Pierre MALPHETTES 

Se soustraire à la gravitation, opposer le déplacement à la stabilité, produire des situations plutôt que des objets, voilà ce à quoi tend l’activité de Pierre Malphettes. Avec des moyens intangibles (vide, air et lumière artificiels), ce travail poétique est traversé par ce que l’artiste désigne comme un “sentiment d’impermanence”. Dans l’espace d’exposition où il intervient, Pierre Malphettes souligne la disposition circulaire des salles en inventant dans chacune de ses pièces une formes de parcours. Il est question ici d’errance et de mouvement en boucle, comme si le temps était suspendu. Trois dessins au néon figent, à la manière du haïku, l’invisible trajectoire d’une mouche et d’une fourmi, ainsi que la chutte d’une goutte d’eau créant ainsi trois espaces chromatiques distincts mais impalplables. Une maquette représentant un circuit acrobatique, mise d’une manière inhabituelle en situation sur un escalier, décrit mentalement le mouvement circulaire d’une prodigieuse cascade dont les projections de boue se serait inscrites, sous la forme d’une trame peinte, au pied d’un mur. Une porte monumentale qui oppose la froideur d’une structure en métal à un mystérieux parallélépipède rose en plexiglas, ouvre sur le rien. Un ange passe. Puis, cette installation avec quatre eucalyptus soumis à des courants d’air, boucles artificielles de vent, issues de ventilateurs reliés à un ordinateur qui sample le vent qu’il fait. Vue de l’extérieur, la lumière des lampes au sodium, nécessaires à la survie des arbustes, donne à l’installation un ton oranger à l’artifice un rien pop comme pour souligner le mouvement de déplacement du jardin vers l’intérieur. Enfin, une inscription en très gros caractères d’imprimerie, rappelant les découpages des lettres anonymes, ramène le regardeur sur ses pas, achevant tout en la recommençant l’exposition de Pierre Malphettes avec cet indice : “Rien n’est sûr mais c’est une piste”.

Catherine Macchi de Vilhena

Vus de l’exposition Re : location, Villa Arson, Centre national d’art contemporain, Nice, 2003

Trajectoire de mouche 2003
Néons verts, 70 x 185 cm

La goutte d'eau 2003
Néon bleu, diamètre 124 cm, hauteur variable
The drop of water 2003
Blue neon, 124 cm in diameter, various heights

Trajectoire de fourmi 2003
Néon rouge, 240 x 120 cm
Photographies Jean Brasille
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