Arnaud MAGUET 

Dream baby dream 2007
Boite de conserve, tourne-disque, ampoule et câble, 55 x 35 x 50 cm
Vue de l'exposition Mais qu'est-il arrivé à cette musique ?, Villa Arson, Nice
Photographie Jean Brazille
Collection du FNAC

Tin can, record player, redlight bulb and wire


Notre mémoire se cache depuis longtemps dans le souterrain retouché.
Jean-Jacques Lebel

C’est un peu l’histoire du cousin redneck de Brion Gysin, celui qui n’est jamais invité à aucune fête et qui ne reçoit de la ville que des nouvelles éparses. Loin des salons où l’on cause, loin des scènes où l’on déclame, par delà les dernières périphéries, dans ces zones où la rudesse des rapports de production est restée éclatante, depuis bien longtemps, il recycle, rejoue ou anticipe l’Histoire sans le savoir. Il est trop loin et trop seul. Il ne sait rien de la poésie beat, de Burroughs, Ginsberg, du Chelsea Hotel, de la dope, des garçons et ne souhaite pas que cela change. Ce qu’il sait, en revanche, c’est que cette boîte de conserve qui tourne, criblée de chevrotine, lui fait des trucs bizarres à la tête après deux ou trois gnôle, et ça, c’est plutôt cool. Il n’a strictement aucune théorie sur ce phénomène, il en constate les effets, c’est tout. Il ne veut pas savoir comment ça marche ni retracer le processus qui l’a conduit à assembler ces éléments épars dans cet ordre précis. Sur le coup, ça lui a paru logique et il l’a fait. Un jour, il a eu cette putain d’idée et au diable les avant-gardes et les pédés de la ville ! Ce soir encore, il va se mettre minable et pour quelques heures, avec un peu de chance et rien d’illégal, il quittera son temps et aussi son espace. Est-ce trop demander de la part d’un honnête travailleur ? A.M.


Our memory has been hiding in the altered underground passage for a long time.
Jean-Jacques Lebel

This is sort of the story of Brion Gysin’s redneck cousin, the one who never gets invited to parties and who only gets sparse news from town now and then. A long way from the private rooms where people converse, from stages where people declaim, beyond the last fringe on the outskirts, in zones where the harshness of class struggle has remained striking, he has been recycling, replaying or anticipating History for a long time without knowing it. He is too far and too lonely. He knows nothing about beat poetry, about Burroughs, Ginsberg, about the Chelsea Hotel, about dope, boys, and he doesn’t want that to change. On the other hand what he does know is that this spinning tin can, riddled with buckshot, does strange things to his head after two or three snifters, and that’s rather cool. He doesn’t have the slightest theory about this phenomenon, he just sees what its effects are, and that’s it. He doesn’t want to know how it works or retrace the process which brought him to assemble these scattered elements in this precise order. At the time, it seemed logical to him and he did it. One day, he had this god damn idea and to hell with avant-gardes and with the town’s fags! Tonight once again he will blow himself away and for a few hours, with a bit of luck and nothing illegal, he will exit from his own time and also from his own space. Is that too much to ask from an honest worker ? A.M.
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