Ben SAINT-MAXENT 

JE SUIS CELUI QUI
JE SAIS QUI TU ES

JE SUIS CELUI QUI PASSE BEAUCOUP DE TEMPS À REMUER LE PASSÉ
POUR RACONTER DES HISTOIRES DE FIGURES MANQUANTES
ET LA NOSTALGIE D'UNE EXISTENCE PROCHE DE LA NATURE

JE SUIS CELUI QUI PASSE AUSSI BEAUCOUP DE TEMPS À PENSER
AUX HUMEURS TOURNANTES
ET AUX TENTATIVES D'EFFUSIONS COLLECTIVES

J'AI VOYAGÉ TRÈS LOIN ET JUSTE À CÔTÉ
POUR NOURRIR CES PENSÉES
ET ÉCRIRE DES TEXTES OÙ SE CONFONDENT
OBSERVATIONS DE L'ENVIRONNEMENT
ET MÉDITATIONS INTROSPECTIVES

J'AI FAIT ÇA UN PEU PARTOUT
EN AMÉRIQUE LATINE BEAUCOUP
EN ROUMANIE ET EN ITALIE UN PEU
DE NOUVEAU BEAUCOUP EN CHINE
DE PLUS EN PLUS À MARSEILLE
ET PAS AUTANT QUE JE LE VOUDRAIS AU MAROC

AUJOURD'HUI JE SUIS CELUI QUI
A ARRÊTÉ DE SE CHERCHER LÀ
OÙ IL N'ÉTAIT PAS
ET QUI ÉCRIT DE NOUVEAU SUR LE VILLAGE
ET LES FÊTES EN FORÊT
JE PENSE ADIEU LA POÉSIE
ET RÉÉCRIS CES ANECDOTES
QUI DEVIENDRONT LE SCRIPT
D'UN ESPACE SUBJECTIF PARTAGÉ
OÙ S'ÉTABLISSENT DES CORRESPONDANCES
ENTRE UNE MULTITUDE D'EXISTENCES








Fleurir les pénombres


Permettez-moi de débuter ce texte par une bifurcation, me conduisant avant d'évoquer le travail de Ben Saint-Maxent à en convoquer un autre, pourtant relativement éloigné. Il y a de cela quelques années, l'artiste française Camille Henrot proposait à la galerie Kamel Mennour une exposition personnelle dont le titre, je m'en souviens clairement, n'avait à l'époque pas manqué de piquer ma curiosité. « Est-il possible d'être révolutionnaire et d'aimer les fleurs ? »1 demandait alors celle qui, quelques mois plus tard, allait recevoir le prestigieux Lion d'Argent de la Biennale de Venise. Dans la galerie de Saint-Germain-des-Prés, la question trouvait une possible résolution en un ensemble d'ikebanas – ces complexes compositions florales japonaises – dont chacun faisait référence à l'oeuvre d'auteurs qui, d'après les mots-mêmes de l'artiste « portent un regard éthique sur le monde, tout en le prenant à bras le corps. »2 Aussi éloquentes et séduisantes que furent ces natures mortes combinées à différents types d'objets usuels (tuyaux, parpaings, ou pots plus ou moins designés...), à peu près tout ce qui me reste désormais de cette exposition est contenu dans ce titre interrogatif et à son habile association de concepts. Comme le dirait Vinciane Despret, il y avait là une « bonne question » : de celles qu'on ne pense pas nécessairement à se poser mais qui, une fois formulées, donnent matière à réfléchir. Comment, il est vrai, s'adonner à une passion en apparence aussi futile sans entraver la droiture nécessaire à l'expression d'une pensée politique radicale ?

