STAUTH & QUEYREL 

COURRIER DES LECTEURS

Le 5 octobre 1994

Nous ne nous connaissons pas. J'ai eu entre les mains cet été "Des Costumes Pour Marseille". Je suis un(e) artiste. Je travaille anonymement. Je souscris à l'acte, sans signature…
J'aimerais faire plus.
Je vous soumets un projet, qui serait, le cas échéant. suivi par un ou une assistante sur place, une personne qui connait bien mon travail et qui serait un relais.
Je pense que votre proposition peut susciter une seule souscription, nécessaire et suffisante. Mais la réalisation, l'action, la concrétisation m'intéressent, d'autant plus que je me positionne comme un individu, un être humain, parmi d'autres, qui ne mets pas en avant son nom mais son oeuvre (sans prétention). L'engagement est digne d'intérêt comme vous le soulignez.
Mon travail peut prendre diverses formes.
Ici il s'agirait de tissu écrit.
Des morceaux de tissu , identiques dans la matière et la couleur, d'environ 30 x 20 cm, de formats légèrement différents (de préférence sans angle droit, mais presque tous identiques) seraient mis à disposition du public dans plusieurs endroits à Marseille pendant un mois (lieux divers mais ayant tous un accueil…) Ces morceaux seraient l'équivalent de la page blanche. Le public serait invité à y écrire quelques mots (ou phrase.) et à l'envoyer, ou le déposer à un endroit bien connu des marseillais ou dans le lieu même où ils l'auraient trouvé. Je constituerais le mois suivant avec ces éléments un costume, un vêtement… La liste des mots inscrits sur le tissu seraient mis à disposition du public lors de l'exposition (s'il y en a une ! ) ou de la présentation du travail. Je ne connais pas la forme du "costume" parce qu'elle dépendra beaucoup des mots, leur sens, leur quantité. Cette liste pourra être lue par tous ceux qui le désirent (par fragment ou complètement) grâce à une sculpture haut parleur qui serait présentée avec le vêtement.
Le "costume" ne serait pas sur un mannequin mais sur une structure schématique du corps humain, non visible pour le spectateur. Je m'intéresse au public.
De nombreux points peuvent être éclaircis. Mais j'aimerais dans un premier temps connaître votre réaction à cette proposition à la proposition étant donné que la contribution à l'exposition relève de la libre intelligence de la proposition.
Inutile de vous dire que la mise en place de ce projet est assez urgente (questions pratiques !). Si vous portez un quelconque intérêt à cette lettre, je vous transmettrai une adresse de poste restante en vous téléphonant dans quelques jours. Ces précautions ne font pas partie d'un jeu de cache-cache, car il ne s'agit pas pour moi de seulement dissimuler mon nom mais de trouver une forme. Une action… de travail.

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