ça ma garantie. Je tiens à ce qu'on les reconnaisse, c'est significatif de quelque chose qui est la poubelle et pas de l'art.
Je me suis protégée de l'art du commentaire ou du projet en utilisant très peu d'idées. Je n'ai pas de projet pour mes expositions. Je sais avec quoi je veux travailler, mais pas quelles sculptures cela va donner. J'improvise en faisant les sculptures sur place. Je découvre ainsi soixante pour cent du travail en le faisant. C'est toujours un risque, mais je ne veux pas faire autrement. Le plus difficile, c'est d'arrêter le geste avant que la pièce ne devienne une flaque, de la lave ou son propre commentaire. Cela doit rester identifiable. Jarrête avant l'informe et parfois la pièce est terminée avant d'être commencée. La sculpture doit rester forme et ne pas aller dans l'informe.
J'ai tout tripoté. J'ai fait des petites terres avec des cartons, mais je me suis aperçue que j'allais dans l'informe, dans la complaisance du geste, du «beau geste». J'ai alors cessé car je trouvais cela trop curieux et précieux. Je voudrais refaire des petites sculptures, ce que j'appelle des sculptures de cheminée un peu venimeuses. J'en ai réalisées pendant vingt ans, mais je crains de ne pas réussir à retrouver le charme. J'aimerais qu'elles aient la force de mes grosses sculptures, mais c'est difficile car je travaille à l'échelle 1, sans réduction ni agrandissement. Or, «le petit» nous attendrit. C'est rapidement une sculpture «doudou» à échelle 1. «Le petit», c'est vite «rien» et je me méfie de ce «rien» magnifié.
Je travaille depuis quatre ans avec deux assistants, mais je ne délègue pas. Ils sont là et j'y suis aussi. Je tourne autour de la pièce et je donne les consignes que souvent ils anticipent car on se comprend très bien. Je fonctionne sans dessin, après toutes ces années, le stock d'images est dans ma tête et les indications passent par la langue. C'est une langue très imagée et très sexuelle. Je leur dis : «Alors, vous me faites des bites». C'est très codé, c'est le langage de l'atelier, de l'action à mener (pas celui de l'exposition). En sculpture, depuis toujours, on parle de défonce. Je préserve ma sculpture en empruntant parfois la voie du ratage. Lorsque je trouve qu'une sculpture n'est pas réussie, je la jette, mais en même temps, j'ai un peu peur de ce geste.