Je ne sais pas si Ben Saint-Maxent est révolutionnaire, mais je crois sincèrement que lui aussi porte un regard éthique sur le monde – et que cela ne se limite pas à des prises de position complaisantes à vrai dire. Je sais aussi qu'il aime les fleurs. Il les aime à tel point qu'il en met d'ailleurs un peu partout : sur les réseaux sociaux (où il se pare régulièrement de leurs atours colorés, sous le pseudo de Tournesol Ben), en signature de ses e-mail, sur son site dont le curseur prend la forme d'une élégante pâquerette, dans son petit jardin niché sur les hauteurs de la Belle de Mai et, bien entendu, dans ses expositions. La dernière en date, Everybody, installée dans un espace vitré de la Cité Radieuse à Marseille consistait justement en cela : une exposition de fleurs, dont je ne m'aventurerais pas à indiquer les variétés, mais qui de loin paraissaient plutôt banales malgré leurs tailles – du genre de celles qu'on ramasse le long des routes, l'été. En guise de vases, c'est dans des baskets usagées posées verticalement que leurs tiges épaisses pénétraient, traversant le contrefort pour se loger dans le bout. Quelque chose d'une greffe contre-nature s'effectuait dans ce rapprochement : celle, évidemment, d'une matière vivante plongée dans un accessoire manufacturé destiné à devenir l'écrin brandé de son flétrissement ; celle, encore, d'une culture urbaine transpercée par ce qui pourrait apparaître comme son refoulé champêtre et organique. Mais plus que des aberrations ou des règlements de comptes, ce que l'artiste nous livrait ici ressemblait davantage à des hommages. Pour preuves, ce poème écrit en lettres capitales, scotché contre les vitres donnant sur l'espace d'exposition :

« J'AI PRIS LA SOLITUDE
EN AMITIÉ
DEPUIS QUE MES FRÈRES
SE SONT FOURVOYÉS
DANS LE SPECTACULAIRE
LA SORTIE PAR LA GRANDE PORTE
S'IL NE DOIT Y EN AVOIR QU'UNE
CE SERA LA PLUS BELLE
LA PLUS INTENSE
LA PLUS INVENTIVE
LA PLUS PERCUTANTE
PLUS FOLLE QUE CELLES
QUE L'ON VOIT AU CINÉMA
IL FAUT MARQUER LES ESPRITS
ÉCRIRE UN STATEMENT PAR LE SANG
CASSER L'ÉPHÉMÉRITÉ DE LA ROSE
ET S'INSTALLER DANS LES PENSÉES
TEL UN ROCHER »

Les godasses avaient donc fleuri pour commémorer ces existences dont nous ignorons tout, et désormais comme symboliquement échouées dans l'exposition. De la même manière, quelques mois plus tôt, avaient déjà fleuri des capsules de protoxyde d'azote dispersées au sol de l'installation Adieu la poésie. Pas de verticalité célébrative cette fois : les contenants détournés en micro réservoirs à eau ayant été renvoyés à leur habituel rejet post-usage. La vidéo qui tournait derrière, dont Ben Saint-Maxent a aussi composé la musique – semblable à une techno clapotante ou étouffée, diffusait des images de free party, auxquelles faisaient au même titre référence les superpositions d'enceintes qui l'entouraient. Sur la projection, les corps dansants cadrés de près formaient une assemblée bigarrée et anonyme rendue aux gestes universels de la fête. Mais l'ambiance générale de l'installation, elle, ne semblait pas totalement s'y mêler. Était-ce dû aux rythmes désaccordés, qui faisaient balancer les bras et les jambes dans la vidéo sans qu'aucun véritable rapport ne s'établisse avec la musique ? Ou à la lumière rouge qui nimbait cet espace, et donnait aux capsules d'aluminium des reflets incandescents ? Les mots de l'artiste, là encore affichés dans le lieu, soulignaient à nouveau cette mélancolie, continuant d'inscrire le travail dans un registre mémoriel.

« TU SUIS MES MOUVEMENTS
COMME UN FANTÔME
JE DANSE L'HABITUDE
ET LA NOSTALGIE »3

Si toutes ces fleurs viennent évidemment marquer, dans ce travail comme dans les cérémonies les plus officielles, la trace vivace du souvenir, elles n'en restent pas moins liées à un ensemble d'objets qui communément ne servent pas de support aux commémorations. Les baskets usagées, que Ben Saint-Maxent trouve sur le chemin qui le ramène chez lui, ou les capsules de gaz hilarant qui jonchent les caniveaux apparaissent ainsi comme les attributs ordinaires d'une certaine jeunesse. Une jeunesse qui ne lui est évidemment pas étrangère, et qu'il ne caricature donc pas, mais à laquelle il signale son attachement intime. Et c'est peut-être à cet endroit de l'intime – ou disons, de manière plus nuancée, d'une proximité affective qui n'est pas feinte – que la pratique de l'artiste se distingue d'autres plus pompeuses ou grandiloquentes. En ce sens, au même titre qu'un nombre croissant d'artistes visibles actuellement sur la scène française, il appartient à une génération pour qui les enjeux formels sont mis au service de l'expression, plus ou moins affirmée, de ce qui les unit à leurs contextes de vie.

