Olivier REBUFA 

Noire et blanc 2002
Tirage argentique, 80 x 100 cm
Entrée de l’exposition Au royaume de Babok, Frac Paca, Marseille, 2018
 
 
Vues de l’exposition Au royaume de Babok, Frac Paca, Marseille, 2018
 
Avatars de Mam et cornes photographiques
 
Autel, corne céramique et Portrait de Mam
Autoportrait 2007, 80 x 80 cm sous verre dépoli
 
Radiographie de corne
Détail
 
Au fond
Mbalax 2000
Dos bleu, 180 x 300 cm

Installation vidéo 2017
Projection verticale, 3’30, en boucle avec son, sur écran 200 x 113 cm

A droite
Prémonition 2007
Autoportrait light painting sur dos bleu
 

Installation
Ossements, paille de caisse, sac, masque bronze, plat et calebasse, gri-gri, 2 poupées Barbie, cahier récit, pot à chouraï, tissus indigo et wax, corne coca cola, appareil photo, cauris, ainsi que 30 photographies (10 fois 18x24, 9 fois 24x30 et 11 fois 30x40 cm), des carnets fétichés, deux écrans d’ordinateurs 15 et 17 pouces avec rush de vidéos de Guinée Bissau en boucle, etc… et au centre sous globe de verre le Fétiche du photographe
Vues de l’exposition Au royaume de Babok, Frac Paca, Marseille, 2018
Photographies Jean-Christophe Lett

 

Olivier au royaume de Babok

Afin de faire se rencontrer de façon symbiotique la vie rêvée et la vie réelle, il semble que la photographie ait prouvé depuis longtemps son efficacité. C’est ce qu’Olivier Rebufa a continuellement démontré dans ses séries le mettant en scène avec des poupées Barbie. Mais cela ne suffisait pas pour faire émerger ce qui sous-tendait cette légèreté apparente. Il fallait donc que l’image dise plus qu’un imaginaire de surface, qu’elle se charge du poids des souvenirs et du présent, qu’elle se charge, tout simplement.

Quel poids (réel, symbolique ou numérique) s’accolerait donc à une photo chargée, fétichée, envoûtée ? Si les sorts et les grigris ont bien une durée limitée au temps de leur réalisation, qu’arriverait-il aux photos soumises à ce traitement à la fin de cette action ? Perdraient-elles leur image photographique, leurs qualités plastiques, leurs charges argentiques, leur définition numérique ? Cette interrogation se matérialise dans ce travail « africain » sur la potentialité magique de la photographie. Mais il fallait d'abord que les objets s'incarnent  pour que les photographies d'Olivier Rebufa assument leur densité d'interrogation, de doute et, pourquoi pas, de noirceur. Il fallait savoir transiter de Kawat Kamul au Royaume de Babok.

L’exposition que vous allez voir (ou que vous venez de voir) résulte d’un long processus d’échanges, de doutes et de mise en place. Elle est certainement le dernier avatar d’une lente maturation puisque c’est en 2002 que ce projet s’insinue dans l’esprit d’Olivier Rebufa, d’abord sous la forme d’une envie, celle de faire féticher ses photos, dans cette Afrique qu’il vient de redécouvrir. Pour mémoire, on rappellera qu’Olivier Rebufa, né au Sénégal dont il partit encore enfant, s'est rendu à Dakar en l'an 2000 pour y accomplir un travail photographique avec des enfants africains, avec des jouets africains construits par des enfants, des supports d'images mêlant le contexte africain et l'image qu’ont laissé les occidentaux en Afrique. En 2005, après quelques essais infructueux et la rencontre providentielle avec Dina, le projet va évoluer favorablement pour aboutir à Kawat Kamul, une exposition rompant avec tout ce que l’on croyait savoir du monde imaginaire d’Olivier Rebufa.
 
Dix ans plus tard, il n’est plus question de charges d’images, de représentations du surnaturel, de la rencontre de l’Occident rationnel avec l’Afrique animiste. Le temps du bilan est arrivé. Il est donc question d’inventaire, de constat, de mises à nu.
 
Mise à nu des ressorts cachés, des ressorts cassés, des images mobiles ou immobiles, des images figées, des images subliminales, des notes prises pour être lues mais oubliées, des photos de classes et des radiographies de groupes. Mise à nu obtenue par la dérision, l’autocritique, la réflexion et l’arrêt sur l’image. Et le retour sur soi.
 
En bout de course, les photographies se déchargent enfin de tout ce que l’on savait et de tout ce que l’on n’arrivera jamais à imaginer. Le temps est donc venu d’un dernier voyage en Afrique. Immobile.
 
François Bazzoli
Octobre/novembre 2017

 
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