Valérie CARTIER 

Parfois je me demande si je n'aurais pas dû être médecin.
Par exemple si j'ai commencé par faire de la photo, c'était stimulée innocemment par le plaisir de découper mon entourage... Je me suis très vite tournée vers le corps, morceau par morceau.
Et puis me manqua la sensation tactile, mes photos se transformèrent en moulage, en latex, c'étaient des peaux.
Je moulais des bras, des seins, des ventres, les miens ceux des autres qui devenaient miens et puis des tripes, des langues de boeufs, des têtes de porcs.
Je les installais du mur au sol au plafond, de galerie en hamam, école, salon de coiffure, abattoirs et musée.


Et puis j'ai enfilé la blouse blanche pour des simulacres d'opérations, extraction de membres, accouchement.
je me suis grimée en malade (maladie de peau) avec de la terre, de la farine et l'aide de l'ordinateur. Mes objets intervenant comme comédiens ou bien outils de mes mises-en-scène.
J'ai ensuite assassiné quantité de camarades, balafré avec de la confiture, poignardé, écrasé, démembré.
Je vis entourée d'animaux, chats, lapins, canards, poules, araignées, mouches. Je passe beaucoup de temps à les observer, pour le moment.
Valérie Cartier, 1999

----

Mes chats ont mangé mes lapins qui ont mangé mes poules qui ont mangé les araignées et les mouches. Devenant de plus en plus seule, j'ai commencé à me multiplier... J'ai été une prisonnière hargneuse dans la prison de Valparaiso, une vieille tante aigrie conspirant à la mort de sa nièce handicapée, un ange qui exhausse les voeux de son entourage, une petite poupée qui opère son coeur de cochon.
Pour le moment, je suis un chien et je vous laisse pour reprendre l'os que je viens de me faire piquer par Popeye et Virag.
Valérie Cartier, 2001



Finalement je voulais être comédienne, danseuse, chanteuse, acrobate... .J'ai eu quarante ans. Il me fallait gagner du temps.... alors je me suis fabriquée une nouvelle paire de bras et on m'a engagé dans un spectacle qui durait neuf jours neuf nuits et je suis devenue ce que je rêvais d'être.
Valerie Cartier, février 2005



Théâtre de rue
(http://www.ilotopie.com.)
Le spectacle de rue m'a permis de délivrer mes objets plastiques de l'espace "mortifère "de la galerie, de les exposer aux regards d'un public héclectique, de créer des rencontres accidentelles imprévues, et aussi d'effacer la distance entre ces objets et moi puisque je suis devenue leur support vivant, me substituant aux murs . Ce sont ces objets auquels je donne vie qui ont donné vie à un personnage.
Valerie Cartier, 2006


Sometimes I ask myself if I shouldn't have been a doctor.
For example, my interest for photography was innocently stimulated by the delight of cutting up my entourage...I quickly turned to the body, bit by bit.
Then the tactile sensation proved to be lacking, so my photos transformed themselves into latex cast. They were skins.
I cast arms, breasts, bellies, my own, those of others that then became mine, followed by guts, beef tongues, pig heads.
I installed them on the wall, the floor and the ceiling, in galeries and hammams, schools, hairstylists', slaughterhouses and museums.

Then I dooned the white smock to conduct simulacra of operations, extract members, deliver babies.
I mademyselfup as a sick person ( skin diseases ) using dirt, flour and the computer. My objects served as actors or tools in my stagings.
I then assassinated agood number of friends, slashed with marmalade, stabbed, crushed, dismemebered.
Ilive surrounded by animals, cats, rabbits, ducks, chickens, spiders, and flies. I spend a great amountof time observing them, for the time being.
Valérie Cartier, 1999

----

My cats ate my rabbits who ate my chickens who ate my spiders who ate my flies. Feeling lonelier and lonelier, I began multiplying myself... I became a grumpy inmate in the prison of Valparaiso, a bitter old aunt conspiring the death of her handicapped niece, an angel that answers the vows of its entourage, a little doll that operates on its pig heart.
For the time being, I am a dog and I bid you farewell to retrieve the bone that Popeye and Virag just stole from me.
Valérie Cartier, 2001


Techniques et matériaux


vidéo, performance
mise en scène photographique et action / photographic and action-based stagings
installation
moulages / casts
film
images d'ordinateur / computer imagery
documents photocopiés / photocopied documents
latex
plâtre / plaster
peinture / paint
confiture / marmalade
vêtements / clothing
prothèses / prostheses
humains (souvent moi-même) / humans (often myself)
animaux morts ou vifs / animals dead or alive
Mots Index


moulage / casting
parodie / parody
identité / identity
simulacre / simulacrum
organique / organic
champs de références


Les encyclopédies et les revues médicales voir pornographiques / Medical encyclopedias, medical and pornographic reviews
Les sciences naturelles / Naturalsciences
Le cinéma gore / Gore film
Woody Allen
repères artistiques

Des affinités avec

Boltanski
Lavier
Bijl...
De l'admiration pour

Matta-Clark
Burden
Roth...
Du plaisir avec

Viola
Bougeois
Turrel...


Affinities with :
Boltanski
Lavier
Bijl...

Admiration for :
Matta-Clark
Burden
Roth...

Pleasure with :
Viola
Bougeois
Turrel...