Corinne MARCHETTI 

Le positif à l'oeuvre
texte paru dans Corinne Marchetti, La collection, Images en Manoeuvre / Galerie Roger Pailhas, Marseille

«Le bien est la victoire sur le mal, la négation du mal. Si l'on chante le bien, le mal est éliminé par cet acte congru. Je ne chante pas ce qu'il ne faut pas faire. Je chante ce qu'il faut faire. Le premier ne contient pas le second. Le second contient le premier.
La jeunesse écoute les conseils de l'âge mûr. Elle a une confiance illimitée en elle-même.»

Isidore Ducasse - Poésies II.

Bien avant que Corinne Marchetti produise ses broderies, dans les années cinquante, lorsque tout tournait rond, les objets chantaient la louange du système. Ils formaient une gigantesque positivité. Le rapport social nécessaire à leur production se justifiait par leur simple évidence. La boîte à soupe Campbell, ou la bouteille Coca-cola, de Tomato Ketchup, s'affichaient dans le pop-art avec cette insolence que donne le caractère absolu de la réalité.

La marchandise semblait mener une existence indépendante. Comme dans ces vieux dessins animés où soudain ustensiles de cuisine, pendules, tabourets, tout l'équipement de la maison de banlieue, se mettaient à gigoter, danser la gigue sur de petites pattes, et leur gosier rond entonnaient un air qui disait «tout va bien, tout va bien.»
Et dans ce même pavillon de banlieue, au dehors, de petits Mickeys, citoyens modèles, s'activaient dans la bonne humeur à tondre le gazon et préparer le barbecue du samedi, des Minnies s'occupaient des enfants turbulents mais si délicieux.

En ce temps là, le général Eisenhower était président et Marilyn un mythe. La «star», si présente, à pouvoir presque la toucher, à autographier, et si lointaine, donnait les limites de cet univers. L'écran de cinéma, voûte céleste et miroir, bornait les désirs.

Toutes les formes entraient dans le moule de la forme marchande. Elle déployait sa puissance dans et comme force de l'image, s'instituant comme un rapport: tout ce qui était bon, communiquait et tout ce qui communiquait était bon.

Et voilà que le négatif comme expression d'un dépassement de cet erzats de paradis a brouillé l'écran du bonheur. La star éclatante et multiple, reproductible d'Andy Warhol s'est suicidée.
L'ennui et le sentiment du vide, la violence urbaine déchaînée par bouffées venaient rappeler que quelque chose travaillait, dessous. Que ce moment du monde n'avait qu'un temps et que tout ce qu'il niait continuait d'exister. Derrière l'aménité de Mickey il y avait misère, exploitation, dictature et le monde réel, les pauvres, le tiers-monde exploité et aliéné. Il attendait simplement, là pour resurgir, comme la taupe de son trou. Ne s'exprimant dans le discours dominant que comme capacité de nuisance, négativité, mais porteur de dépassements.

Aussi, il n'a guère, au tournant des années 70, c'est ce négatif qui a formé la vague de fond de l'art. Chacun participait à ce travail de sape. S'en prendre à la représentation du monde, c'était s'attaquer au système. La dénonciation de la forme n'est pas une nouveauté, mais elle s'est enrichie formidablement lorsqu'on a considéré que non seulement cette dénonciation détruisait les conventions, heurtait le sens commun, comme on se représentait jusqu'alors les productions des avant-gardes, mais même s'en prenait directement au mode de domination qui se masquait derrière celles-ci. Et la guérilla du signe a accompagné le signe de la guérilla.
On a montré ce que peut receler de vice secrets un petit Mickey, on lui a fait faire des horreurs pour mieux montrer, celles, réelles, palliés par son masque souriant. Mc Carthy par exemple, retourne les objets usuels contre le pauvre Mickey, leur donne une valeur d'usage foncièrement agressive.

Il y a beau temps que cette forme de critique est entrée ans le cours commun des choses. Il est devenu un truisme. On ouvre Art Press, deux cotations de Disney, une de Combas représentative des années 70-80, («Mickey n'est pas la propriété de Walt, il appartient à tout le monde»), une de Lavier déjà plus ambiguë.
Mais plutôt que de «récupération», ce qui revient à s'exprimer dans le langage même de la période antérieure, et laisse supposer une manipulation, il faut parler de vieillissement.
Le temps, le passage du temps, a rendu le vrai, le vivant, mort, répétitif. Et comme Corinne Machetti le fait dire à Courtney Love que reste-t-il du programme: révolution, sexe, drogue et rock and roll?

