Gérald PANIGHI 

Gérald Panighi

“Bien sûr  en voyant pour la première fois les petites vignettes de Gérald Panighi envahissant tout un mur avec une certaine désinvolture comme s'il ne s'agissait que de banals post it, mon regard s'est égaré sur cette atomisation étourdissante. C'est qu'il y a voir et à lire dans l'oeuvre de Gérald.  Immédiatement, mais c'est certainement un peu idiot, je me suis dit qu'il avait dû se repaître de pas mal de Strange comme beaucoup de garçons de sa génération et peut être même tomber dans son enfance sur des numéros traumatisants de “Détective” dans lesquels les coups portés, en dépit de l'hyper-expressivité des individus dessinés par Angelo Di Marco, ne génèrent pas que des onomatopés. A cette époque lointaine de sa vie, il est peut-être aussi demeuré assez perplexe devant le  ” Ceci n'est pas une pipe” de Magritte, une anti-tautologie si séduisante, après tout...Si la représentation n'est pas le réel, la dissociation conjuguée sur le mode cher aux surréalistes possède un charme encore plus abscons. Rien de plus énigmatiquement ensorcelant que ce dysfonctionnement assumé de l'image. On l'a apprécié chez Magritte comme on l'a vénéré dans les années 80, dans le monde plus trivial de l'illustration chez Glenn Baxter....L'absurde est la réponse occlusive à toutes les spéculations dérisoires et c'est bien précisemment cela qui parvient à être délicieusement jouissif sans jamais suinter la moindre prétention dans les créations de Gérald Panighi.”
Michèle Goarant, 2011




Gérald Panighi ; Le sens de l'économie

Gérald Panighi pratique le dessin avec un certain sens de l'économie, aménageant dans le blanc du papier de vastes zones de respiration. Au centre de grandes feuilles au format raisin, il inscrit de petites figures dessinées à la mine de plomb, souvent rehaussées au crayon de couleur ou à l'encre, parfois à l'huile. Il n'est pas rare que ce dessin discret soit à son tour verni, ce qui a pour effet d'amoindrir son aspect fait main au profit d'un rendu évoquant une reproduction mécanique.
Un peu comme si le dessin voulait s'excuser d'être là sur cette grande feuille blanche. Dans le meilleur des cas, la figure mange un huitième de la feuille de papier. C'est dire avec quelle retenue elle fait ici son apparition. Cette figure pudique est d'ailleurs souvent fragmentaire ce qui complique d'autant plus son appréhension. Elle n'apparaît que pour mieux disparaître sous la forme de bribes, comme une conversation lointaine que l'on entendrait d'une oreille distraite. Réticente, la figure qui a manifestement du mal à s'assumer en tant que telle - mais comment pourrait-il en être autrement dans un monde dominé par l'image ?-, est systématiquement un motif volé à la bande dessinée, à l'illustration, au cinéma, etc. On peut avec un peu d'effort, tant elle est minuscule ou peu appuyée, y reconnaître les morceaux épars de quelques têtes célèbres, Lucky Luke, Tintin, les Dupont-d, Spok, Douglas Fairbanks, des pin up et toutes sortes de super héros ayant un air de déjà vu. Il faut dire que le traitement que Gérald Panighi réserve à ces figures auratiques de papier ou de lumière tient plus de la tache que du trait. Le dessin naît chez lui d'une sorte d'hésitation (certainement très maîtrisée) où l'accident est aussi cultivé que le trait, si ce n'est plus. C'est ainsi que toutes les traces relatives à la pratique, taches, empreintes de doigts, s'inscrivent sur le papier, qui est, au passage, souvent du buvard, ce papier que l'on ne montre pas d'ordinaire et qui donne lieu à un second niveau de dessin, sans doute plus inconscient. Le dessin pur et très contrôlé d'Hergé, la fameuse ligne claire en prend un coup. L'idée du lapsus ou en tout cas de l'image onirique qui s'inscrirait à la manière d'un cadavre exquis, explore toutes sortes d'astuces de symétrie ou de mise en abîme de la figure.
Le dysfonctionnement de l'image atteint est tel que l'on peut avoir du mal à identifier les originaux ayant servi de modèle. Les héros sont mis à mal, ils tendent à devenir de pauvres types qui apparaîtraient dans une dimension volontairement sale et absurde, dans des séquences où ils perdent toute intégrité : les Dupont-d en sont contraints de n'exister que sous la forme de deux paires de jambes de cosmonautes montées tête-bêche, tandis que de Lucky Luke ne subsiste qu'une tête coupée. Tout se passe comme si Gérald Panighi voulait suggérer l'envers de l'image, sa partie inconsciente et trouble. Il n'est d'ailleurs pas anodin que l'artiste décalque ses images et les reporte par le biais d'un transfert, donnant de la sorte une vision inversée, retournée, de l'original. Dans une autre partie de son travail, Gérald Panighi part d'aphorismes qui viennent à son esprit, comme ça, le soir souvent, et qu'il tape à la machine sur des feuilles de papier de toutes tailles, comme le début ou le passage possible d'un roman. Puis arrivent les images qui répondent à ces ébauches poétiques sans jamais vraiment les illustrer, créant ainsi une sorte de dialogue de sourd. À “J'ai quelque part, la mer à boire. Et un drame à éviter.” répond le dessin d'un papillon de nuit un peu glauque. Tandis qu'à “J'étais sûr que j'allais te revoir petite idiote.” répond le dessin de la vague d'Hokusaï. Il arrive également que l'aphorisme ne réponde à rien, si ce n'est à l'espace blanc, la réserve de papier simplement couverte d'une tache de gras comme dans “Il y a toujours un chien qui aboie quelque part.” Texte et images convoquent ici des idées furtives, des flashs de l'esprit qui ne font que passer et qui laissent place au vide immense. Une réserve de phrases poétiques et de dessins à venir.
Catherine Macchi de Vilhena, in catalogue "la Réserve", Galerie des Ponchettes, Nice, 2005


Gérald panighi's art practice starts with sorting, a selection of images which are mostly from 1960's comics. He appropriates characters which he then transfers by using tracing paper. Drawn in pencil, highlighted with watercolor of oil, they spring to life on the page where they are sometings accompanied by aphorisms. Lost in the void, the fine and delicate line becomes a fragment, an instant of absurd life which by mixing the familiar with the incongruous engenders a disturbing strangeness. His drawings carry the traces and marks of their own creation. Stains, smudges and hand or elbow prints surround the figures with an additional layer of matter, stressing the motif. The surface of the rough sheet- the slightly wrinkled or warped paper-also carries the scars of its passage in the studio, like so many ravages of time and haphazard care.
These accidents break down the mechanical aspect of the tracing and the working constraints which the artist imposes on himself : they constitute the true materialy of the drawing.


Techniques et matériaux


Dessin
Papier
Huile
Aquarelle
Crayon
Encre
Huile de lin
Mots Index


L'absurde
Le hasard
Le médiocre
Le double
L'ivresse
L'instinctif
La contradiction
L'observation
L'usure
champs de références


La poésie
Le surréalisme
La folie
L'anti-héros
Le ready-made
Le rêve
repères artistiques


Arcimboldo
Dürer
Picasso
Magritte
Dubuffet
Wols
Cy Twombly
Rauschenberg
Roland Topor
William Wegman
Basquiat
De Chirico
Gilbert & George
Roy Lichtenstein
Henri Michaux
Mimmo Rotella
David Salle
Juliao Sarmento
Glenn Baxter
Joseph Beuys
Paul mC carthy