SE FAIRE VIOLENCE

J'ai détruit quinze ans de création, ce qui a peut être été un avantage, mais dur à vivre. La dernière sculpture porte probablement toutes les autres. J'ai manqué de «professionnalisme» en archivant très peu ou mal mon travail. Depuis quelques années, on s'en occupe à ma place. J'accepte le procédé. Parfois, j'ai l'impression que ce que je pensais avoir raté ou réussi n'est qu'un rêve, une projection fantasmatique.
Si on me dit que mon art est masculin, c'est tout simplement parce qu'il n'est pas féminin. Quand la scène artistique s'est ouverte aux femmes, elle s'est engagée avec la complicité des hommes sur la voie de l'intimité et des représentations féminines. Cet aspect ne m'intéresse pas. Mon art n'est pas masculin comme par exemple celui de Dewar & Gicquel, il ne se sert pas des attributs du masculin, des activités comme la boxe, la batterie, la pêche. Mais si on veut, on peut dire que ma sculpture est virile. La confrontation à la matière y est directe et violente. Mon grand modèle est Rodin, je trouve extraordinaire les orbites des yeux du Balzac, c'est la première grande sculpture moderne. C'est vrai qu'il y a peu de femmes sculpteurs qui se confrontent aussi violemment à la matière. Parfois j'ai envie de citer d'autres artistes que j'admire comme Bernard Réquichot ; je le contiens, mais je ne le cite pas. Ce n'est pas pareil de contenir un artiste, de le commenter, ou de le citer. Commenter implique une distance que je ne veux pas avoir, et lorsque je la perçois chez les autres ça m'ennuie profondément. C'est précisément de l'art qui ressemble à de l'art. J'essaie de faire de l'art qui sorte de l'entre-soi tout en refusant de faire quelque chose qui séduit le public, qui devienne un «procès au monde». Ce n'est pas évident, mais cela laisse beaucoup de place à l'objet. Je ne supporte pas la énième peinture minimaliste un peu écornée. C'est un plaisir d'érudition. Quel choix possible y a-t-il en dehors de cela ? Celui de l'action politique qui positionne le spectateur, mais ça, ça ne m'intéresse pas non plus. Je suis persuadée que l'art doit contenir du politique, mais pas s'en servir. J'ai des préoccupations qui ne sont pas forcément des «opinions» sur mon époque. Je nomme souvent mes pièces a posteriori, et quand je les qualifie de «post-Tchernobyl», c'est de manière rétroactive. Maintenant, je donne des titres à mes sculptures, mais le titre a longtemps été l'objet d'une réflexion car titrer les oeuvres par un concept, c'était leur enlever beaucoup de leur qualité énergétique. C'était les encadrer, les précéder. C'était aussi trop présent. J'ai donc évacué cela. Et puis une sculpture en donne une autre. Je me suis dit qu'un titre devait avoir la force d'un prénom. Finalement, je les ai peu à peu appelées par ce qui est l'équivalent d'un prénom, qui n'a aucun sens s'il n'est pas porté. Elles ont d'ailleurs des titres que j'oublie la plupart du temps. Pour les plots de chantier, je prends le nom de l'entreprise que je détourne et améliore. Cela part aussi de fautes de frappe, de défauts de prononciation. Ce sont des noms de baptème, mais j'ai mis du temps à les trouver. Les poubelles sont les seules à ne pas avoir de titres car j'aime dire «les poubelles», «Tiens on ressort les vieilles poubelles».