On feuillette le catalogue d'une exposition de jeunes artistes, s'y étale le narcissisme de corps retournant contre eux la destruction devenue désirable en soi.
Ce que sa génération contient de répétitif et forme la continuation du mouvement antérieur, se torture, se tatoue, se perce, se perfore. Retournant les armes de la négation contre elle-même. Car ce qui n'est pas dépassé pourrit, et la négation n'est désormais qu'un moment de la marchandise. Sans charge corrosive.

Or voici qu'aujourd'hui nous dit que désormais c'est le positif qui travaille, s'active et produit. L'ère du soupçon est finie. Morte.
Corinnr Marchetti se présente comme la nouvelle héroîne positive. A travers divers épisodes qui se déroulent dans son monde, toutes les turpitudes de la société spectuculaire-marchande, elle les subit.Mais là, tout se retourne et devient positif.
Tendre jeune fille, elle pourrait tomber dans les filets des faux désirs du sexe mercantile, de la pornographie, ou bien enore être fascinée par le soleil noir de la performance artistique. Se délecter masochistement de la déréliction de son monde.

Mais Marchetti, elle ne s'en laisse pas compter. Rocco Siffredi, le minotaure de la pornographie, ne lui fait pas peur. Et les pires avanies que lui fait subir Mc Carthy, quoi de plus terrible pourtant qu'un bain de siège au ketch-up) ne lui servent qu'à mieux rebondir. Elle subit les épreuves, en se jouant. Et comme dans les contes de fées, la fin est inévitablement heureuse: Rocco, elle le baise gentiment, et d'une ... Elle devient célèbre grâce à sa performance chez Mc Carthy, seul enjeu au fond important. Et de deux.
Et tout et bien qui finit bien.

Comme affirmation simple et centrale, une image semblable à une production de Disney, mais comportant son dépassement ironique dans la forme, sous-titré d'une évidence: je suis jeune.

Le mot est lâché. Et oui, elle est jeune, et malgré tout ce que le monde recèle de menaces et toutes les capacités de nuisances dont il est lourd, elle a 26 ans et elle l'emmerde en attendant. Et tout ce qui avait fait que, petit à petit, la mort avait saisi le vif, devient caduc.

Pour autant cette naïveté, réelle, parce que première, est une naïveté renseignée. Elle vient après. Après la post-modernité. Et elle le sait.
Les thèmes, la technique décalée et les citations: Mickey/non-Mickey/non-non-Mickey, situent bien l'oeuvre dans la perspective d'un dépassement. Hégélien. Forcément Hégélien. Mais rendu de façon savoureuse, par le support.

La broderie, comme une vieille vieillerie des tiroirs tout plein de nos grand-mères. Peut-être est-ce par une fidélité à des choses sans importance pour nous que l'artiste libre d'aujourd'hui veut renouer avec les travaux des jeunes filles rêveuses et confinées d'autrefois. Mais là encore dans un basculement chronologique: bien avant et en même temps bien après.
Parce que la mise ne page et le récit relève aussi des ces BD, synthétisant une histoire en quelques images des journaux quotidiens, Charlie Brown, Terrible Dennis...

Dans cette association le temps est retrouvé. Il est renoué et rattaché au présent le plus immédiat, dans un message non pas cousu de fil blanc, mais de légèreté et d'ironie.
Et le temps, contrairement à ce que dit la chanson, fait quelque chose à l'affaire. Son passage transforme la pertinence d'une contestation en radotage, la force d'un empire mondial en rouille et en poussière. Les révolutions aussi vieillissent, hélas.
Mais c'est aussi sa grande force d'être porteur de renouvellement, par un mouvement qui revient du plus profond.

Lautréamont renverse systématiquement en espoir et en bonheur lzes figures de réthorique des gémissements poétiques de son siècle finissant. C'est une opération du même ordre que mène Corinne Marchetti. En retournant le discours artistique des dernières années de feu , le XXième siècle, elle affirme la libération d'une nouvelle génération du poids des truismes de la période antérieure.
Sans avoir l'air de porter un jugement sur le monde, et dire ce qu'il faut penser de ceci ou de cela. Mais dans ce moins il y a plus.
Tous les périls du roman d'Orwell, elle les a vécus, mais on est après 1984. L'apocalypse a bien eu lieu, ou bien elle peut avoir lieu tous les jours et pourtant nous devons avouer que tout continue et qu'il faut espérer vivre.

