Ahram LEE 

Sans médium de prédilection, Ahram Lee joue des « seuils de visibilité et de lisibilité (voir d’intelligibilité) ». Le monumental dessin : de l’équateur au pôle nord, est la résultante d’un geste programmatique consistant à tracer au moyen d’une règle et d’un crayon 4B une première ligne verticale de 60 cm, puis de tailler le crayon entre chacune des plus de 5000 lignes réalisées ensuite, sur le même principe. L’extrémité de la ligne originelle s’épaississant par l’usure de la mine désaxe l’angle de celle qui lui succède, et ainsi de suite. Conduite par un geste ouvrier, l’artiste use et épuise ce procédé presque mécanique jusqu’à ce que l’imprévisibilité de l’épaisseur métamorphose l’axe vertical en un axe horizontal, à la mesure d’un paysage abstrait non maîtrisé. L’esthétique de la minutie et du hasard se manifeste également dans les traces et tâches accidentelles occasionnées par la mine de plomb, parfois cassée dans l’élan du geste, qui contrarient les desseins et la maîtrise affichée par l’artiste.
Une chance sur se présente comme une installation linéaire de plusieurs interrupteurs fonctionnels, reliés de câbles électriques et terminés par une ampoule. Fondée sur un système de probabilités, cette œuvre laisse entrevoir l’allumage possible d’une ampoule en fonction d’une unique combinaison, qui dépend de la position de chacun des interrupteurs constituant également ce circuit. Interactive, désespérante mais pas impossible, l’œuvre conceptualise l’idée d’un « Eureka » dont seule l’artiste détient la formule mathématique et plastique.

Elsa Roussel et Édouard Monnet
pour l’exposition « Young and Restless » à Vidéochroniques, 2011

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