Jean-Louis DELBÈS 

Mes idées opèrent par réseaux, par flux, comme machine de visions, d'une vision d'espace indéterminés et contradictoire.
La question n'est pas de savoir quoi peindre, mais comment.
Il s'agit d'expérimenter un rapport conflictuel et éloquent avec la surface, d'exiger un détraquement du temps, d'évacuer les dimensions usuelles, de dilater les perceptions.
Dans ce «hors nous» je prends le risque de l'obscurité. Ce qui est la cause, la genèse, se situe en dehors du tableau, en dehors du cadre.
Ici la lumière est sans source, de sorte qu'elle fait accepter des solides en cours de disparition. La lumière éclaire sans expliquer, cette altération d'origine accélère la friction des antagonismes.
Une distance sépare toujours l'initial de l'idée et son résultat.
Cette interprétation rend ainsi autonome le crédit que l'on a pour parler de la conscience d'une réalité ou de sa propre faillite.
Mes intentions ne sont que des intermédiaires, comme pour donner une chance à autre chose d'apparaître.
Suciter le décentrement, la prolifération, le débordement.
Jean-Louis Delbès, juin 2000


D'un monde clos, rigoureusement composé, Jean-Louis Delbès n'interroge pas le monde des formes, il décrit un espace invisible aux autres, fait de séquences, de prélèvements reconnaissables ou non, d'instantanés mentaux ou physiques "en un certain ordre agencés". Ce que montre sa peinture est de l'ordre du puzzle et l'image globale se résout selon le principe de la greffe. Le résultat est toujours complexe, la plupart du temps déroutant, et l'hétérogénéité des emprunts ajoute au malaise: interpréter devient une nécessité alors que l'état descriptif des oeuvres semble vouloir indiquer une existence spécifique. Chaque oeuvre pose un problème pictural et s'acharne à le résoudre avec les moyens de la peinture, et ceux-là seuls. D'où l'impression que l'oeuvre avance par blocs séparés plutôt que par glissements. Pour cette raison, la chronologie n'est pas propice à la constitution de véritables clefs de lecture. "D'un monde clos rigoureusement compose" est le titre d'un dessin daté de 1993. Pourtant, il semble rendre compte, encore aujourd'hui, de la logique maniaque avec laquelle s'invente le corpus imaginaire de Jean-Louis Delbès.
Commencé avec ce qui se voit et ce qui se prélève du monde environnant, essentiellement des phrases, des mots, des inscriptions, il s'est petit à petit complété par la vision cartographique et planaire (qui permettrait de prendre du recul mais aussi d'aplatir la vision et la composition) accompagnée logiquement par le mot, puis de l'interprétation des formes pour lesquelles n'existent jusqu'à aujourd'hui aucun plan et aucune carte.
C'est cette lacune qu'il faudrait combler afin que le regardeur, situation sans risque, se transforme en explorateur, rôle actif où peut exister une mise en danger. C'est donc à l'intérieur de l'oeuvre, à l'intérieur de chaque peinture ou presque qu'il faudra chercher comment affronter ce danger et comment le réduire, afin que n'affleure plus que le plaisir d'avoir résolu les paramètres d'un monde complexe.
François Bazzoli, 2000
My ideas work in networks, in flows, like vision machines,presenting a vision of indeterminate and contradictory space.
The question is not what to paint, but how.
It's a matter of experimenting a conflictual and eloquent relation with the surface, demanding that time be thrown out of join, evacuating the usual dimensions, dilating perceptions.
In this space "outside us" I assume the risk of obscurity. The cause or genesis lies outside the painting, outside the frame.
Here, light has no source, thus allowing us to accept dissolving solids. Light illuminates without explaining. This originary alteration accelerates the friction of antagonisms.
There is always a distance separating the initial idea and its result. This interpretation grants one the possibility to speak about the awareness of a particular reality or of its very failure...
My intentions are only intermediaries, as if to give something else a chance to to appear.
Provoke decentering, proliferation, and spillover.
Jean-Louis Delbès, June 2000


In a closed, rigorously composed world, Jean-Louis Delbès does not interrogate the world of forms, but describes a space invisible to others, one made of sequences and samplings that can or cannot be recognized, mental or psychic snapshots "in a certain arranged order". What his painting shows is akin to apuzzle and the overall image is deciphered according to the principle of grafting. The result is always complex, often startling, and the heterogeneity of the allusions adds to the ill-at-ease feeling: interpretation becomes a necessity while the descriptive state of the works seems to indicate a specific existence. Each work poses a pictorial problem and strives to resolve it with painting's means, and those means alone. Whence, the impression that the work advances in separate blocks rather than one thing sliding into another. For this reason, chronology is not propitious to constituing veritable keys for reading the work. "D'un monde clos rigoureusement compose" is the title of a drawing from 1993. Yet, it seems to account even today for the maniacal logic guiding the invention of Jean-Louis Delbès' imaginary corpus.
Begun with what is to be seen and taken from the surrounding world, essentially phrases, words, inscriptions, it came little by little to completion through cartographic and planar vision (allowing distance but also the flattening of vision and composition) logically accompanied by the word, then through the interpretation of forms for which there still exists no plan or map.
This gap needs to be filled in order for the viewer to abandon his/her risk-free situation and assume the active and potentially dangerous role of an explorer. It is therefore within this oeuvre, within almost every painting, that one must begin examining how to confront this danger and how to diminish it, so that the only thing remaining is the pleasure of having solved the parameters of a complex world.
François Bazzoli, 2000





Techniques et matériaux


peinture / painting
dessin / drawing
photographie
édition
Mots Index


greffe / graft
séquences / sequences
puzzle
emprunts / allusions
champs de références


Casanova, l'intégrale / Casanova, the complete works
Sam Sheppard pour Motel chronicles et lune Faucon / Sam Sheppard for Motel chronicles and Falcon Moon
Su Tzu pour l'art de la guerre / Su Tzu for the Art of War
Walter Benjamin pour l'ensemble de ses travaux / Walter Benjamin for his complete works
Jorge Luis Borgés pour Histoire universelle de l'infamie, Histoire de l'éternité / Jorge Luis Borgés for A Universal history of Infamy, The History of eternity
William Burroughs pour Le festin nu / William Burroughs for Naked Lunch
Philip.K.Dick
Maurice G Dantec
Ed Bunker
James Lee Burke
James Crumley
Thomas de Quincey pour Confession d'un manager d'opium anglais / Thomas de Quincey for Confessions of an English Opium Eater

Merci à / Thanks to
Blurt, Lounge Lizards, Soul Coughing, Joy Division, Clash, Stranglers, Brian Eno, Steve Reich, Kat Onoma, Patti Smith, Stooges, Suicide, Kraftwerk, Neil Young pour leur soutien mental et auditif à jamais.
Blurt, Lounge Lizards, Soul Coughing, Joy Division, Clash, Stranglers, Brian Eno, Steve Reich, Kat Onoma, Patti Smith, Stooges, Suicide, Kraftwerk, Neil Young for the constant mental and auditory support.
repères artistiques


Don Judd, Greco, Édouard Manet, Francis Picabia, Aleksandr Mikhaïlovich Rodchenko, Philip Guston, Art and Language, Ed Rusha, Luciano Fabro, Kurt Schwitters, Kasimir Malewitch, Jean Hélion, Lupertz, Martial Raysse,
etc... et tout ceux et celles qui restent à voir / etc... and all the others yet to be seen.