STAUTH & QUEYREL 

“DES COSTUMES POUR MARSEILLE” BULLETIN N°1, JUIN 1994.
Une lecture du manifeste de P. Stauth et C. Queyrel “Des Costumes Pour Marseille“
Par Florence Bouvet


À l'origine est une PROPOSITION.
Éric Mangion, Directeur du Fond Régional d'Art Contemporain (Provence-Alpes-Côte d'Azur), propose à deux artistes vivant et travaillant à Marseille, Pascale Stauth et Claude Queyrel, d'exposer dans ses murs. Exposition monographique. Proposition institutionnelle.
Stauth et Queyrel voient l'idée d'une œuvre : reconduire la proposition, l'adresser à leur tour. Mieux, la projeter hors des milieux et des institutions artistiques. Stauth et Queyrel sont des empêcheurs de tourner en rond.
La proposition est rendue PUBLIQUE.

LES HISTOIRES QUI PEUVENT TOUCHER LE PUBLIC SONT CELLES AUXQUELLES LE PUBLIC PEUT PARTICIPER… ET C'EST EN ME SOUVENANT DE CETTE VÉRITÉ PREMIÈRE QUE J'AI RÉALISÉ LA MARSEILLAISE, QUI ÉVOQUE LE DRAME LE PLUS ÉMOUVANT DES TEMPS MODERNES : LA FIN DE LA ROYAUTÉ !
JEAN RENOIR, ÉCRITS

Car il s'agit d'ouvrir le champ des arts plastiques. À quelque monde qu'elle appartienne, TOUTE PERSONNE qui adhère librement à la proposition s'y trouve dès lors associée.
Mais il ne s'agit pas d'imposer une vision : continuer la proposition, c'est inventer un espace de partage absolu où l'autorité ni la paternité ne peuvent plus être revendiquées. Non plus qu'une commune appartenance. Chacun est mis à contribution. Toute contribution s'expose autant qu'elle expose la proposition.
La proposition donne lieu à une EXPOSITION. Naturellement collective.
La traduction plastique de ce LIEU COMMUN suppose la mise à jour d'un objet universel et quotidien.
La libre circulation de la proposition requiert une mise en question de tous les codes particuliers : l'objet doit être transparent. Immédiatement identifiable.
Voire, s'il se peut, incarner l'opposition de l'un et du multiple, de l'intérieur et de l'extérieur - ni plus ni moins que l'interface de deux univers. Car le partage est la tension bien comprise entre soi et l'autre que soi.
Le COSTUME est cet objet.
Parce qu'à travers lui tous s'exposent chaque jour au regard des autres. Parce que sa lisibilité est à la portée de tous. Parce qu'en identifiant celui qui le porte, il le sépare des autres.
Vitrine de l'individu dont la transparence expose et tient à distance, le costume est l'objet de l'exposition.

D'APPARAT, CARNAVALESQUE, CORPORATIF, FOLKLORIQUE, PROFESSIONNEL OU ENCORE THÉATRAL, IL Y SERAIT QUESTION DU COSTUME D'ADAM ET DE LA TENUE D'ÈVE.
JEAN-CHARLES AGBOTON-JUMEAU, (À PARAÎTRE).

Quel lieu commun porte-t-on sur soi comme le costume sinon Marseille ? Marseille est la parure de son peuple. Cette ville à fleur de peau.
Quelle autre cité se fait meilleure interface, plus libre espace de partage que Marseille, qui se glisse dans les interstices des milieux et des chronologies, des urbanismes ou des architectures, des pires hétérogénéités pour s'agréger un peuple ? Son peuple est le ciment de Marseille.
À chercher l'intériorité derrière l'extraversion des caractères, l'étranger ne trouvera rien moins que Marseille.
Marseille est cet « entre » dont l'ailleurs se sert comme d'un outil pour opérer des distinctions.
DANS LES BÉANCES ET LES VIDES SE COMPOSE ET SE RECOMPOSE EN SILENCE UNE URBANITÉ MINEURE OÙ LA PROXIMITÉ DES PUBLICS LE CHOC DES CULTURES RENDENT IMPOSSIBLE L'INVISIBILITÉ DE L'AUTRE.
MICHEL PÉRALDI, MARSEILLE OU LE PRÉSENT INCERTAIN.