André Pécheur









Elle prend une paire de ciseaux et elle crée une cascade de fleurs en feutre s'écoulant en poussière dorée, comme dans un film. On pourrait dire quelle créature merveilleuse, et bien pas du tout, elle est de la pire espèce, celle des rêveuses, il n'y a pas plus terrible. Une rêveuse dont tout l'art consiste à atterrir en douceur et parfois en catastrophe. Une esthétique de la gueule de bois peut-être. Sa saison c'est l'adolescence et plus particulièrement le dimanche après-midi, lendemain de fête; alors que nous entendons au loin les parents qui nous laissent tranquilles un moment, pensant que nous faisons nos devoirs. C'est là qu'elle se raconte des histoires modernes, cruelles ou parfois fantastiques sous forme de longs synopsis brodés, où des jeunes très modes se trompent souvent de choix existentiels, ou encore elle fait des dessins de copains qu'elle n'a jamais eus, des listes de choses qu'elle voudrait avoir...
Il est un effet bien connu en art consistant en un retrait, qui fabrique des oeuvres du genre couché de soleil en noir et blanc, avion sans ailes, colonnes inachevées, on obtient toujours de l'élégance, de la distanciation, un moment suspendu. Les retraits de Corinne sont plutôt du domaine de l'évasion. C'est une échappée belle. Alors qu'on la croyait affairée avec naturel, cela se révèle plus tard une sculpture, tandis que maintenant elle enregistre une chanson. Ce qui chez d'autres est ampoulé par un discours sur le work-in-progress, se dévoile dans une dérive perpétuelle au son régulier d'une balade, tant sa facilité à changer de médium et à produire sans état d'âme est évidente. Ainsi elle nous donne les contours de sa fantaisie et nous laisse la peau morte de son ancienne vie.
Ces oeuvres sont comme de petites maisons dans le fond du jardin, mais on peut y vivre vraiment, bien que cela soit des maquettes. Voilà comment prend réalité la production de Corinne.Ce sont des bobards pour de vrai. Elle n'a pas son pareil pour donner l'illusion, que tout est possible avec quelques mots. Son travail se situe dans cette économie dont il nous est impossible de découvrir le coeur, chaque oeuvre est une porte qui nous éloigne de son domaine, et nos songes dans le sillage de ces oeuvres ont des allures littéraires, rien qu'en évoquant leurs titres. La corne trop sympa qui transforme tout objet qu'elle orne en ...« trop sympa», c'est le contre-pied astucieux du ready-made, la forme irréprochable qui s'amuse à croire à l'existence d'un canon... Il y a une évidence comme dans le poème que lui a dédié Edouard Baer.

Adrien Pécheur


" Mon amie est très belle, à l'âge de vingt-sept ans
Dans le studio on l'appelle grand trouble.
Un matin de novembre elle sauta dans la piscine
Alors on la rejoignit, le ciel était bleu et double.

Montée Sur le bureau comme une intello à l'aise
Elle avait une vie sereine et en pleine conscience,
Beaucoup de relations sociales et comblée de baise,
Alors tranquille et douce, un absolu de patience.

Le lendemain matin elle observait des masses
Lourdes et franches sur le mur bien droit.
Elle dit: «viens avec moi, il faut que je le fasse
Il y a un grand prince, il chante près de moi.

Je n'ai pas peur, alors ça ne peut être meilleur,
Je sais qu'il est là je vais mettre une jonquille.
Je vois les buildings, il y a là toute une ville,
C'est beau, ici, je pense au vrai bonheur."








The positive at work

The good is the victory over the evil, the negation of evil. If one sings the good, the evil is eliminated by the simple act. I don't sing that which one shouldn't do. I sing that which one should do. The first doesn't contain the second. Youth listens to the advice of the experienced. It has unlimited self-confidence.

Isidore Ducasse ­ Poetry III

Well before Corinne Marchetti produces her tapestries, in the fifties, when everything was going well, objects sung praise of the system. They formed a gigantic positiveness. The social link necessary for their production was justifiable by its simple obviousness.

