Olivier TOURENC 

Armoire bateau 2011
Matériaux divers, 160 x 76 x 55 cm

Cette réalisation déplace l'hybridation des armoires bateaux dont elle dérive pour arborer
une autre dualité fonctionnelle. Si, l'usage mobilier est parfaitement accompli dans
I'espace pour lequel elle a été conçue, son confinement fige tout mouvement. Malgré ses
références au monde marin, la présence de l'eau par la nature piètrement domestique de
la pièce, son esthétique d'intérieurs de voilier année 70/80, ou les ondulations du vitrage des portes qui reflètent l'envahissement des armoires bateaux dont on teste l'insubmersibilité. Pour elle point d'homologation. Toute navigation, tout ressac, hormis celui de la machine à laver voisine, ne sont que rêves et chimères. L'immatriculation qu'elle porte est celle d'une autre, ce placard est la figure d'une réalité frictionnelle. Cette représentation déborde de l'usage tangible, transcendant l'objet, elle métamorphose le regard et le geste qui l'use. En s'avançant ainsi ARMOIRE bateau abandonne dans son sillage une image de meuble cossu.

 
 

Œuvre ouverte n°1 - déplacements 2011
Matériaux divers et dessins, 2.35 x 1.03 m

Déplacements est une action de mise en page. Cette double page présente, tracés d'un
léger trait de crayon, une ligne d'horizon sur toute sa largeur et, en bas et à droite d'un des deux panneaux, le croquis d'une armoire bateau en train de naviguer. Le dessin fige le mouvement navigatoire sous son trait, pourtant, le déplacement demeure toujours possible ; les manipulations des panneaux permutent l'ordre et modifient la course de l'armoire bateau. Elle progresse dans sa route ou revient à son point de départ. Le déplacement est entre les mains de l'opérateur. La nature du support localise le geste - un intérieur, le quotidien - c'est ici que le déplacement est recherché. Œuvre ouverte n°1 va, dans ce banal, donner a l'anodine action de l'ouverture d'un placard, le sens léger d'une mise en page. Aliénée, le geste perd son innocence. L'acte manipulatoire se trouve désigné dans ce déplacement. La navigation de l'armoire bateau inscrit dans le quotidien la responsabilité d'un acte accompli.

 
 
 

Œuvre ouverte n°2 - déplacements - bien fait/ à faire /pas à faire 2011
Matériaux divers et dessins et contrat, 2.35 x 1.03 m

Déplacements - fait/à faire /pas à faire reprend le principe fonctionnel et manipulatoire de œuvre ouverte n°1 et son action d'influence sur le quotidien. L'intention de l'opérateur tiers, ici le client, est accrue par la mise en place du principe fait/à faire/pas à faire qui décompose l'installation en triptyque. Le premier élément comporte deux fois trois panneaux sur lesquels une double série de trois dessins a été réalisée, le second élément est accompagné d'un énoncé contractuel comportant des instructions pour réaliser un dessin à cheval sur les deux panneaux qui le composent suivant deux propositions, le troisième et dernier élément n'a rien.

 
 

Œuvre ouverte n°3 - Placard D. 2011
Matériaux divers, 2.60 x 0.70 x 0.55 m

Placard D porte, inscrit sur le chant d'une porte, la définition du nom commun 2 placard. La structure est installé dans une cuisine devant un recoin utilisé comme espace de rangement, elle le ferme œuvrant là comme porte. Elle est conçue et réalisée fonctionnellement et esthétiquement pour être perçue et utilisée comme porte de placard. Par ce décalque fonctionnel, elle s'immisce dans le quotidien à l'affût du geste banal qu'elle s'approprie. Manipuler la porte n'est plus ouvrir un espace de rangement mais faire apparaître de l'obscurité dans laquelle elle est rangée, et ainsi la rendre lisible, l'acception première du terme placard. Le geste d'ouverture ne fonctionne plus simplement dans l'intention initiale de l'opérateur, il entre dans le champ de l'intentionnalité pour laquelle il a été capté, créer l'espace d'une œuvre ouverte qui porte l'acte quotidien au delà de sa banalité.

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