Marie-France LEJEUNE 

• Pour l'ensemble de mon travail artistique (peinture et photographie)

Depuis le début des années 2010, mon travail artistique s'est orienté autour de la représentation picturale. Auparavant, pendant plus de 20 ans, ma recherche  concernait la représentation photographique.




• Pour la partie peinture

La peinture comme matière (s)...
Ma peinture a pour objet/sujet elle-même. Elle se représente (le sujet), et se présente (la forme).
Les pièces créées actuellement sont réalisées uniquement avec de la peinture : ce que je présente, accroché au mur, n'est pas du papier, du caoutchouc ou tout autre matière, c'est exclusivement de la peinture. Pas de toile, de bois ou tout autre support, pas de cadre. Utiliser toute autre matière ferait perdre à cette recherche artistique tout son sens et ne relèverait que de l'esthétique.
Si à la base je n'ai pas créé la peinture que j'achète, par l'utilisation que j'en fais, je fabrique une Matière/une Peinture autre, une peinture sculpturale. Certaines pièces ont été réalisées avec des coulures de peinture, mais de plus en plus il ne s'agit que de couches de peinture que je superpose (parfois plusieurs centaines). C'est ainsi, qu'une peinture plate acquiert une épaisseur, une troisième dimension, devient bas-reliefs, par édification, sculptage, modelage, recouvrement... D'une substance liquide, guère manipulable, elle devient par certaines de ses propriétés une matière autre. Et la peinture devient son propre support (superpositions), son propre espace (c'est la composition, la manière dont elle est manipulée qui forme son propre « cadre »). Quand à la couleur, je la vois, je la choisis, je décide de la faire plus ou moins épaisse par les superpositions que j'opère et puis, elle disparait, recouverte par une autre couleur. Vient ensuite, quand je la découpe, scarifie, sculpte (etc.) le moment de sa réapparition, à la fois en tant que couleur, et motif (selon les séries)...




• Pour la partie photographique

Extrait de la conversation avec les responsables de l'Artothèque Antonin Artaud, Marseille 2000 (Cf. ; Cahier n° 27, janvier 2001)


Il semble que dans les diverses formes qu'a pris ton travail, la photographie intervienne toujours, qu'elle soit ou non directement présente dans les objets que tu montres.
Certains de mes travaux sont des photographies.
Parfois, la photographie n'est qu'un des éléments constitutifs de l'objet que je montre. C'est le cas des aquariums photographiques, des cadres photographiques, -des boites, des tiroirs et de l'armoire-*.
Dans d'autres travaux la photographie est totalement absente matériellement, (en tant que papier photographique) mais a une présence incontournable dans le processus de fabrication: je choisis un objet, (par exemple, un fauteuil ou un lit), je le photographie et c‚est à partir de cette photographie que s'engage le processus de "mise à plat" de l'objet.
J'utilise l'image photographique comme un modèle, un patron qui va déterminer la forme, la dimension de chaque partie de l'objet photographié.
D'un volume, il devient un objet en deux dimensions: le meuble est déconstruit, puis reconstruit de telle sorte que l'objet réapparaisse avec ses dimensions initiales (échelle 1/1), mais en ayant été mis à plat. Il va être présenté accroché au mur au même titre qu'une photographie ou qu'un tableau.

Pourquoi partir d'une photographie, ne pourrais-tu pas partir d'un dessin ?
Non. Mon travail se situe dans le décalage entre "la réalité" (ou du moins ce qu'il est convenu d'appeler ainsi), et "la réalité photographiée".
La représentation photographique m'intéresse particulièrement parce qu'elle n'a pas le même lien à "la réalité" qu'une représentation graphique. Elle est vécue comme une représentation plus fidèle, plus objective. Ce lien semble privilégié car direct et mécanique.

En somme les objets mis à plat sont des copies de photographies réalisées avec des matériaux réels.
Oui, j'utilise l'image photographique comme un calque, un patron, un plan.

Ton travail cherche t-il a produire un effet de trompe l'oeil ?
Non.
Le trompe-l'oeil utilise des artifices de perspective. Je fais également référence à la perspective puisque je travaille par rapport à la représentation photographique. A ce niveau là, mon travail peut donc faire signe en tant que trompe l'oeil. Le rapprochement s'arrête là ; le trompe l'oeil cherche à donner l'illusion d'objets réels en relief. Dans les objets que je crée, il n'y a pas cette recherche de relief : je pense qu'en face d'eux on perçoit, dans une sorte d'ambiguïté immédiate du regard, à la fois les formes qui indiquent la profondeur (par l'utilisation de la perspective linéaire) et la surface qui montre la planéité (même si parfois, pour des raisons techniques il y a superposition de matériaux).
Si je voulais réaliser des trompe-l'oeil je travaillerais les matières, je modifierais les coutures des objets matelassés, je trafiquerais les nervures du bois...
J'exploiterais également les effets d'ombre et de lumière pour créer l'illusion du relief (...)


My work locates itself in the discrepancy between reality (or at least what is accepted as such) and photographed reality, and is based on the supposedly objective vision the camera offers us and on which our visual habits rest.
Photography is always involved in the works whether or not it appears directly in the works created:
Some worksarephotographs (e.g., the landscapes)
sometimes photography is only a constituent element of the object presented, as is the case in the photographic aquariums and the photographic frames.
However, it is at times materially absent (as far as photo paper goes) but plays an indispensable role in the creation process, as is the case in the Photographic objects.
Marie-France Lejeune, 2001



Techniques et matériaux


• Pour la peinture 
Peinture acrylique
Sculpture
Modelage
Edification
Assemblage
Façonnage


• Pour la photographie :
photographie / photography
bois / wood
fer / iron
skaï... / leatherette...
Mots Index


Une peinture hors cadre, sans cadre
Une peinture support
Installation picturale
Peinture tridimensionnelle
Bas-reliefs picturaux
Sculpter la couleur
Edifications picturales
Stratifications picturales
représentation photographique / photographic representation
illusion perspectiviste / perspectival illusion
perception de l'espace / spatial perception
point de vue / point of view
mise en scène / staging
champs de références


L'univers et le vécu des objets / The universe and the everyday of objects
L'histoire de l'art / Art history
repères artistiques


• Pour la peinture 
L'art concret
Supports surfaces,
Les grottes de Lascaux,
One and Three Chairs de Joseph Kosuth
Three Flags de Jasper Johns.
André Valensi
Lucio Fontana
Ernesto Netto
Pierre Huygue (Timekeeper)
Gerhard Dohler
Marion Baruch
André Caderé
Robert Morris
Anish Kapoor
Max charvolen
Claude Rutault
Anselm Kiefer


• Pour la photographie :
Felice Varini
Georges Rousse
Markus Raetz
Joseph Kosuth (One and Three Chairs)
L'art et l'illusion de Ernst Gombrich
Calum Colvin
L'art de découper / (The art of cutting) : Gordon Matta-Clark, Bill Woodrow
Jasper Johns « Three flags »
Alain Fleischer
Alberto Shommer
Jan Dibbets