Bettina SAMSON 

Pour sa première exposition personnelle d’envergure, Bettina Samson a conçu un projet spécifique où convergent ses récentes expériences inspirées de découvertes scientifiques et son intérêt pour l’histoire des utopies. Croisant ces deux axes de recherche autour de la question du progrès dans sa dimension technique et sociale, une quinzaine d’œuvres transforment La Galerie en un paysage de strates temporelles dans une succession d’espaces aux ambiances colorées complémentaires.
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Vue d'exposition
Photographie Pierre Antoine

Vue de l'exposition à La Galerie, Noisy-le-sec, 2010

Première photographie du spectre solaire, altérée par le temps et avec raies d’absorption 2009
Impression sur adhésif, dimensions variables

La question de la perception de la lumière, du visible et du non visible est récurrente dans l’œuvre de Bettina Samson. À La Galerie, elle montre une série de trois pièces faisant référence à la première photographie du spectre solaire, réalisée en 1848 par Edmond Becquerel, père du physicien Henri Becquerel, auquel renvoient de façon plus ou moins directe plusieurs œuvres présentées dans l’exposition.
À partir d’une image trouvée sur internet, l’artiste a procédé à la reconstitution inéluctablement faussée de cette photographie. Imprimée numériquement sur de l’adhésif transparent, Première photographie du spectre solaire, altérée par le temps et avec raies d’absorption est collée à la verticale sur les vitres de deux fenêtres de l’espace principal d’exposition, laissant ainsi filtrer la lumière naturelle. Une lumière violacée feint de rendre perceptibles les rayons ultraviolets composant le spectre électromagnétique, emplissant l’espace et immergeant le visiteur. L’œuvre donne ainsi à voir ce qui est indécelable à l’œil nu, et ce à double titre puisque la première photographie du spectre solaire – qui fut aussi la première photographie couleur – a dû, sous peine de noircir et disparaître, être conservée à l’abri de la lumière et des regards pendant des dizaines d’années, jusqu’à ce que les techniques de fixation des couleurs soient découvertes.
Anne-Lou Vicente
Texte paru dans le journal de l'exposition Bettina Samson au centre d'art La Galerie de Noisy le Sec

The perception of light and of the visible and the non-visible is a recurring concern in Bettina Samson’s work. At La Galerie she is showing a three-part series referencing the first photograph of the solar spectrum, taken by Edmoond Becquerel in 1848. Becquerel’s physicist son Henri is referred to, directly or indirectly, in a number of works in the exhibition.
Working from an image found on the internet, the artist set about a – necessarily skewed – recreation of the photograph in question. Digitally printed on transparent adhesive, First photograph of the solar spectrum, discoloured by time, with absorption spectrum is placed vertically on the glass of two windows in the main exhibition space, with natural light filtering through. Both space and viewer are bathed in a purplish light which simulates the ultraviolet rays making up the electromagnetic spectrum. Thus does the work make visible what cannot be perceived by the naked eye; and in two ways, in fact, since in order not to darken into invisibility, the first photograph of the solar spectrum – which was also the first colout photograph – had to be kept out of the light and out of sight for decades, until the necessary colour fixing technology cam along.
First photograph of the solar spectrum, discoloured by time and imagined as a core bore sample consists of a solid resin cylinder two meters long, cast in a lining pipe and shown horizontally as if it were a timeline frieze. Like a core bore sample taken in the ground or ice, it appears to indicate a succession of geological, genealogical strata, while at the same time suggesting notions of process and a return to origins rendered all the more hazy by distance or depth.
Text by Anne-Lou Vicente in “Bettina Samson”, La Galerie, Centre d’Art Contemporain, Noisy-le-Sec (exhibition 5 December 2009 – 13 February 2010).


Première photographie du spectre solaire, altérée par le temps et sous la forme rêvée d’un carottage 2009
Sculpture, résine époxyde, 200 x 20 cm
Vue d'ensemble et détail
Photographies Cédrick Eymenier

Première photographie du spectre solaire, altérée par le temps et sous la forme rêvée d’un carottage consiste en un tube de deux mètres de long coulé en résine dans un tuyau de coffrage, et présenté à l’horizontale, telle une frise chronologique. À l’image d’une carotte prélevée dans le sol ou dans la glace, il semble indiquer une succession de strates géologiques voire généalogiques, en même temps qu’il évoque la notion de processus et de remontée vers les origines, d’autant plus imprécises qu’elles s’avèrent lointaines ou profondes.
Anne-Lou Vicente
Texte paru dans le journal de l'exposition Bettina Samson au centre d'art La Galerie de Noisy le Sec

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