Jean-Baptiste JANISSET 

Jean-Baptiste Janisset s'aventure. Il aime bien marcher. Le baroudeur développe une passion pour le Sud, et particulièrement pour ces anciens territoires coloniaux dont l'histoire offre un matériau brûlant, à l'heure des restitutions et des repentirs.
Blasons, insignes, armoiries, macarons et autres décorations d'appartenance sont ses motifs de prédilection. C'est une façon de pervertir les attributions, pour mieux les rapatrier, les déplacer, les replacer. L'artiste continue à chercher sa propre manière de considérer aujourd'hui l'exotisme. Savoir être ailleurs. Et sa production, dans une humeur revancharde, adopte des moyens de vandale en son propre pays.
Le verbe « subtiliser » atteste d'une certaine délicatesse. Même s'il confie être de moins en moins pirate, s'approprier des chantiers, faire un tour de France à voler du matos ou squatter des institutions sont des stratégies classiques qu'il pratique en contournant les lois, par nécessité économique mais pas seulement. S'il aborde avec respect les cultures des autres, il tient à demeurer sauvage là où il est indigène. Son premier moulage, il le fait au Sénégal, dans la rue, après s'être vu accorder la bénédiction de plusieurs entités spirituelles du continent. De là, rencontre après rencontre, il évolue à travers différentes sociétés qui toutes, croient. La foi fascine.
Qu'il participe à l'Aïd el-Kebir à Alger, à une cérémonie Gaïndé à Dakar, à des funérailles traditionnelles à Bitam, à la victoire de la Coupe d'Afrique des Nations à Yaoundé, au culte Égoun à Abomey ou à l'Assomption de la Vierge Marie à Ajaccio, c'est la ferveur qui nourrit partout ses initiatives sculpturales.
Il façonne le métal, le plâtre et la lumière, animé par ses propres transes et chérit les alliages, une forme de syncrétisme, parfois toxique. Il s'agit alors de se laisser envoûter par l'animisme bien incarné de Jean-Baptiste Janisset.
« Pour traiter d'un sujet douloureux, le plomb est très efficace. »
Joël Riff
 
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