Pascal NAVARRO 

Memories Still Green

L’intitulé de l’exposition réunissant Suzanne Hetzel et Pascal Navarro est tiré de la formule anglaise in memories yet green, parfois prolongée par in joy still felt. Bien qu’on la trouve occasionnellement gravée dans le marbre ou le granit des plaques funéraires et commémoratives, ou mentionnée dans les rubriques nécrologiques et les anniversaires de décès publiés dans la presse, elle constitue plus largement un appel à remémoration mêlé d’affection, censé renvoyer les auteurs comme les destinataires à d’heureux souvenirs qu’il s’agit d’entretenir à l’égard d’un passé récent – autrement dit à l’échelle d’une vie –, à un agrégat contradictoire et concomitant d’hommage et de vivacité, d’astreinte et de stimulation, de regrets et de projets.
Chez Pascal Navarro, la forme de rétroaction qui se manifeste apparaît plutôt négative. Étant entendu qu’il ne s’agit pas ici d’un jugement de valeur, on en comprend par-là que la réitération de l’action engendre son extinction progressive. Tout autant que Double Carrousel, qui diffuse en boucle deux diapositives initialement identiques (l’une en permanence, l’autre par intermittence mais à intervalle fixe) en altérant plus nettement la version de ces clones la plus exposée à la lampe du projecteur, Beauté Club – La maternité semble participer de cette disposition qui se mesure sur la durée de l’exposition, malgré la différence des protocoles à l’œuvre. Ici, l’image initialement travaillée sur logiciel pour obtenir quatre niveaux de gris est ensuite reportée en quatre temps à l’encre noire sur l’intégralité d’un mur. Pour restituer la distinction des valeurs malgré l’usage exclusif du noir, chaque strate d’encre est recouverte de peinture acrylique blanche. C’est à ce stade du programme que l’exposition est inaugurée, tandis qu’il se prolonge jusqu’à son dernier jour d’ouverture par l’adjonction hebdomadaire d’une nouvelle couche de blanc. Si l’effet attendu en définitive est bien une disparition complète de l’image, elle est extrêmement progressive, en raison des caractéristiques physique et chimiques des matériaux employés. L’encre, dont la densité s’atténue effectivement à chaque passage de peinture, est pourtant ostensiblement transférée à sa surface le temps du séchage, sous l’effet de remontées capillaires. Chaque tentative d’effacement de l’image porte ainsi en elle la double condition de sa disparition et de sa réminiscence.
Edouard Monnet. (extraits)

 
Mon amour #2, 2018
Dessin néguentropique installé
Encre et tirage pigmentaire sur papier Archival contrecollé sur médium, 240 x 590 cm
Prise de vue septembre 2021, Memories still green, (duoshow avec Suzanne Hetzel), Vidéochroniques, Marseille, 2021
 

L’armoire 2021
Armoire en noyer transformée, 52 x 52 x 52 cm
Vue de l'exposition Memories still green, (duoshow avec Suzanne Hetzel), Vidéochroniques, Marseille, 2021

La sculpture est réalisée à partir de l’armoire de mes parents, construits dans les années 60 par mon grand-père maternel. Destiné à être jeté, je l’ai récupéré pour le réassembler avec l’aide d’un ébéniste (atelier Berek), dans un volume compris dans un cube. Le volume est plein et comporte la totalité du bois de l’armoire . Il garde en mémoire quelques uns de ses aspects visuels antérieurs.

 
Les fins (début de collection)
Installation, livres, collection en cours
Vue de l'exposition Memories still green, (duoshow avec Suzanne Hetzel), Vidéochroniques, Marseille, 2021
 

Beauté Club - Maternité, 2021
Inscription murale, encre noire et peinture acrylique blanche sur mur, 541 x 450 cm
29 juin 2021 / 21 septembre 2021
Vues de l'exposition Memories still green, (duoshow avec Suzanne Hetzel), Vidéochroniques, Marseille, 2021

L’inscription murale à l’encre noire est recouverte de peinture blanche une fois par semaine pendant la durée de l’exposition. A la fin de l’exposition, le mur est blanc.

 

Double carrousel 2019

Deux projecteurs à diapositives sont allumés et contiennent chacun une seule diapositive. Les deux diapositives sont identiques. Un carrousel tourne tandis que l’autre reste arrêté sur l’image. Au cours des jours, l’image fixe s’altère, décolorée par la lampe du projecteur.

 

Beauté club
5000 diapositives projetées, installation

Beauté club présente la totalité des diapositives prises par une famille entre les années 60 et les années 2000, dans le désordre. Le temps de la durée de l’exposition est découpé de manière régulière afin que chaque carrousel soit présenté sur une même durée.

 
Beauté club
Carte postale imprimée à partir d'une diapositive
 

Garages, (after Bescher) 2021
9 photographie, 50 x 70 cm chacune

Ce travail fait suite à une première série de 15 images présentées en 2009 à Vidéochroniques. La deuxième série est montrée un peu plus de 10 ans après, dans le même lieu.

Voir l'œuvre
 
Voir aussi le site de Videochroniques
 
Retour