Julia SCALBERT 

Ce qui frappe immédiatement au contact des travaux de Julia Scalbert c'est la grande singularité de son iconographie et de sa palette, reconnaissable entre toutes. Cette oeuvre, pourtant, ne cède rien à une essentielle simplicité.
Elle est rythmée par l'alternance des temps de la peinture et de la céramique. De ces accords et de ces va et vient se dessine lentement son répertoire de formes et sa gamme chromatique. Cette double temporalité du travail constitue l'équilibre subtil du vocabulaire de l'artiste, situé dans l'entre deux de l'abstraction et de la figuration. Il est en effet très difficile de caractériser les motifs de Julia Scalbert. Tantôt marins, tantôt organiques, les formes toujours épurées passent dans leur légèreté, leur suspension, de l'animé à l'inanimé, du vivant au pétrifié. C'est à l'intérieur de cette instabilité qu'évoluent les silhouettes aux profils en perpétuelle mutation.
Si céramiques et peintures sont indissociables dans l'oeuvre c'est aussi parce qu'elles appartiennent toutes au monde du silence auquel Julia Scalbert souscrit résolument. Réduire mais ne pas taire ; une position de peintre, pas une posture. Chercher la tension élémentaire entre deux termes se fait chez l'artiste dans la résistance au mirage du compliqué. De l'évidence des formes vibrant en surface filtre une sensualité sans fard, une liberté arrogante qui contribue à revendiquer la peinture comme une pratique de la sédition. Car les roses et les bleus de Julia Scalbert s'opposent à l'autorité des couleurs signalétiques qui s'imposent aujourd'hui. S'ajoutent à cela des formes puissantes et fuyantes à la fois, qui ne s'arriment à rien de connu. Tout dans l'oeuvre vise à être éprouvé. La rigueur des choix de la peintre produit alors auprès du regardeur une longueur rare et précieuse de la sensation. 

Barbara Satre - 2018

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