NOUS SERONS TOUS FOUTUS D'AVOIR UTILISÉ L'AFRICAIN COMME MANŒUVRE ALORS QU'ILS POUVAIENT CHANGER LES PLUS VILES MATIÈRES EN MERVEILLES. […] NOUS AURIONS DÛ ALLER LES CIRER LEURS SOULIERS SI NOUS VOULIONS QU'ILS EN PORTENT.
GASTON CHAISSAC, HIPPOBOSQUE AU BOCAGE.

On a beau vouloir abolir Marseille, réduire son anarchie, annuler sa mémoire: elle ne s'en élève pas plus de monument. Car LE MONUMENT DE MARSEILLE, C'EST SON PEUPLE.
Ville excentrique. Parce qu'excentrée : l'exposition pose la réalité géopolitique de sa situation. Elle propose l'expansion de l'art hors des murs, son extension entre centre et périphérie.
L'exposition s'intitule “DES COSTUMES POUR MARSEILLE”. Elle aura lieu fin 94 à Marseille.
En quel lieu ? Où l'on peut METTRE EN ŒUVRE un nouveau déplacement ; au Musée du Costume, par exemple. Car ici l'on fomente une action : il se forme au grand jour de l'anonymat un réseau de résistance à tout ce qui prétend accaparer la CHOSE PLASTIQUE.
Ce réseau est une liste de CONTRIBUTIONS. Plus ou moins formalisées.

L'ANONYMAT A TOUJOURS RÉGNÉ DANS LES GRANDES ÉPOQUES. […] PLUS UNE CHOSE EST LOCALE, PLUS ELLE EST UNIVERSELLE. D'OÙ L'IMPORTANCE DE L'ART POPULAIRE: IL Y A UNE GRANDE UNITÉ ENTRE LES SIFFLETS DE MAJORQUE ET LES CHOSES GRECQUES.
JOAN MIRÓ, PROPOS.

LE FASCISME OU L'HITLÉRISME ONT PEUT-ÊTRE D'AUTRES AVANTAGES QUE J'IGNORE. MAIS IL EST UN FAIT : C'EST QU'ILS HABILLENT MAL. ILS FONT PERDRE À LEURS SECTATEURS CE GOÛT DE L'AISANCE ARISTOCRATIQUE, HEUREUSEMENT SI TENACE ENCORE DANS LA CLASSE OUVRIÈRE DE TOUS LES PAYS.
JEAN RENOIR, ÉCRITS.

Au fil des échanges, “Des costumes pour Marseille” s'agrège un obscur peuple de noms.
Ce n'est rien d'autre qu'un GÉNÉRIQUE.
Qui rend manifeste l'accessibilité de l'art : la seule lecture de l'affiche projette dans l'espace de la proposition. Vaut SOUSCRIPTION au titre. Il n'y faut pas plus de temps ni d'application qu'au prodige de la rencontre. Ainsi du saisissement.
Toutes les contributions réfléchissent la proposition, en LIBRE INTELLIGENCE, libre interprétation. Pourvu qu'elles recréent, il y a chaque fois recréation. Car il s'agit d'animer. De mettre en circulation. Et faire place au souffle.
Les interstices du langage, ses espaces de respiration révèlent la plurivocité de la proposition.
Chaque élément de l'affiche cache des abîmes de sens que les formules lapidaires du présent texte découvrent à peine. Les conditions de l'écriture ne sont pas seules en cause : le langage y rencontre les limites de sa fixité.
Ceci n'en demeure pas moins une contribution qui se veut lecture personnelle de l'affiche.

IL N'EST PAS DU TOUT MAUVAIS QUE LE POÈME MODERNE NE SOIT PAS ACCESSIBLE À TOUT UN CHACUN - IL EST FÂCHEUX, EN REVANCHE, QUE CE SOIT LA COMMUNION STRICTEMENT UNILATÉRALE ENTRE MONDES IDENTIQUES ET GENS IDENTIQUES, QUI LE SUSCITE ! […] ET SI JE N'ÉCRIS PAS POUR LE PEUPLE, J'ÉCRIS POURTANT COMME QUELQU'UN QUI EST MENACÉ PAR LE PEUPLE OU QUI EN DÉPEND, OU QUI EST CRÉÉ PAR LUI.
WITOLD GOMBROWICZ, CONTRE LES POÈTES.