The Campbell's soup tin, or the bottle of Coca-Cola or Tomato Ketchup were displayed in Pop Art with this impertinence that gives reality its absolute character. The life of objects overtook the life of men. As in those old cartoons where cooking utensils, clocks, stools, everything in a suburban house was suddenly starting to fidget, to dance the gig on its little feet, and saying out loud with their smooth throats «everything's fine, everything's fine».

And in the same suburban house, outside, little Mickeys, model citizens, were busy happily mowing the lawn preparing Saturday's barbecue, Minnie's were looking after the turbulent but so adorable children.

At that time, General Eisenhower was president and Marilyn a myth. The «star», so very present that one could almost touch her, get an autograph, and yet so far off, setting the limits to this universe. The cinema screen, canopy of heaven and mirror, marked desires.

All forms entered the mould of the commercial form. Its force was spread out in and as an image, establishing itself as a connection: everything that was good communicated and everything that communicated was good.

And then the negative as an expression going beyond this ersatz from paradise interfered with the screen of happiness. Andy Warhol's dazzling, multiple and reproducible star committed suicide.
The boredom and the feeling of emptiness, the suburban violence let our in gusts, came as a reminder that something was at work, below. That this moment in the world had only a certain time and that everything that it denied continued to exist. Behind the Mickey amenity there was misery, exploitation, dictatorship and the real world, the poor, the exploited and alienated third world. Simply waiting, there to reappear, like a mole from its hole. Expressing itself only in the dominant debate as some nuisance, a negativity, but bearer of the will to surpass.

Also, and it's just then, at the turning of the seventies, that this negative formed the ground swell of art. Everyone was taking part in this undermining work. Taking on the representation of the world, was to attack the system. Denouncing the form wasn't something new, but it became considerably richer when one considers that not only did this denunciation destroy conventions, strike against common belief, as the avant-garde work had been represented until then, but it also directly took on the domineering manner which masked itself behind this. And the guerilla of the sign accompanied the sign of the guerilla.
One showed what secret vice a little Mickey could withhold, one made it do horrific things to show better those, real, lessened by his smiling mask. McCarthy, for example, turns everyday objects against poor Mickey, giving them a value of usage that's profoundly aggressive.

It's a long time since this form of criticism has entered everyday happenings. Its become a truism. On opening Art Press, two quotes from Disney, one of Combas', representative of the seventies and eighties (“Mickey is not the property of Walt Disney, Mickey belongs to everyone”), one of Laviers' already somewhat more ambiguous.
But more than just a “recovery”, which would be to express oneself in the same previous language and supposes manipulation, one ought to talk of ageing.
Time, the passing of time, has rendered the true, the living, dead, repetitive. And as Corinne Marchetti makes Courtney Love say, what remains of the program : revolution, sex, drugs and rock' n' roll?

One leafs through the catalogue of an exhibition of young artists, the narcissism of the body is spread out, turning against them the destruction that has in itself become desirable.
That which, in her generation contains repetition and continuation of the previous movement, tortures, tattoos, pierces, perforates itself. Turning the arms of negation against themselves. As that which is not surpassed rots, and the negation is thus no more than a moment of the merchandise. Without any corrosive quality.

Now, here today someone tells us that it's the positive that works, moves, produces. The era of suspicion is over. Dead. Corinne Marchetti presents herself as the new positive heroine.
Through various episodes that unfurl in her world, all the vileness of the spectacular-merchandise society, she suffers them. But there everything is turned around and becomes positive. A tender, young girl, she could fall into the nets of false desires for commercial sex, for pornography, or even be fascinated by the black sun of artistic performance. Delighting herself masochistically in the dereliction of her world.

But Marchetti, she doesn't let herself get swept up. Rocco Siffredi, the minotaur of pornography, doesn't frighten her. And the worst snubs that McCarthy subjects her to (what's worse than a bath of Ketchup) only help her to bounce back better. She is severely tested, but plays with this. And as in fairy tales, the end is invariably a happy one : Rocco, she gently pulls one over him, and with a ... She is famous thanks to her performance at McCarthy's, the only challenge really important and for two reasons. And all's well that ends well.

As a simple and central affirmative, an image, similar to a Disney production, but talking into consideration the ironical surpassing in the form, subtitled with an obvious : I am young.

The world's out. And yes, she is young, and despite all the dangers that the world holds and all the risks of nuisance which it bears, she is 26 and doesn't give a damn while waiting. And everything that has meant that, little by little, death had seized the alive, becomes obsolete.

