Pascale MIJARES 

Sur un chantier, on improvise de petites constructions précaires et provisoires, fabriquées avec ce qui tombe sous la main, pour le confort d’une pause. Réalisé à l’aide d’outils de maçon, Une indomptable envie de faire le mur, figure un rêve, un moment d’égarement, permettant d’oublier le labeur, les conditions de travail, de pallier les conditions de vie. L’ouvrier a remplacé la gamelle par le casse-croute, pas de femme à ses côtés. La solitude le suit jusqu’au cœur du vacarme, elle le protège dans ce perpétuel désordre. Le chapiteau cousu tant bien que mal n’est pas le fruit d’une couturière, mais l’ouvrage « tissé » au fil des pauses, en attendant les beaux jours, pour certains le retour… Ce n’est plus la nostalgie qu’inspire la pièce le mal du pays réalisée en 2008, mais un idéal, un souhait, une destinée enviée, une vie comblée, hélas l’inaccessible. Le chapiteau évoque le voyage, la passion, la vie en famille, mais aussi les cris de joie lorsqu’il se déploie. Bien que loin des réalités, cette vie nomade et de « bohème », nous fait oublier la rigueur et le travail sans relâche qu’elle impose. Le cirque, c’est les paillettes, les rires, les larmes d’émotion, le cirque c’est la magie qui fait tout oublier, qui arrête le temps.

Arrêter le temps c’est ce que propose Viser la lune. Une barre de chantier traverse et plante un morceau de carton, le cloue au mur comme on cloue une œuvre, un tableau. Imprimé d’étoiles bleues, le reliquat d’emballage évoque, par le biais d’un éclairage circulaire, le spectacle sous les projecteurs, la voie lactée. Le titre, en référence à cette citation d’oscar Wilde : « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles », nous donne le ton.
Telle une lance qui a atteint sa cible, cette installation nous rapproche de certaines peuplades pour qui la magie est vitale.
La pointe sort du mur, le geste radical témoigne d’une violence, convoque les sens.
Fixer les étoiles, c’est aussi un moyen de les voir filer. A force de scruter on croit les voire bouger. On fait un vœu, celui d’arrêter le temps…


Une indomptable envie de faire le mur

Viser la lune

À la semelle du soulier

Azulejos

Retour