La démarche est exemplaire : il se constitue une COLLECTION sur le principe de l'adhésion. Librement consentie. Elle expose le délit d'initié : le voile est levé.
DONT ACTE.
Participer à la collection, c'est faire acte de déclaration universelle des droits artistiques. Verser l'art plastique au dossier des affaires publiques.
Les participants se constituent en une association qui garantisse l'élargissement du domaine public.
Revue d'association, instrument de publication et d'annonce, ce bulletin précède et prévient tout élitisme de la diffusion.
La collection RASSEMBLE toutes les contributions.
Elle est inaliénable autrement qu'en totalité. UNE ET INDIVISIBLE: on ne partage pas l'espace du partage.
Elle assume tous les risques, tous les trébuchements - l'art se nourrit de tout et de tous pour ne produire jamais ce qu'en attend chacun : marcher n'est après tout qu'une tentative à chaque pas reconduite de retrouver l'équilibre ; après tout, chaque pas verse dans l'inconnu.
Quoiqu'on en veuille, l'acte est un ENGAGEMENT.

UN DES PROVERBES LES PLUS DANGEREUX EST CELUI QUI DIT QUE “IL NE FAUT PAS JUGER LES GENS SUR LA MINE”. […] C'EST LA CROYANCE DANS CE PROVERBE QUI FAIT QUE, LES PETITS ÉPARGNANTS APPORTENT NAÎVEMENT LEUR ARGENT À DES BANQUIERS SANS SCRUPULES. CES BANQUIERS ONT, EN GÉNÉRAL, UNE SALE TÊTE.
JEAN RENOIR, ÉCRITS.

La proposition dévoile ce qu'elle est : un processus de dévoilement.

LA PENSÉE POSSÈDE UN MOMENT D'UNIVERSALITÉ : CE QUI FUT BIEN PENSÉ SERA NECESSAIREMENT PENSÉ, EN UN AUTRE LIEU ET PAR QUELQU'UN D'AUTRE : CETTE CERTITUDE ACCOMPAGNE LA PENSÉE LA PLUS SOLITAIRE ET IMPUISSANTE.
THEODOR W. ADORNO, REMARQUES SUR LA THÉORIE CRITIQUE.

IL SE PEUT QUE CE LIVRE NE SOIT COMPRIS QUE PAR CELUI QUI AURA LUI-MÊME, DEJA PENSÉ LES PENSÉES QUI Y SONT EXPRIMÉES – OU DES PENSÉES ANALOGUES.
LUDWIG WITTGENSTEIN, TRACTACUS LOGICO-PHILOSOPHICUS.

Puisqu'elle suppose qu'il faille tout inventer dans l'instant, la proposition est tout œuvre. Plastique. Voilà qui est manifeste.
La proposition se suffit à elle-même.
Dès lors l'exposition n'a pas lieu d'être.

Florence Bouvet, 1994
 
“COSTUMES FOR MARSEILLES”, BULLETIN N°1, JUNE 1994

At the origin lies a PROPOSITION.
Eric Mangion, Director of the Provence-Alpes-Côte d’Azur Regional Contemporary Art Fund (FRAC), makes a proposition to two live and work in Marseilles. He invites them to put on an exhibition at the FRAC. The exhibition will be monographic. The proposition is institutional.
Stauth and Queyrel steal the idea for a work : renew the proposition, and address it in their own way. Or rather, project it beyond artistic circles and institutions. Stauth and Queyrel are wolves in sheep’s clothing, who upset apple-carts.
The proposition is made PUBLIC.

