Noël RAVAUD 

ARTISTE A FLUX TENDU
Artiste à flux tendu est une résidence dans une exposition dans un atelier, l’atelier n° 9 d’Astérides, situé dans un musée, le MAC de Marseille. Et l’artiste travaille dans cet atelier au heures ouvrables du Musée en présence du public.

De ces contraintes la forme d’Artiste à flux tendu est celle d’un environnement in progress qui avait tout d’une réserve ou d’un zoo pour lequel les travaux tiennent plus de l’affichage que de l’œuvre ; un plateau composé de diverses expositions, pour ainsi dire "direct d’usine" où l’on débutait par un portrait du Muséum de Gap, objet muséal inauguré il y a un siècle filmé dans son environnement de 2007 (Quelquefois je me cache dans des animaux / Gomfilm 1), où des dessins sont des scénarios (www.gommerce.org) ou bien des remix de livre (Bambiland remix/Paysage collatéral), où un ensemble de cartels est une œuvre/programme composée d’œuvres à réaliser (Livraisons), où une section rétrospective exposera des projets non réalisés dans des valises pour chats (Hôtel public), où un sol glissant devient l’archétype du commerce (Surface commerciale) et l’objet d’une performance (Surfaces commerciales et assurances spatiales), où des tapis de souris réfractaires à l’infrarouge deviennent le nec plus ultra de la psychologie commerciale contemporaine (Surfaces commerciales individuelles), où un cycle photographique cerne les exigences d’un spectateur exigeant (Les spectateurs), où la sortie secours du musée ne devient accessible qu’avec la carte Exit Access Card délivrée sur place, où des sculptures simulent des modèles courrant dans la société actuelle (Modèles percés : Entraînement, Assurances, Ecoulement total), où ce que font les artistes et les commissaires est ausculté (www.interspore.com), où la réalité tangible de l’espace de l’exposition/Atelier est contrôlé par des automates musicaux (Airbag Squad) qui s’entraînent (Airbag Squad training video)…

L’atelier n° 9 d’Astérides fut ouvert une unique fois du 24 octobre 2007 au 31 Mars 2008 au sein de l’exposition collective Marseille Artistes Associé 1977/2007 au MAC de Marseille.

 
airbag squad

Vue de l'exposition Marseille Artistes Associé 1977/2007, MAC, Marseille, 2007/2008
 
Airbag squad 2008
10 automates musicaux
 
Airbag Squad training 2008
Vidéo, durée 5'
 
 
MODÈLES PERCÉS

Au premier plan : Ecoulement total (Modèle percé 3) 2008
Technique mixte, eau colorée, 60 x 60 x 82 cm
Au deuxième plan : Assurances (Modèle percé 1) 2007
Technique mixte, lampe, variateur, 60 x 60 x 72 cm

Production FRAC PACA pour le Muséum de Gap
 
Modèle percé 1, détail
 
 
PAYSAGE COLLATÉRAL

Paysage collatéral avec objet a (détails) 2008
Début de reconstitution de Bambiland d'Elfriede Jelinek
Dessin, 10 m x 30 m

Il s’agit d’utiliser le formalisme visuel associé à l’objet a lacanien comme méthode graphique et à la fin de tenter de discerner si l’on aura à l’image affaire à des personnes, des choses, des jardins ou des friches.
 
 
EXIT ACCESS CARD

Propose au visiteur du musée de souscrire un contrat donnant la jouissance d’une carte Exit Access donnant accès à la sortie de secours voisine.
Il s’agit de pousser dans ses retranchements les plus grotesques la logique de l’accès propre à l’univers des cartes d’accès bancaires ou autres.

 
Exit Access Card 2008
Stand, comptoir, série de 10 photographies, cartes.
 
Exit Access Card 2008
Photographie couleur

Je m’alimente uniquement pour les formes dans des frigos ou bien je me cache dans des animaux. Alors je vais aux séances chez le psychanalyste TOUJOURS avec une affection psychanalytique.
 
Exit Access Card 2008
Photographie couleur

Nous bégayons, nous tirons sur nos muscles, les langages sont ravaudés et les organes s’épanouissent et essaiment, nous avons quelque chose sur les lèvres, sur le bout de la langue, dans la salive et dans le fond de la langue, nous recollons le personnage et admirez le travail : sutures invisibles.
 
 
SURFACES COMMERCIALES ET ASSURANCES SPATIALES

Le commerce c’est le patinage. De ce constat anodin, physique quoique mental, provient la série de surfaces commerciales projetées, réalisées et inaugurées lors des cinq mois de la résidence Artiste à flux tendu au MAC de Marseille.

