Bettina SAMSON 

Ice Haven, reprenant le titre d’une BD de Daniel Clowes, présente un ensemble de pièces qui s’articulent entre elles et réagissent en chaîne sur le mode conceptuel et esthétique de la ligne. Elles composent avec une extrême précision, mais aussi avec le ressort du brouillage, un espace géométrique (réminiscence de l’art minimal et concret) à traverser. Dans cet espace recomposé, chaque proposition joue le rôle d’accompagnateur, de figurant rencontré au cours de notre errance.
Multipliant les indices et les références, les points de vue et les pistes d’entrée, les écrans et les lignes, la «cinématique» de l’exposition suscite la projection narrative. “Le clin d’oeil à la New Babylon de Constant, la diffusion des dialogues de la tour de contrôle de l’aéroport de Nantes, ou la collaboration avec l’artiste Julien Tiberi, donnent à l’exposition une dimension étonnante, plongeant le spectateur dans l’ébauche d’un récit, l’énigme d’une situation” (dixit C. Cesbron): chaque visiteur dans l’exposition dessine ainsi, à partir des « squelettes » que constituent les formes, les contours spatiaux d’un paysage émotionnel, fait de rencontres flottantes, à l’instar d’un road-movie. Il devient en quelque sorte acteur, le personnage d’une quête sans solution.


Voir aussi le site de la Zoo galerie

Le cauchemar de Constant 2006
Sculpture, acier, peinture glycéro, dimensions variables

Sculpture in situ inspirée de Constant et de son projet New Babylon, aux secteurs d’ambiances constructrices de situations.
Sorte de mobilier urbain afonctionnel, garde-corps flottants, fantôme filaire, ses formes modulaires géométriques adoptent les couleurs de l’espace de la Zoo Galerie pour s’y fondre tout en travaillant à détourner nos trajectoires dans un continuum espace-temps. L’oeuvre tend à composer des points de vue, à découper l’espace en volumes abstraits, elle livre des plans spatiaux présents virtuellement, par un jeu spatial de basculement et de dépliement d’un plan vers un autre, vers le deuxième espace.
Un élément se détache et gît au sol, sans doute le premier « figurant » que le visiteur rencontrera. En forme de « chips », harmonieuse et un peu grotesque, sa surface noire mate s’apparente à du caoutchouc, dont la souplesse est en contradiction avec la tenue de la forme, défiant les lois de la gravité pour approcher le corps burlesque.

Voir la suite