STAUTH & QUEYREL 

SIA BÔ, SIA CÔ,
SIA PROVENCÔ


Nous sommes en l’an 1 après Munich (1) [en 1994 pour les incultes ou pire, les Français ! (2)]. La Provence est de plus en plus envahie par les Français. Toute la Provence ? Non ! Une ville fière et rebelle résiste depuis la nuit des temps et ne se rendra jamais. Cette ville c’est Marseille.

LE TRÉSOR
Marseille, bercée par le soleil et la mer. Son nom rayonne sur l’Europe et rayonnait déjà au temps de Protis et de Pythéas, tandis que leurs ancêtres les Gaulois couraient se réfugier dans leurs cavernes pour échapper aux monstres de Jurassic Park. A Massilia, fleurissait le commerce des essences rares, des épices et des tissus précieux. C’était il y a encore très peu de temps, il y a à peu près 4600 ans. En ce temps là, Marseille était déjà dotée du tout-à-l’égout et de tout le confort moderne, tandis que dans le Nord, dans la cuvette, oh pardon !, le bassin parisien, on courait pour échapper à son petit déjeuner et, comme dans la Guerre du Feu, les ancêtres de Clovis, en même temps que la pierre à feu, découvraient l’amour.
Dans cette ville bénie des Dieux, il est un quartier qui voit tous les quinze jours sa population grandir de 15 à 35000 âmes : c’est le quartier du Stade Vélodrome. Le Stade Vélodrome, écrin d’une perle : l’Olympique de Marseille. L’olympe du football, c’est aussi ici, à Marseille. 10 fois champion des Gaules, 10 coupes de , une coupe d’Europe (la première en France) et le meilleur public. Cette équipe avec son histoire et son avenir, nous fait nous surpasser, nous sublimer et mettre le feu partout où nous passons car où passe la horde marseillaise, l’herbe ne repousse plus.

LA JALOUSIE
Cette suprématie et ce rayonnement ont toujours fait des jaloux (3). Vous savez, ces êtres ressemblant à des gnomes, petits avec des grandes oreilles, blancs comme des frigidaires et sentant fort des pieds.
Si ! Si ! Rappelez-vous, ils débarquent chez nous de juin à septembre pour bronzer avec notre soleil, nous laisser leurs Devises, pourrir nos plages avec leurs détritus ou mettre le feu à nos pinèdes. Mais si !..., ils ont des chariots avec des chevaux vapeur. A l’arrière, ils ont un F qui veut dire, ils sont immatriculés 69, 42, 59, 33 ou pire 75. Ils ont des bermudas fluos, des tricots de corps sans manche, la R12 chargée jusqu’à la gueule. Et sur le chemin, ils abandonnent le chien et laissent Mamie à l’hospice, à moins que ce ne soit le contraire… Essayant de se gaver en trois semaines de ce avec quoi nous nous délectons 365 jours sur 365, ils nous envient la mer, le soleil, le beau temps, le pastagua, l’aïoli, les boules, les jolies gonzesses et l’OM, notre Hoême. Cette jalousie et le fait qu’on nous prête une réputation qui ne nous ressemble pas ou plus, a fait naître en nous un vent de révolte et une certaine envie d’indépendance pour notre belle ville et notre fantastique Provence.

L’ATTAQUE ET LA CONTRE-ATTAQUE
Nous avions un climat, une façon de vivre, une culture que tout le monde nous enviait. Mais heureusement ils ne pouvaient pas nous l’enlever, alors ils faisaient contre mauvaise fortune bon cœur ; nous avions (et avons toujours) un club de football illuminant l’Europe, faisant rêver tout le vieux continent, ayant les plus beaux et les plus chauds des supporters, prêts à traverser le monde pour pousser son équipe, notre équipe au plus haut. Et nous avons eu le bonheur pour nous, le malheur pour eux, de la gagner cette coupe d’Europe. Le 26/05/93, jour de gloire pour toute la Provence, sonna aussi le rappel de toutes ces hyènes, pour qui cela en était trop. Alors ils ont frappé, tranché, sanctionné... Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que cette sanction décuplerait notre envie, notre foi et notre ferveur et du plus profond de l’abîme, français, ne te voiles pas la face, Mars…eille contre-attaque.

À TOUT JAMAIS
Si, dans cette profession de foi que vous venez de lire, vous arrivez à comprendre l’amour que nous portons à notre région, notre ville et notre club, peut-être arriverez-vous à comprendre notre démarche et la présence de certains de nos drapeaux dans cette exposition (4). Qui n’est pas marseillais et ne voit pas sous ses yeux, jours après jours, mourir sa ville, qui n’a pas pleuré de joie avec l’OM puis pleuré de rage après les sanctions, ne pourra peut-être pas comprendre pourquoi nous voulons si fort qu’on nous lache une bonne fois un peu la grappe. Nous dépensons assez d’énergie, de temps, d’argent à nos trois passions et que nous pouvons, sans aucune prétention, nous déclarer fiers d’être marseillais, fiers d’être provençaux, fiers de notre Olympique. Il y a un chant qui court les gradins du stade Vélodrome, qui résume tout ce que nous venons de dire :
Non, jamais nous ne te laisserons
Car, dans nos cœurs tu es champion,
Nous reviendrons.

Eric Lacroix


(1) Munich : 26/05/93, l’Olympique de Marseille bat le Milan AC par 1 à 0 et devient le premier club provençal à gagner une coupe, la plus belle, la coupe d’Europe. Inventée par les français, il y a plus de 30 ans, elle lui a tourné le dos jusqu’à ce que nous prenions les choses en main.
(2) Français : espèce de nain, souvent représenté avec un béret et une baguette de pain. Mange des escargots et des cuisses de grenouilles. Est aussi fier que son emblème le coq (gaulois) qui, comme son admirateur, est le seul être vivant à chanter les deux pieds dans la merde !!!
(3) Bordelais, stephanoua, lyonnais, parigots, lillois et autres bouffons, heu pardon ! bourguignons !
(4) Exposition « DCPM ».

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