TRAVAILLER AVEC DES MATÉRIAUX ORDINAIRES

Je ne crée pas par série. Je dirai plutôt qu'il y a des genres sur lesquels je reviens. Depuis 1995, j'adore travailler le polystyrène qui me rappelle des matériaux pérennes comme le bronze car tu ne t'en débarrasses pas. Dans les années 90, ce n'était pas bien reçu de travailler ce genre de matériau car l'art qui circulait et se vendait, peut-être, était, paradoxalement, un art de l'éphémère qui avait les qualités de la précarité, mais avec une plus-value symbolique.
Pourtant, quand on adore une pièce de Filliou faite d'un balai et d'un seau, c'est aussi précaire et mélancolique qu'un polystyrène avec des chaînes de vélo. Le vide visuel est peut-être plus difficile à saisir. Il faut donc construire un mythe autour de cela. Lors d'une exposition à Tours, un collectionneur m'a insulté en voyant mon travail. Ce jour là, j'ai compris pourquoi je faisais de la sculpture. On peut mettre n'importe quoi sur une toile, les gens ne sont quasiment pas choqués car le cadre est fixé, mais ce pauvre objet (c'étaient deux plots de chantier) que je présentais, et qui n'avait en soi aucune signification violente, ne pouvait pas être regardé car il était lui-même violent. Le tableau est toujours possible alors que la sculpture se situe plutôt du côté de l'impossible, du difficile sans doute parce que du côté du réel.
La présence du contemporain se situe selon moi dans la sculpture et j'ai toujours cherché intervenir sur la matière. Le ready-made reste à mon sens un moment de génie et comme tout moment de génie, il est inutile de le reproduire. Tous ces artistes qui refont cela aujourd'hui, c'est une plaisanterie. J'appelle cela de «l'art loisir et création». Lorsqu'on va voir les readymade de Duchamp, on a vraiment besoin de fétichisme sinon on ne les regarde pas. On fait un petit pélerinage pour voir une relique. Et là, on se rend compte de l'ampleur du montage (celui du musée) comme quand on va voir une relique avec tout ce que cela comporte. La relecture du ready-made de Duchamp n'a donc même pas la pauvreté, l'audace de la relique. Duchamp, lui, était très juste dans ses choix. Il ne s'est pas trompé. J'ai appris avec Duchamp, mais j'ai compris avec Degas (la danseuse) qui tout de même habille un bronze excrémenteux d'un jupon de tulle. C'est en regardant des films de science-fiction comme Terminator que j'ai vu la sculpture que je faisais. Le mur de Vénilia vient de là ; c'est le passage du liquide au solide. C'est du morphing fait à la maison ! En faisant les poubelles, j'ai pensé aux Aliens. La science-fiction se situe pour moi dans la poubelle, c'est une science-fiction organique, pas technologique.
Je pense que je fais une oeuvre qui se répète. Les poubelles, par exemple, j'en ferai toute ma vie. C'est un peu comme Rodin qui a fait toute sa vie les mêmes gestes avec des sujets différents. La répétition, ce n'est pas la même chose que de faire systême. Je ne pourrai jamais faire d'environnements contrairement à Jessica Stockholder qui est une artiste de la conquête. Moi, je suis une artiste du sillon, je creuse ce que je fais. J'aime la démesure et je n'aime pas les choses installées qui donnent un aspect petit-bourgeois. Je veux travailler avec des matériaux ordinaires, toujours trouvables à côté de chez soi. J'ai récemment réalisé des sculptures avec une table d'accouchement, des déambulateurs et des fauteuils roulants. Ce sont des objets qui nous laissent sur place. Ils nous sidèrent et nous obligent à nous fixer. Ils s'opposent à la fluidité, à la rapidité.Par rapport à l'unité de la sculpture, leurs mesures ergonomiques sont justes. Et puis la vieillesse, c'est probablement le prochain âge créatif et obscène.
La psychanalyse, comme l'art, fait apparaître ou disparaître des diagnostics, des comportements. Lorsque je parle d'hystérie à propos de mon travail, c'est à travers des rencontres, des coïncidences intellectuelles. Je me suis demandé quelle était la figure la plus appropriée à l'art que je faisais, et l'hystérie m'a fascinée car on dit que c'est un état qui pousse hors de soi. Elle n'est plus trop évoquée aujourd'hui, mais ses anciennes représentations montrent des corps figés s'apparentant à de la pierre. C'est pour cela que j'aime faire cette analogie. Je fige de l'énergie, il faut donc que ça sorte de soi, que ce soit jubilatoire.







Champ des références ?
Anita Molinero, décembre 2003

Mon champ de références est planté d'un cimetière avec des disparus, des fantômes et d'un super marché. Du vivant, des morts et des esprits. Le point commun entre ces espaces est le rangement dans les allées pour le cimetière dans les rayons pour le super marché Dans les disparus qui me laissent dormir en paix : une sculpture de Fontana, une danseuse de Degas avec tutu par exemple. Dans la série fantômes qui me hantent des feutres de Morris, une boule tricotée par R Truckel, une belle chatte de Séchas, un tableau de Mondrian avec un fond bleu "de Delft" et de l'adhésif de couleur. La rencontre de la pauvreté et de la jubilation dans l'oeuvre d'Oïticica. Manzoni fut pour moi une figure fascinante et dynamique dont j'ai cru longtemps envier l'avant-gardisme insolent que j'aurais voulu posséder comme on convoite une qualité naturelle injustement inaccessible. Je me suis aperçu, il y a peu de temps que c'était "le coton, les effets bandes Velpeau" le catholique enfantin et mauvais jouant avec les matériaux de la crèche qui m'intéressait chez Manzoni. Il fait partie désormais des disparus. Les fantômes sont des oeuvres aux contours flous des parties détachées du tout, ça peut aller de cette matière blanche légèrement rugueuse et matte de la chatte épanouie de Séchas à un rideau éclatant de F Gonzalez Torres. Dans la série du Super marché, je me sers, je consomme sans souci de traçabilité ; des films. Bernadette Lafond et sa cabane, pute amoureuse d'un bouc dans la fiancée du pirate, la collectionneuse idéale pour une de mes série de sculptures. Teminator 2 rencontre d'une séquence et du mur de Vénilia. Alien 3 car j'ai parfois l'impression qu'au fond de mes poubelles fondues, deux lueurs me regardent et essaient de m'attendrir de leurs éclats mouillés. Un peu de ketchup, un peu de mayonnaise et du chocolat un jour ou l'autre je ferais une sculpture avec ces 3 couleurs en pensant à Mac carty et une couverture au crochet de M Kelley ou des draps noués à la Cattelane que je pourrais utiliser pour attacher une sculpture ...
Mais au fond existe-t'il un élément invariant qui aurait traversé les années et les formes? Je me posai cette question, penchée sur un texte que j'avais écrit, du coup j'ai recherché des notes j'ai regardé des cartons d'invitation. J'ai réfléchi à ce refus entêté de donner des titres jusqu'à supprimer le "sans titre" convenu dans ce cas. Je me suis aperçu que le mot sculpture était toujours présent répété inlassablement sans aucun souci d'élégance (jamais de synonyme pour éviter la lourdeur) ni aucun sens de l'humour ou du jeu. Je me suis mis à l'observer, comme on regarde attentivement un objet sous tous ces angles en essayant d'en découvrir la fonction. Je l'ai tout d'abord découvert manuscrit et avec mon écriture : Un S simplifié séparé du mot , c' est tout de même le "S" de sorcière, représentation épurée du serpent (qui siffle) ensuite il y a le mot "CULPTURE" divisé (en isolant CUL) par le "P" muet de père ou de Pénis. et si ce choix de la sculpture souvent pénible à réaliser trouvait son référent et son aboutissement dans son nom, écrit par moi même de préférence