On sait, bien sûr, que les artistes sont, de facto, imprégné·e·s de l'époque qu'ils et elles traversent, et que cette humeur du temps agit dans l'oeuvre par des biais divers – sans pour autant que cela fasse toujours l'objet d'un positionnement manifeste. Les contextes de vie auxquels je fais référence sont donc ceux d'un présent vécu, et partagé, avec celles et ceux qui constituent une communauté qui n'en porte pas le nom, mais avec qui se construisent continuellement de nouvelles manières d'appréhender le quotidien. Il s'y formulent autant de propositions critiques que d'idéaux différents de ceux ayant scellé les fondations de la société telle qu'elle nous apparaît encore largement. Cependant, plus que des considérations distanciées, c'est à travers des engagements quotidiens, et une attention soutenue à leur entourage humain et environnemental que ces artistes, et leurs pratiques, se consacrent.

Retour aux fleurs. Lorsque nous nous sommes rencontrés, Ben Saint-Maxent m'a parlé de ce jardin que j'évoquais plus haut. Moins pour me préciser le type d'espèces qu'il comptait y faire pousser (avait-il déjà cerné mon ignorance en la matière ?) que pour évoquer son désir d'autonomie. En effet, pour lui qui compte tant sur les fleurs dans son travail et en dehors, se tourner vers les commerces spécialisés ne représentent dans la majorité des cas ni une aubaine économique, ni un choix écologique cohérent. Le but avoué quant à la poursuite de ses installations est donc de les garnir exclusivement de fleurs provenant de sa propre culture. Un souci d'indépendance qui rejoint celui de faire avec ce qui lui est proche et le concerne le plus directement. Il ne faudrait pour autant pas prendre cela pour l'expression malheureuse, ou narcissique, d'un retour à soi : c'est au contraire l'attitude modeste qu'adopte l'artiste pour qui l'oeuvre n'a pas vocation à guérir le monde dans sa globalité, mais à comprendre la place qu'il, ou elle, a choisi d'y occuper.

Un dernier détour par les poèmes de Ben Saint-Maxent, suivi de la consultation des notes prises lors de nos différents échanges, me pousse à me saisir d'un livre qui affiche sur sa couverture – restons dans le thème – l'image d'un pissenlit. Par dessus la fragile fleur blanche, une autre question, plus importante encore que celle qui introduisit ce texte, est cette fois posée par la philosophe Judith Butler : « Qu'est-ce qu'une vie bonne ? ». Je me tourne vers cet ouvrage d'une part car il me semble qu'il traduit un questionnement auquel l'artiste a dû – et doit encore régulièrement, comme toute personne pourvue de morale – se confronter. D'autre part, parce qu'il m'apparaît que par le biais de son travail, il parle peut-être plus qu'il est d'usage de ces vies auxquelles si peu de cas sont faits. L'autrice américaine les appelle, elle, les « sans deuil ». Une personne sans deuil se percevrait, selon ses mots, « comme une sorte d'être dont on pourrait faire l'économie, une personne qui sait, à un niveau affectif ou corporel, que sa vie n'est pas digne de soin, de protection ou de valeur. »4 Un peu plus loin, elle précise qu'il ne s'agit pas de soupçonner que ces sans deuil ne seront pas pleurés par leurs proches, mais que ces pleurs n'auront de place que dans l'espace restreint de la « pénombre de la vie publique »5 - c'est à dire là où leur existence était déjà reléguée. C'est à cela, je crois, que tente de répondre l'oeuvre de Ben Saint-Maxent : porter de la lumière sur cette pénombre – et comme on cultive les liens qui rapprochent de ces êtres cher·e·s, entretenir un jardin.


