Elvia TEOTSKI 

Marie Godfrin-Guidicelli, 2013
Prendre le temps de l'observation, croire qu'il ne se passe peut- être rien, puis une minute plus tard se rendre compte que tout est différent. Tel est ce sentiment étrange provoqué par les oeuvres d'Elvia Teotski, ni stables ni définitives. Cela tient aux matières improbables collectées, malmenées, dont elle teste à l'envi la résistance, les capacités, les possibilités, dont elle aime explorer le caractère. Leur conservation est aléatoire, toujours menacée. « Je suis comme dans un laboratoire et je fais de petites expériences » : multples éclatements de bulles de savon teintées par l'encre de chine (Sans titre, 2011 / 2012), feuilles de gélatine alimentaire (Géométries solubles, 2012), pelures de gommes stratifiées issues d'un sous-sol imaginaire (Carottage, 2012), poussière finement dentelée à même le sol, parfois (Broderies, 2009)... Des installations nées de l'émergence de nouvelles formes élémentaires répétées, creusées, dessinées, modulées, sculptées dans la matière, et peu lui importe que celle-ci soit friable, volatile, insaisissable ! Ou encore soluble, comme ces feuilles de papier azyme qu'elle découpe de manière obsessionnelle et rigoureuse pour obtenir des patrons (exposés à plat), qu'elle met en volume sous l'effet de l'humidité pour former de petits cubes, cylindres et pyramides aux formes imparfaites [alignés sur une plaque de verre]. Autant de Petites perceptions instables qui sont la mémoire et la trace, et dont le jeu d'opposition accentue le déséquilibre. Tout ici est instable, fragile, éphémère ; tout peut apparaître et disparaître en quelques secondes. Une précarité constituante de sa façon d'appréhender le monde car, dans une vie antérieure, Elvia Teotski a sillonné les régions du Sud, du Yémen à Madagascar, le temps de ses études agronomiques. Observer, connaître, comprendre avant d'agir...
 
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