Field of references?
Anita Molinero, décembre 2003
My field of references is composed of a cemetery containing the dead and ghosts, and a supermarket. The living, the dead, and spirits. What ties these spaces together is the organization based on aisles. Among the dead who allow me to rest in peace one can find a sculpture by Fontana, and a ballerina in a tutu by Degas for example. Among the ghosts that haunt me are Morris' felt pieces, a knit ball by Rosemarie Troeckel, a pretty cat by Sechas, a painting by Mondrian with a blue "Delft" background and colored tape. The meeting between poverty and jubilation in the work of Oïticica. Manzoni was a fascinating and dynamic figure for me whom I long envied for his insolent avantgardism which I would have liked to possess like one chases after a natural attribute unjustly out of reach. What interested me at the time was "the cotton, the gauze strip effect", the naughty catholic boy playing with materials from the nativity. He's now with the dead. The ghosts are works whose contours are blurred and whose parts are cut off from everything. They range from Alain Sechas' slightly coarse white matter to one of Gonzalez Torres' shimmering curtains. As for the supermarket, I help myself and consume without worrying about leaving marks; movies. Bernadette Lafond and her shack, a whore in love with a goat in the Pirate's fiancée, the ideal collector for one of my sculpture series.
Terminator 2 a meeting between a sequence and a wall covered with venilia. Alien 3 for I've often the feeling that strange glows watch me from the bottom of my garbage bins and try to soften me up with their moist fragments. Some ketchup, mayonnaise and chocolate. Someday I'll make a sculpture using these three colors while thinking of McCarthy and a knit blanket thinking of Kelley or bedsheets tied together like Cattelan which I might use to attach a sculpture. ...
In the end however is there an element which has crossed the years and the forms unchanged? I asked myself this question while pondering a text I had written. I began searching through my notes looking at exhibition invitations. I thought about this stubborn refusal to give titles down to the point of eliminating the convened "untitled".
I realized that the word sculpture was present throughout, untiringly repeated without any concern for elegance (never a synonym to lighten things up), humor or play. I began observing it, like one looks attentively at an object under all angles trying to discover its function.
I first found it handwritten in my writing: a simplified S separated from the word, an S for sorcery nonetheless, a stripped down representation of serpent (hissing) then there is the word "CULPTURE" divided (isolating CUNT) by the silent "P" that stands for Pater or penis. and if this choice to make sculptures that are often tough to make were to find its culmination and its ultimate reference in its name, written preferably by yours truly



Mots Index


trash
glamour
extrudé / extruded
informe / formless
plastique / plastic