Franck Balland, 2022
Texte produit et diffusé par le Réseau Documents d'artistes




1. Camille Henrot, « Est-il possible d'être révolutionnaire et d'aimer les fleurs ? », galerie Kamel Mennour, Paris, du 06.09 au 06.10.2012
2. https://slash-paris.com/articles/entretien-camille-henrot
3. Pour cet extrait comme pour le précédent, je renvoie au site documentdartistes.org qui présente l'intégralité de ces poèmes.
4. Judith Butler, Qu'est-ce qu'une vie bonne ?, Rivages poche, Paris, 2020, p. 54.
5. Ibid.



Making the shadows bloom

Allow me to begin, before circling back to Ben Saint-Maxent, with a detour through another artist, a bit removed from our subject. A few years back, French artist Camille Henrot held an exhibit at the Kamel Mennour Gallery with a title that, having piqued my curiosity at the time, I remember quite well. Her title asked, “Is it possible to be a revolutionary and like flowers ?”1 (she received the prestigious Silver Lion at the Venice Biennale a few months later). At the gallery in Saint-Germain-des-Prés, the question found a possible answer as a set of ikebanas, those complex Japanese floral compositions, each of which referenced the work of an author who, in the artist's words “takes an ethical look at the world while taking the world in hand.”2 Despite the eloquence and charm of these still lifes combined with different types of ordinary objects (pipes, cinder blocks, more-or-less designer pots...), about all that remains to me of this exhibition is summarized in the interrogative title and its clever association of concepts. As Vinciane Despret would say, here we find a “good question”: one we hadn't quite thought to ask ourselves but which, once formulated, gives us food for thought. How, admittedly, can one indulge in such a seemingly futile passion without hindering the rectitude necessary for the expression of radical political thought?

I don't know if Ben Saint-Maxent is revolutionary, but I truly believe he takes an ethical look at the world, in no way stopping at a complacent stance. I also know that he likes flowers. In fact, he likes them so much that he puts them pretty much everywhere: on social networks, where he often adorns himself in their colorful finery under the pseudonym Tournesol Ben (Sunflower Ben), in his e-mail signature, on his website whose cursor is a stylized daisy, in his small garden nestled upon a hill in Marseille's Belle de Mai neighborhood, and of course in his exhibitions, the most recent of which, “Everybody”, in a well-lit space at Marseille's Cité Radieuse, consists of just this, an exhibition of flowers. I won't attempt to describe their types, from afar they seem rather common, despite their size, the kind you pluck at roadsides in the summer. In the role of vases, their thick stems protrude from old, vertically-positioned sneakers, penetrating the heel counter to lodge within the tip. Something of an unnatural graft occurs in this alignment, obviously one of living material thrust into an industrial accessory destined to be the brand-name casket of its desiccation; and one of urban culture infiltrated by what might be called the pastoral, organic realm that it represses. But rather than an aberration or settling of accounts, what the artist seems to offer here is more like a tribute. Attesting to this, a poem in capital letters is taped to the windows opening onto the exhibition space:

I'VE MADE OF SOLITUDE
A FRIEND
EVER SINCE MY BROTHERS
LOST THEIR WAY
IN THE SPECTACULAR
THE EXIT BY THE MAIN DOOR
IF THERE'S TO BE JUST ONE
WILL BE THE MOST BEAUTIFUL
MOST INTENSE
MOST INVENTIVE
MOST STRIKING
WILDER THAN WHAT
WE SEE IN THE MOVIES
WE MUST MAKE A MARK
WRITE A STATEMENT IN BLOOD
SHATTER THE EPHEMERALITY OF THE ROSE
AND CARVE A PLACE IN THOUGHT
LIKE STONE

Thus the shoes bloomed to commemorate presences we know nothing about, now symbolically stranded in the exhibition. In a similar way, a few months earlier, capsules of nitrous oxide bloomed, strewn across the ground of the installation: “Adieu la Poésie.” There was no celebratory verticality this time: the capsules, reworked as mini water vases, had been returned to their usual post-use abandon. The video that played in the background, with music composed by Saint-Maxent recalling lapping, muffled techno, showed images of a free party, with speakers placed around it making the same reference. In the projected image, closely-framed dancing bodies form a motley, anonymous congregation offered to the universal gestures of the party, one in which the general atmosphere of the installation did not seem to fully participate. Was this due to the rhythm, out of time, which made the arms and legs in the video swing without establishing connection to the music? Or was it the red light that enshrouded the space, giving the aluminum capsules a glowing reflection? The artist's words were once again posted on site, underscoring the melancholy and inscribing the work within a memorial register.

