Laurent PERBOS 

Répondre positivement à la demande d’un artiste en rédigeant un texte pour un catalogue est toujours un exercice périlleux. Il attend, à l’évidence, un propos laudatif. Sinon pourquoi souhaiterait- il votre intervention ? Et cela, en principe, enlève toute objectivité à vos propos. Je vais pourtant tenter l’objectivité en parlant de Laurent Perbos. Laurent n’est pas encore Picasso ou Koons. Mais il a une énergie personnelle particulière qui se transmet dans ses activités, en général, et de manière heureuse dans son œuvre.
Ses interventions sur le statut des objets du sport ont attiré mon œil sans que ce premier intérêt ne se concrétise au sens du collectionneur. Mais il y avait quelque chose de fascinant dans cette approche ironique des formes. Ce n’était pas seulement « beau et malin » comme on pourrait le ressentir au premier degré mais plus complexe, plus profond dans une relation formelle entre le support et son contenu. L’utilisation d’objets de la vie fait que ses expositions pourraient parfois se comparer aux rayons de Décathlon ou de Castorama, nous entrainant vers une analyse rapide de la banalité de notre existence. Et pourtant est-ce si simple ?
Alors pourquoi s’intéresser à ce travail ? C’est complexe et procède, à la fois de la créativité foisonnante et diverse de l’artiste et de ma propre histoire. En analysant mon parcours, je note avoir en 30 ans croisé diverses et différentes logiques, groupes ou écoles qui ont capté mon intérêt. Je constate pourtant avoir été attiré, presque toujours, par le blanc et donc le noir. Dans ma collection la couleur est pratiquement absente. Les œuvres qui gardent dans le temps mon amour sont en général minimalistes. Non dans le rapport direct aux travaux américains des années 70 mais à l’économie des moyens mis en œuvre par l’artiste pour accomplir sa création, quelque soit sa forme.
Si l’on observe le travail de Laurent Perbos on relève une utilisation (presque) constante de la couleur franche. Bleu, jaune, rouge ou vert sont le plus souvent présents dans ses réalisations. Il est pour moi, de manière inconsciente, la fenêtre sur des lieux et des époques ensoleillés et positifs, peut être impossibles (pour moi) à atteindre. La preuve, j’ai acquis un arbre aux couleurs froides, ne m’autorisant pas encore une démarche ludique et colorée. Mais cela viendra certainement par un achat dans les prochains travaux de Laurent à l’image de ce que j’ai vu lors de sa dernière exposition.
En communiquant par la forme et la couleur, Laurent donne vie à un art que l’on peut croire, à tort, simplificateur mais qui est au contraire empreint du sens positif de la création contemporaine. Il s'essaye à d'autres formes, et propose des expérimentations nouvelles et définit des idées que l’on pourrait qualifier de conceptuelles. En particulier, en utilisant ces matériaux pauvres au sens de leur banalité, il désincarne son œuvre au profit d’une forte logique relationnelle. A la fois Picasso pour la couleur et Koons pour la forme, ou le contraire, il lui faut poursuivre sa création pour parfaire encore le sens profond de son travail.
Il a pour moi cette énergie qui déplacera les montagnes de la création et du marché de l’art.
M. Poitevin

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