Alexandra PELLISSIER 


C’était pas gai mais pas non plus triste, c’était beau.*

Exposition collective
Du 14/01/2012 au 10/03/2012 à Arles


Naturel, urbain, sauvage ou industriel... le paysage connaît plusieurs acceptions. Genre autonome depuis que la bascule s’est opérée entre ce qui faisait office de décor à une scène et son avènement comme sujet principal d’une composition, le paysage traverse l'histoire de l'art tout en racontant celle des hommes.
De l'expression d'idéaux et d'utopies géopolitiques au socle des expériences sensibles et perceptives du monde, il relate ce rapport aux territoires, aux espaces contemplés mais aussi parcourus, domptés ou fantasmés, rêvés ou exilés.
Chez Van Gogh, il est nourri de visions nocturnes, dévoilé en arrière plan d’espaces clos ou encore libéré au sein de vastes étendues. Il est aussi l’un des genres privilégiés de l’artiste lors de son séjour arlésien.
De l’atelier, les peintres en sortiront les toiles vers sa rencontre en plein air. Dehors, ils lâcheront les pinceaux pour en faire un support, un cadre et un matériau même de création.
Si le paysage est longtemps pictural, les pratiques depuis le 20ème siècle ont ouvert et multiplié les techniques et les médiums propices à sa re-présentation.
Aujourd’hui, le paysage reste l’un des grands genres de l’art, cette «fenêtre ouverte sur le monde »1 que les artistes s’emploient à modeler, capturer, révéler ou réinventer.

L'exposition "C’était pas gai mais pas non plus triste, c'était beau" se veut une traversée en territoire méconnu, un récit, pas si fleuve, d'appropriations singulières, un panorama clair obscur
conjuguant approches multiples et horizons lointains, issu des pratiques d'artistes de notre temps. [...]

Lieu : Espace Van Gogh

Derrière les panneaux, il y a des hommes

Exposition collective
Du 03/12/2010 au 12/02/2011 à Clermont Ferrand



Derrière les panneaux, il y a des hommes - cet avertissement singulier que l’on peut croiser sur les autoroutes quand celles-ci sont en travaux invite le conducteur à ralentir car, comme il est très bien dit : derrière les panneaux, il y a bien des hommes. Ce signalement met à mal le mythe d'un univers autoroutier parfaitement aseptisé, hermétique et telle la perche apparaissant dans la filmographie de Godard, il témoigne de la présence d'une mécanique oeuvrant en coulisses à la production de nos déplacements. Le hors champ intègre le cadre. Car pour mieux s’en affranchir, il s’agirait de dévoiler la matière de l’art.
Ainsi, d’Edgar Degas à Michel Polnareff dont l'introduction de sa chanson La chambre vide nous donne à écouter le brouhaha de l'orchestre qui s'accorde, ce qui aurait dû rester caché, au même titre qu’une confidence, a intégré le champ de la représentation. D’abord apanage des avant-gardes, ce débordement sur la marge s’est progressivement étendu à la culture populaire. Aujourd’hui à l'ère du "making of", nous savons tous que derrière les cimaises, il y a des hommes. Des hommes qui parfois, dubitatifs, s'interrogent sur cette limite qui - au-delà du maniérisme de la dégoulinure, de la caméra à l'épaule, du flou artistique, du négligé chic – continue de séparer ce qui est en cours, de ce qui est achevé, de ce qui appartient au privé et ce qu'on donne au public.


Le précurseur sombre est une image empruntée à Gilles Deleuze pour expliquer le zig zag, mouvement initial selon le philosophe à la création du monde. Celui que l’on ne voit pas, l’ultime étape précédant l’éclair, la révélation.
Derrière les panneaux, il y a des hommes, volet 1 s’inscrit dans ce moment fragile et déterminant, où tout semble encore possible. L’arrêt sur image que constitue toute exposition s’est opéré trop tôt, en tout cas plus tôt que d’habitude. Un dérèglement dans le protocole s’est en effet produit, interrompant le travail en cours et le laissant dans un état d’inachèvement apparent.
Certaines pièces sont ainsi à peine sorties de leur caisse, quand d’autres sont encore emballées, ou posées à même le sol. Des cimaises apparaissent incomplètes alors que des passages de circulation sont curieusement obstrués. Derrière les panneaux, il y a des hommes, repose sur cette équivoque, entre provisoire et suspension, entre instabilité et équilibre.
À ce stade, rien ne permet de distinguer avec exactitude les œuvres des dispositifs de présentation. Sans le filtre de l’accrochage, les identifications s’avèrent plus délicates. Entre étagères, ébauches sur papier, constructions en bois, volumes sous bâche, il est parfois difficile de se prononcer sur le statut exact de ces objets qui composent cet ensemble disparate et éclaté. Et pourtant tout est là. L’exposition, même dans son caractère fragmentaire, offre tous les indices pour reconstituer ce qui aurait pu se jouer si un événement n’avait pas fait disparaître le précurseur sombre en plein travail.


Avec :
Jérémie Gindre
Louise Hervé & Chloé Maillet
Pierre Labat
Alexandra Pellissier
Gert Robijns
Eric Tabuchi

Et Richard Artschwager

Lieu : La Tôlerie