STORIES THAT CAN AFFECT THE PUBLIC ARE STORIES IN WHICH THE PUBLIC CAN TAKE PART ... AND IT WAS WITH THIS BASIC TRUTH UPPERMOST IN MY MIND THAT I MADE LA MARSEILLAISE, WHICH IS ABOUT THE MOST STIRRING DRAMA OF MODERN TIMES-- THE END OF ROYALTY !
JEAN RENOIR, ÉCRITS

For what is involved here is a broadening of the scope of the plastic arts. No matter what world people belong to, EVERYONE who freely subscribes to the proposition is henceforth part of it .
What is not involved, on the other hand, is the imposition of a vision. Extending the proposition is to invent a space that is shared, in an absolute sense, a place where no claim may be made to authority or authorship. Any more than common membership.
Everyone becomes a contributor. Each contribution is revealed to the extend that it reveals the proposition.
The proposition gives rise to an EXHIBITION -a group show, needless to add.
The plastic translation of this COMMONPLACE presupposes the revelation of a universal, humdrum object.
The free circulation of the proposition calls for a questioning of all the individual codes. The object must be transparent, and straightaway identifiable.
Indeed, if it is possible, it should embody the contrast between one and many, inner and outer --the interface of two world, no more and no less. Because sharing is the clearly grasped tension between the self and what is not the self.
THE COSTUME is this object.
Because, day in day out, people expose themselves to other people’s eyes by way of costumes. Because the way a costume can be interpreted is accessible to everyone. Because when the wearer of the costume is identified, it is the costume that separates him or her from other people
The costume is like a display-case for the individual. Its transparency at once reveals him and keeps him at a distance. As such, the costume is the object of the exhibition.

AS A DISPLAY, BE IT CARNIVAL-LIKE, CORPORATE FOLKLORIC, PROFESSIONAL OR EVEN THEATRICAL, AT ISSUE IS ADAM’S COSTUME AND EVE’S DRESS.
JEAN-CHARLES AGBOTON-JUMEAU (PUBLICATION FORTHCOMING)

What commonplace do we ourselves wear like a costume, if not Marseilles ? Marseilles, a hyper-sensitive, surface city, is the apparel other city creates a interface, and a freer shared space, than Marseilles, which steals into the interstices of surroundings and chronologies, town-planning and architecture, and the most extreme kind of heterogeneity, and in so doing binds a citizenry together ? Marseilles’ people is its cement.
When it comes to seeking out the inwardness behind the extrovertedness of characters, the stranger will find nothing less than Marseilles itself. Marseilles is the “in-between” which the elsewhere adopts as a tool for making distinctions.

IN THE GAPS AND VOIDS A LESSER URBANITY IS SILENTLY FORMED AND RE-FORMED, IN WHICH THE PROXIMITY OF DIFFERENT KINDS OF PUBLIC AND THE CLASH OF CULTURES MAKES IT IMPOSSIBLE FOR THE OTHER TO REMAIN INVISIBLE.
MICHEL PERALDI, MARSEILLE OU LE PRÉSENT INCERTAIN

WE SHALL ALL BE DONE FOR FOR HAVING USED AFRICANS AS LABOURERS WHEN THEY COULD HAVE TURNED THE UGLIEST OF MATERIALS INTO WONDERFUL THINGS (...) WE SHOULD HAVE GONE TO POLISH THEIR SHOES IF WE WANTED THEM TO WEAR ANY.
GASTON CHAISSAC, HIPPOBOSQUE AU BOCAGE

People have tried in vain to get rid of Marseilles, lessen its anarchy, and erase its memory. For all this, Marseilles does not go about erecting monuments to itself. Because MARSEILLES’ MONUMENT IS ITS PEOPLE.

It is an eccentric city. Because it is off-centre, its exposition establishes the geopolitical reality of its situation. It offers an expansion of art beyond its walls, an artistic extension between downtown and outskirts.
The exhibition is called “COSTUMES FOR MARSEILLES”. It will be held in Marseilles in late 1994.
where ? wherever it will be possible to IMPLEMENT a new shift--in the costume Museum, for example.
For here there is a call to action. In the broad daylight of anonymity, a network of resistance is taking shape--resistance to everything that claims to have a hold on the PLASTIC THING.
This network is a list of CONTRIBUTIONS, some more formal than others.

