Ingrid MOURREAU 

Ma vie à comblé mes espérances. J’exerce depuis dix ans maintenant la profession de gynécologue, et je tripote à ce titre une quantité formidable de personnes, surtout des femmes. Je regrette à ce titre que les hommes ne s’occupent pas mieux de leurs femmes. S’ils leur consacraient ne serait-ce qu’un dixième du temps qu’ils passent à boire ou à faire semblant de travailler, le monde ne serait pas ce qu’il est. Parfois je pense à ces savants américains qui étudient la sensibilité des plantes à grands coups d’électrodes collées sur les nervures. Je les imagine de retour chez eux, le soir, après une journée de sensibilité végétale. Lequel d’entre eux s’étonne du mince lacis de veines et de ridules qui tend le corps de son épouse ? Lequel surveille sa capacité de réaction aux chocs émotifs ? Lequel s’assure qu’elle a assez d’air et de lumière ? Je ne veux accuser personne, mais, croyez-moi, les femmes ont au moins autant de capteurs sensitifs que les bégonias, il serait temps d’y penser.
Extrait de Laetitia (la joie), de Marie Desplechin.
(Trop Sensible, éditions de L’Olivier, 1995)


Sans titre 2005
Gouache sur papier, 18 X 13 cm

Sans titre 2004
Gouache sur papier, 18 X 13 cm

Sans titre 2005
Gouache sur papier, 18 X 13 cm

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