For as much as this naivety, real because first, is an informed naivety. It comes afterwards. After post-modernism. And it knows.
The themes, the displaced technique, the quotations : Mickey/ non-Mickey/ non-non-Mickey, situate the work well in the perspective of a surpassing. Definitely Hegel's. But carried out in a savoury manner due to the materials used.

Embroidery, as an old-fashioned thing from the overflowing drawers of our grandmothers. Perhaps it is because of the respect shown for things of no importance to us that the free artist of today wants to link up again with the work of the dreaming, confined young girls of old. But there again in a chronological reversal : well before and at the same time well after.
Because the page setting and the story also come from cartoons synthesising a story in a few images from daily newspapers. Charlie Brown, Dennis the Menace ...

In this association time is found again. It's reknotted and reattached to the most immediate present, in a message that's not all sewn up, but light and ironical.
And time, to the contrary of what the song says, is for something in this. Its passage transforms the pertinence of a criticism into rambling, the strength of the world's empire into rust and dust. Revolutions age too, alas.
But it's also her great strength to be bearer of renewal, by a movement that comes from the depths.

Lautréamont, systematically turns into hope and happiness the poetic, wailing, rhetorical figures of his finishing century. It's something of the same order that Corinne Marchetti is carrying out. In turning around the artistic debates of the last years of fire of the twentieth century, she affirms the liberation of a new generation from the truism of the previous period.
Without seeming to bear judgement on the world, or say what one should think of this or that.
But in this less there is more.
All the dangers of Orwell's novel, she's experienced them, but we are after 1984. The apocalypse has really happened, or else it can happen every day and yet we ought to admit that everything continues and that one should hope to live on.

André Pécheur










She takes a pair of scissors and she creates a cascade of flowers in felt flowing like golden dust, as in a film. One could say what a marvelous creature, but not at all, she is of the worst kind, the dreaming kind, none is more terrible. A dreamer, all the art of which is held in coming down gently, sometimes in a catastrophy. Perhaps some sort of hang-over aesthetic. Her season is that of adolescence and most particularly Sunday afternoons, the day after the party, as we hear our parents far off, letting us be for a moment, thinking that we're doing our homework. It's then that she tells modern stories, cruel and sometimes fantastic, in the form of long embroidered synopses, where the very "in" young often make mistakes in their existential choices, or where she does drawings of friends she has never had, lists of things that she would like to have...
There is a well known effect in art that consists of a “withdrawal”, that produces works of the setting sun type, in black and white, a plane without wings, unfinished columns, one always obtains elegance, a certain distance, a suspension in time. Corinne's withdrawals are more of the domaine of an evasion. A well-timed escape. As one saw her to be naturally busy, it later turns out to be a sculpture, where as now she is recording a song. What with others is flashed-up by some speech on the work in progress, reveals itself in a perpetual drift to the sound of a steady song, such is the ease with which she changes medium, her ease to produce without qualms is obvious. As such she gives the contours of her fantasy and leaves the dead skin of her ancient life.
These works are like little houses at the bottom of the garden, but one can really live in these, even though they are just models. This is how Corinne's production becomes reality. They are tell-tale stories for real. She has no equal in making the illusion that everything is possible with a few words. Her work is situated in a frugality where it is impossible to discover the heart, each piece of work is a door which leads us away from her field, and our musings in the wake of her works seem literary in simply evoking their titles. That "too nice" horn that transforms everything it ornates into something ...”so nice", the wise counterbalance to the ready-made, that irreprochable form that amuses itself in believing in the existence of an icon..... There is some obviousness as in the poem which Edouard Baer dedicated to her.

Adrien Pécheur


" My friend is very beautiful, at the age of twenty-seven
In the workshop she's called big trouble.
One November morning she jumped into the pool
So we joined her, the sky was blue and double.

Set up on the desk like some intellectual at ease
She had a life that was serene and fully conscious,
A lot of social contacts and well laid,
So calm and soft, a pure patience.

The morning after she was watching masses
Heavy on the straight smooth wall and clear
She said, "Come with me, do it I must,
There's a great prince, he's singing to me near.

"I'm not afraid so it can't be better,
I know he's there so I'm going to put a daffodil down.
I can see the buildings, there is there a whole town,
It is beautiful, here, I think of true pleasure.”

Techniques et matériaux


Travaille la céramique, la porcelaine et l'art textile .
champs de références / repères artistiques