Céline MARIN 

La cinquième saison, Acte II 2020-2021
Série de 15 dessins, crayon sur papier, 45 x 65 cm, papier blanc 300g/m2
 
 
 
 
 
Vues de l’exposition Dessins extimes, co-production Réseau documents d’artistes et la Maison Salvan, Labège, 2021
 
 

La cinquième saison, acte II

De prime abord, les dessins que Céline Marin exécute à la mine de plomb, sur papier blanc ou coloré, ne laissent pas soupçonner la vaste hétérogénéité de leur matière première. L’articulation entre les différents éléments - récoltés, isolés de leur contexte et recomposés - est camouflée à la perfection grâce au trait minutieux du dessin. Ce souci de gommer les ruptures de continuité entre les images-source n’est pas sans évoquer les collages surréalistes, et tout particulièrement les romans-collages de Max Ernst : tout comme les planches réalisées par l’artiste allemand, Céline Marin construit rigoureusement des images tout à fait plausibles, qui, grâce à cela, sèment le plus grand trouble dans la lecture de l’image. 
Les gestes qui sous-tendent son travail s’articulent en collecte iconographique, assemblage des images, association des éléments sans hiérarchie, puisque « une paire de chaussettes ne convient pas moins à la réalisation d’une peinture que du bois, des clous, de la térébenthine, de l’huile ou du tissu ».
Pour les dessins qui composent la série La cinquième saison, acte II Céline Marin a opéré cette récolte d’images en voyageant dans plusieurs pays d’Europe à la recherche des fêtes du milieu de l’hiver, où des rites anciens se mélangent à des inspirations plus actuelles, telles que l’imaginaire fantasy. Sa matière d’origine contient donc déjà le principe du mixage.

Dans cette nouvelle collection d’images, le rituel et l’hybridation homme-animal (qui rappelle les portraits de Charles Freger) reviennent sans cesse dans les scènes dessinées : l’homme sauvage, baigné d’inquiétante étrangeté, en est le personnage principal. 

S’il est vrai que dans les moments de crise les artistes se retrouvent à re-interroger et à deconstruire les codes existants de la représentation, il serait aisé de nous questionner sur la résurgence de la notion de sauvage dans un monde technologique qui court à grande vitesse vers sa déperdition. 


Stefania Meazza

 
 
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