ANONYMITY HAS ALWAYS HELD SWAY IN GREAT ERAS. (...) THE MORE LOCAL SOMETHING IS, THE UNIVERSAL IT IS. WHICH EXPLAINS THE IMPORTANCE OF POPULAR ART. THERE IS GREAT UNITY BETWEEN MAJORCAN WHISTLES AND THINGS GREEK.
JOAN MIRÓ, PROPOS

FASCISM AND HITLERISM MAY PERHAPS HAVE OTHER ADVANTAGES THAT I DON’T KNOW ABOUT. BUT ONE THING IS FOR SURE : THEY DRESS BADLY.
THEY CAUSE THEIR FOLLOWERS TO LOSE THAT TASTE FOR ARISTOCRATIC EASE THAT IS FORTUNATELY STILL SO PERSISTENT AMONG THE WORKING CLASS OF ALL COUNTRIES.
JEAN RENOIR, ÉCRITS

As exchanges are made, “Costumes for Marseilles” joins together an obscure people of names.
It is nothing other than a SCREEN CREDIT.
One that clearly reveals the accessibility of art. A mere reading of the poster projects it into the space of the proposition.
Tantamount to a SUBSCRIPTION to the title. It does not require any more time or application than the wonder of encounter. Thence of trill.
All the contributions reflect the proposition, with FREE-RANGING INTELLIGENCE, and free interpretation. Provided that they recreate, there will always be recreation. For what is involved is stirring things up. Getting things to circulate. And making room for verve.
The interstices of language, and its breathing space, reveal the many-voiced nature of the proposition.
Every item in the poster conceals chasms of meaning which the succinct formulae of this text barely uncover.
The conditions of writing are not the only thing up for question.
Here, language comes up against the limits of its fixedness.
This is no less of a contribution, intended as a personal reading of the poster.

IT IS NOT AT ALL A BAD THING THAT THE MODERN POEM IS NOT ACCESSIBLE TO EVERY TOM, DICK AND HARRY. ON THE OTHER HAND, IT IS A NUISANCE THAT THE MODERN POEM SPRINGS FROM THE STRICTLY ONE-SIDED COMMUNION BETWEEN IDENTICAL WORLDS AND IDENTICAL PEOPLE ! [...] AND IF I DO NOT WRITE FOR THE PEOPLE, I NEVERTHELESS WRITE AS SOMEBODY WHO IS THREATENED BY THE PEOPLE, OR WHO RELIES ON THE PEOPLE, OR WHO IS CREATED BY THE PEOPLE.
WITOLD GOMBROWICZ, AGAINST THE POETS

The approach is exemplary. A COLLECTION is put together, based on the principle of membership. Freely agreed to. It reveals the misdemeanour of the initiated. The veil is lifted.
FOR THE RECORD.

To take part in the collection is to submit a universal declaration of artistic rights. Add plastic art to the public affairs file.
Those taking part are forming an association which will guarantee the enlargement of the public domain.
As an association review, serving as both publication and advertisement , this bulletin anticipates and prevents any elitism in the matter of distribution.
The collection MUSTERS all the contributions.
It is inalienable other than as a whole. ONE AND INDIVISIBLE. The shared space is not divided up. it takes responsibility for all risks and all stumbling-blocks. Art is fuelled by everything and everyone, and never produces what each person expects from it. After all, walking is merely an attempt to re-establish one’s balance after each step taken. After all, each step is heading for the unknown.
No matter what people might want, the act is a COMMITMENT.

ONE OF THE MOST DANGEROUS PROVERBS IS THE ONE THAT SAYS “YOU MUST NOT JUDGE PEOPLE BY THEIR LOOK”. [...] IT IS THEIR BELIEF IN THIS PROVERB WHICH MAKES SMALL-TIME SAVERS NAIVELY TAKE THEIR MONEY TO UNSCRUPULOUS BANKERS. AS A RULE, THESE BANKERS ARE NASTY-LOOKING PEOPLE.
JEAN RENOIR, ÉCRITS

The proposition unveils what it is--a process of unveiling.

THOUGHT CONTAINS A MOMENT OF UNIVERSALITY, WHAT HAS BEEN DULY AND PROPERLY THOUGHT WILL OF NECESSITY BE THOUGHT, IN ANOTHER PLACE AND BY SOMEONE ELSE. THIS CERTAINTY ACCOMPANIES THE MOST SOLITARY AND IMPOTENT OF THOUGHTS.
LUDWIG WITTGENSTEIN, TRACTACUS LOGICO-PHILOSOPHICUS

In so much as the proposition presupposes that everything must be invented on the spur of the moment, it is a complete work.
Plastic. This much is clear.

The proposition is sufficient unto itself.
Henceforth the exhibition has no good reason for being.

Florence Bouvet

[Note : the quotations in the text are all freely translated. SP.]

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