YOU MIMIC MY MOVEMENTS
LIKE A GHOST
I DANCE HABIT
AND NOSTALGIA3

If in this work, as in the most official ceremony, the flowers come to mark the perennial trace of memory, they are no less linked to a set of objects that rarely serve as substrates for commemoration. The old sneakers Saint-Maxent finds along his road home, and laughing gas dispensers that litter gutters, show up as ordinary aspects of a certain of youth. A youth which he is obviously no stranger to, one he isn't mocking but rather signaling intimacy with. It is perhaps at this site of the intimate, or more precisely, this guileless affective proximity, that the artist's work distinguishes itself from that of the more pretentious or grandiose. In this way, along with a growing number of artists currently observable on the French art scene, he belongs to a generation for whom formal stakes are in service of a more or less affirmed expression of that which unites them to their circumstances.

Of course artists are de facto permeated by their era, and the color of the times operates within a work in various ways without its being the object of a clear stance taken by the artist. The circumstances I'm referring to then are those of a present that's lived and shared with all of those who constitute a community, without bearing its name, but with which new ways of grasping daily life are continuously being created. There are as many critical propositions as there are different ideals than those which society, as we still largely know it today, was founded. But rather than in distant considerations, it is through daily commitments and sustained attention to their human and environmental circles that these artists and their practices devote themselves.

Back to the flowers. When we met, Ben Saint-Maxent spoke of the above-mentioned garden, not so much to tell me about the different species he planned to grow there (had he already noticed my ignorance of the subject?) as to discuss his desire for autonomy. Indeed, for Saint-Maxent, who relies so much on flowers in his work and outside of it, turning to specialty shops was, in the majority of cases, neither economical nor a coherent ecological choice. Thus, his declared purpose in continuing his installations is to fill them exclusively with flowers that he's grown himself—a concern about independence that joins the one of using what is closest to him and touches him most directly. This should not, of course, be taken as the unfortunate or narcissistic expression of turning inward. On the contrary, it's a modest attitude adopted by an artist whose work does not intend to solve the problems of the world, but rather to understand the place he has chosen to occupy in it.

A final turn through Saint-Maxent's poems, after consulting the notes I took during our different encounters, leads me to pick up a book whose cover—let's stay on topic—displays a picture of a dandelion. Above the fragile white flower is another question, more important than the one that introduced this text, asked this time by philosopher Judith Butler: “Can one lead a good life in a bad life?” I turned to this work because it seemed to describe a line of questioning with which the artist, as well as anyone with morals, confronts himself. But also because it seems to me that through his work, Saint-Maxent speaks, more often than we're used to, to these lives that earn so little attention, lives that Butler calls “ungrieved.” An ungrieveble person, in Butler's words, “already understands him- or herself to be a dispensable sort of being, one who registers at an affective and corporeal level that his or her life is not worth safeguarding, protecting or valuing.”4 She later clarifies that we shouldn't think the ungrievable won't be mourned by their loved ones, but that such mourning will only take place within the “shadow-life of the public,”5 that is, where their existences had already been relegated. This, I believe, is what Saint-Maxent's work attempts to address. It tries to shed light on these shadows and, like cultivating relationships with these precious beings, maintain a garden.

Franck Balland, 2022


1. Camille Henrot, “Is is possible to be a revolutionary and like flowers?”, Kamel Mennour Gallery, Paris, from June 9-10, 2012
2. Translated from the French article at https://slash-paris.com/articles/entretien-camille-henrot
3. This excerpt, as well as the previous one, can be found in full at: documentdartistes.org
4. Judith Butler, “Can one lead a good life in a bad life?” Adorno Prize Lecture, Frankfurt, 2012, (Qu'est-ce qu'une vie bonne ?, Rivages poche, Paris, 2020, p. 54).
5. Ibid.