Jérémie SETTON 

C'était il y a 111 ans - 2022
Encre de chine et encres colorées sur panneau de ciment (Powerpanel)
39 x 45 cm


Pour une exposition fêtant les 111 ans de son Cinéma, le Castillet à Perpignan, le collectionneur Jacques Font a proposé à une quarantaine d'artistes présents dans sa collection de faire une œuvre en relation avec cette date anniversaire.
Voilà comment, par mail, je lui ai présenté mon dessin avant l'exposition :

Bonsoir Jacques,
Je t'envoie le dessin que j'ai réalisé pour l'exposition anniversaire des 111 ans de ton cinéma.
Pour que tu saches de quoi il s'agit, voilà quelques explications :
Il est peint à l'encre (couleurs et noir) sur un petit panneau fin de ciment gris (39 x 45 cm).
Il montre deux images de films l'une sur l'autre, comme un montage visuel ou comme un morceau de pellicule cinématographique.
L'image du bas est issue des premières minutes du film Little Big Man. Elle est en couleur (celles-ci rappellent les tonalités des années 80). L'acteur Dustin Hoffman y est grimé en vieillard et s'apprête à raconter l'histoire de sa vie, l'histoire du film. Il dit, comme on peut le lire sur les sous-titres (issus tels quels du film original) "c'était il y a 111 ans. Je venais juste d'avoir 10 ans".
L'image du haut est en noir et blanc (elle semble un peu sortir de la tête du vieillard). Cette image est issue du film "L'enfer" sorti en 1911. Année d'ouverture de ton cinéma, si je ne me trompe pas. On peut supposer que ce film (blogbuster de cette année-là) a été projeté à l'origine dans ton cinéma.

Quoi qu'il en soit, j'ai voulu rapprocher ces deux images qui, ensemble, font comme un montage entre deux époques du cinéma tout en s'insérant dans notre réalité actuelle (celle des dates et de l'histoire de ton cinéma et de l'exposition anniversaire). J'aime le trouble engendré par les sauts entre réalité et fiction, passé et présent, narration et image fix...
Ceci est une première lecture possible. Il y en a d'autres, plus personnelles dont je te parlerai plus tard si tu le souhaite.

Mais de manière générale, même sans avoir connaissance des références des films que j'ai choisis ici, la juxtaposition de ces deux images avec cette phrase de sous-titre renvoie à une idée de mémoire. Et tout le monde peut y projeter les évènements qu'il souhaite et imaginer l'histoire ou le souvenir qu'il veut.

Les images sont peintes de manière précises et pourtant elles se donnent à lire très lentement. Face au tableau on met du temps à identifier la scène du haut. Cela rend ouverte toute les interprétations et projections.

En même temps la mise en scène de l'Enfer rappelle autant les peintures baroques classiques que les baigneurs et baigneuses de Cézanne, ou seulement une abstraction grise agitée.

Voilà, en attendant de se parler, quelques idées qui ont traversées ma tête lors des phases d'élaboration de ce travail.

 
Retour