La performance avait l’apparence d’une inauguration de concessionnaire auto le vendredi soir dans la zone commerciale de Poitiers, l’allocution avait la saveur et le soucis de l’envolée vers les sphères de l’abstraction customisée et la couleur de la convivialité vernaculaire et bien connu dans la zone commerciale de Poitiers nord. Lui fit suite une démonstration hallucinée de patinage commercial de niveau 8 par Pierre de Vague lui-même.

Extraits de l’allocution de Pierre de Vagues, directeur des ressources commerciales :
« Chers concessionnaires, ne soyons pas modeste, le patinage est une activité humaine. Le patinage n’est pas un sous-produit ou une scorie du commerce : le patinage est l’art du commerce.
(...) Je n’insisterais jamais assez sur le tribu que nos surfaces doivent à l’entretien. En effet, l’expérience nous montre que le coefficient de patinage sur la surface est augmenté par l’assurance dans l’esprit du patineur de l’existence d’un service d’entretien réel. Voilà pourquoi, pour nous, l’assurance psychologique de l’entretien s’avère être un service d’entretien au même titre que l’entretien réel de la surface.
(...) La psychologie est la patinoire de l’esprit.
(...) Les assurances doivent intégrer l’effet gommique à leur produits et devenir ainsi de véritables assurances spatiale.
(...) Certains assimilent notre métier à celui de fabriquant de podiums. Ils se trompent. Nous avons étendu le très limité quart d’heure de célébrité délivré sur les plateaux de télévision aux limites du sampling sans fin de la réalité individuelle : sur nos surfaces commerciales chacun devient une star personnelle ralenti.
Pendant le trajet qui m’a conduit ici j’ai effectué quelques figures mentales de patinage commercial avec plusieurs verbes. Prenez s’exposer. Que se passera-t-il avec s'exposer ? Ou bien s’essayer. Est-ce que s'essayer l’art contemporain est plus proche de s-u-ç-o-t-e-r l’art contemporain ou dévorer l’art contemporain ?
(...) Vous avez là des actions quasiment touristiques, au sens où s’essayer (au tricot, au yodl…) implique des pratiques non vitales qui ne demandent pas une adhésion irrémédiable, alors que s'exposer la poterie semble autrement plus personnel. »

 
Surface commerciale 2008
Plexiglass, bois, produits d'entretien, 4 x 200 x 200 cm
 
Performance par Emmanuel Lescoulié, février 2008
 
 
SURFACE COMMERCIALE individuelle

Sur les zones blanches du tapis la souris infra-rouge patine.
Alors le curseur à l'écran devient incontrôlable.
 
Surface commerciale individuelle n°8 2008
Tapis de souris pour ordinateur, image sur PVC, 23,5 x 19,5 x 0,3 cm
 
Surface commerciale individuelle n° 2 2008
 
Surface commerciale individuelle n° 11 2008
 
Surface commerciale individuelle n° 1 2008
 
 
interspore

Dans la revue Interspore un labo a été ouvert avec ces trois affirmations et propositions qui seront alimentées par la suite :
- l'art, c'est ce que font les artistes (Robert Filliou)
- les expositions, c'est ce que font les commissaires
- les assurances, c'est ce que font les assurances.
Le labo Interspore a été ouvert en ligne pour Artiste à flux tendu.
 
 
 
assurances

Objectif palliatif 2007
Photographie couleur, 33 x 45 cm
 
When i want prévoyance 2007
Photographie couleur, 33 x 45 cm
 
Organes dépendances 2007
Photographie couleur, 33 x 45 cm
 
 
la réalité

La réalite 2007
Ecriture sur blocs de polystyrène, 300 x 140 x 70 cm
 
La réalite 2007
Ecriture sur blocs de polystyrène, 230 x 120 x 60 cm
Nouvelle version de la pièce présentée à la Villa Arson dans le cadre
de l'exposition Double Bind / Arrêtez d'essayer de me comprendre, 2010
 
 
livraisons

Série de 10 cartels, 10 x 20 cm

Pour la résidence dans son atelier n° 9 délocalisé que m’a proposé Astérides, j’ai conçu un projet où les œuvres et moi-même allions nous retrouver dans la position de bêtes apprivoisées pour les visiteurs de l’exposition Marseille Artistes Associés 1977/2007 au MAC de Marseille.

J’ai donc imaginé un zoo médiatique avec des cartels décrivant les œuvres exposées et celles à réaliser pendant le temps de cette résidence et de cette exposition. J’ai intitulé la résidence/exposition Artiste à Flux tendu. L’ensemble des cartels constituait une œuvre en soi, un programme de livraisons futures.
Aujourd’hui, avec le recul, je me dis que j’aurais pu aussi intituler cette résidence et exposition à la fois : Direct d’usine.

 
Petite surface commerciale 2007
 
Hôtel public 2007
 
Gomfilm 2 2007
 
Le casque de l'angoisse 2007
 
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