ERIKM 

eRikm
Depuis 1992, eRikm étend son terrain d'expérimentation artistique sur les scènes internationales.
Attentif au maintien de la fusion entre pensée, instinct et sensibilité, il ose la simultanéité des pratiques et la mise en tension de différents modes de composition, dans et avec tous les langages.
Depuis son expérience première de guitariste jusque dans ses recherches plastiques et visuelles, il prend le risque d'échapper à toute tentative de catégorisation hâtive.
Très vite considéré comme un virtuose des platines et des arts sonores (1996), eRikm traverse les mondes-systèmes dits « indépendants », « institutionnels » et les territoires (France ­ International).
Dans le même temps (1997), il développe une approche ouvertement prospective du médium technologique, à la fois comme outil de développement d'un modèle économique et comme instrument de création, de production, de diffusion.
Un processus qui ne cesse jamais de traiter les matières sonores comme un organisme vivant, en mutation permanente, exposé au risque de l'accident comme à celui du ravissement et de l'unisson.
Parce qu'il fait jouer tous les contraires dans la démarche d'improvisation, ce geste s'inscrit au plus haut des expressions d'intensité, misant à la fois sur sensation et entendement, farce et gravité, instinct et anticipation.
Ses oeuvres mettraient alors en tension l'intime et le politique, le populaire et le savant, mais sans démonstration, plutôt à partir de courts-circuits, de matériaux (dé)générés en live - de la référence au bruit ; comme autant de façons de saisir chaque instant sur le vif.
Au fil du temps, les rencontres et collaborations s'impulsent naturellement avec des publics et des tempéraments : Luc Ferrari, Christian Marclay, Akosh S, Mathilde Monnier, Bernard Stiegler, Fm Einheit... Autant d'heureuses « co-incidences » qui marquent cette recherche instinctive de transmutation, ces jeux sur plusieurs plans.
Depuis 1997, seul ou accompagnés, eRikm se déplace pour jouer (5 à 7 projets « on tour ») ou conçoit des oeuvres spécifiques, transversales, pour des espaces et des commandes (discographiques, radiophoniques, installations, vidéos...)
Entre ces temps, irriguant l'émergé, les fragments les plus personnels continuent de s'assembler pour construire, à partir notamment de quelques-uns de ses arts premiers (photographies, dessins, objets plastiques, vidéo), une vision kaléidoscopique singulière.
In fine, tout son travail résonne certainement de ses recherches en bordure des sciences et d'une poésie curieuse du monde.
eRikm est basé à Marseille, Friche La Belle de Mai.


Leïla Quillacq : eRikm, avril 2010 (éditorial du dossier de presse de l'exposition Mu, Friche belle de mai, Marseille)
Au départ du geste, eRikm creuse, fragmente les corps du tangible et de l'intangible, touche à la fuite et risque le chaos, point-limite à partir duquel il impulse de nouvelles énergies.
Dans les mouvements d'interactions du visuel et du sonore, dessinant diverses trajectoires au sein d'un champ artistique fort de ses éclatements, la pratique d'eRikm prend part aux interférences tout en résistant aux catégories, et renouvelle ces rapports par le biais des courts-circuits.
Si eRikm joue de résonances, celles-ci s'inscrivent à l'intérieur même du processus de création. Cut-ups, frictions et relâchements... Les formes générées renvoient– aux secousses agitant notre réception du monde. Des échos post-viriliens d'une « théorie des catastrophes » plaçant nos sociétés sous le signe des dérives, aux libertés retrouvées avec la technique constitutive de l'homme par l'entremise du jeu, eRikm tisse la toile d'une oeuvre conçue sur le modèle du rhyzome, à la fois critique, sensible et intuitive.
Qu'elles touchent à l'objet, à l'image, à l'espace ou au son, les oeuvres issues de ces noyaux d'expériences se nouent dans l'espace d'exposition autour d'un fil tendu : une "technosphère" sans cesse muée par les « monstres » qu'elle engendre en même temps qu'ils lui échappent. Comme une «inquiétante poussée de l'étrange » qui vient troubler une humanité surprise par cela même qu'elle crée, et qu'eRikm s'amuse à dignostiquer par l'entremise des libres associations, mêlant l'intime au populaire et le drame à la farce.
A l'inverse des logiques spectaculaires ou cataclysmiques, la pratique d'eRikm se joue alors dans les décalages et l'infiltration. Infiltrations dans la chair des matériaux, dans l'espace de représentation, dans les schémas conscients ou inconscients de pensée et d'action médiatisées au monde. Dérapage au sein de nos schèmes de perception, et redéploiement des sens en roue libre. Les bugs s'immiscent dans le corps des oeuvres comme les symptômes d'une humanité schizoïde, comme ce qui fait dérailler le système, comme ce qui vrille à l'intérieur du processus et stimule de nouvelles variantes. « eRikm» éclaire ainsi sur le sens d'une mutation généralisée, et propose une traversée à l'intérieur de ces« corps étrangers » et fluctuant de connexions au monde.





Ever since he started his career as a solo artist back in 1992, eRikm has instinctively followed a relatively unusual, even risky, career path.
Taking off from his interest in visual arts and his first musical experience as a rock guitarist, he first appeared on the scene with his virtuoso turntabling, then as a composer of electro-acoustic music, exploring the technological media that becomes a musical instrument in its own right, and, juggling with the subtle abstraction of modern technologies, escaping from the electronic scene.
This is experimental music : not in the usual sense of abstract avant-garde research, but as a sensitive practice always taking its lead from the musical - the instrumental - act, and open to all surprises along the way.
The originality of his style stems from the duality between his experimentations with the material of sound, its envelope and its tessiture, and his work and taste for the anecdote, the reference, the richness of the sonic materials generated during live performances (from references to noise), and the capacity to deploy these materials in vast and elaborate processes.
The energy developed is not a simple "effect", but is integrated in a musical logic, an inclination towards the "catastrophe".
eRikm is now deinitely a member of the family of musicians/composers most able to define the relationship between popular music and academia, hiding behind none of the masks of demagogy or cultural camouflage.
From the application of his experiences in the arts of sound, eRikm has brought to the fore a singular material that resonates throughout his other work in video and the visual arts.
eRikm is now approaching a subtle abstraction, a new electronic position : like a pause amongst modern sonic agitation, in opposition to it, with a desire to weave a musical oeuvre whose intricacies can be followed with ease, leading the listener into the vistas of his composition, without exaggerated technical or intellectual posturings.