Michel HOUSSIN 

Pourquoi ces Paysages brodés, ces Broderies, ces Broderzh ; ces dessins denses, compliqués, pinaillés ?
Si on me le demande et si je me le demande moi-même, je répondrai quoi ?
Que la nature a horreur du vide ?
Que je dessine le chant des oiseaux ?
Que, comme le remarque Dominique Belloir, « le choix du cadrage est très limité lorsqu'on veut photographier ou filmer un paysage naturel... Coincé entre deux affreux lotissements plaqués dans le hors champ immédiat » ? Quoique... En dessin, en tout cas dans mes dessins, le lotissement, le poteau et les fils électriques sont supprimés, oubliés, zappés. Je ne les vois même pas. C'est inconscient. Je le jure. Et, re-quoique... Le numérique rend aisés la suppression des indésirables et le rapprochement des inconciliables, ce qui permet aux photographes, vidéastes, cinéastes de tricher autant que nous autres peintres dessinateurs.
Mais je digresse. Je pourrai répondre quoi encore ?
Que le regardeur attentif est de plus en plus rare et de plus en plus pressé.
Qu'il se satisfait bien souvent d'avoir identifié une tête ou un arbre - c'est une tête, c'est un arbre - ou c'est un type qui s'assoit sur une chaise... ou un autre qui se mouche en pleurant... ou encore un homme fusillé un Tres de mayo 1808... Sans avoir vu, vraiment vu, le dessin, la photographie, le film ou la peinture... mais seulement, le motif, le fait historique, le prétexte qui les a générés. Qu'il faut donc - je reviens à mes dessins touffus - escamoter le ciel, l'horizon, les troncs des arbres... ou au moins en estomper la présence pour inciter le regardeur à ne pas se contenter de la seule reconnaissance du motif ? Michel Houssin, in arearevue)s( n°2, juin 2002

Why these embroidered landscapes, these embroideries, these Broderzh; these dense, complicated and fussy drawings ?
If someone else or I myself were to ask, what would I answer ?
That nature fears the void ?
That I draw birdsongs ?
As, Dominique Belloir has pointed out, “The choice of viewpoint is very limited when one wishes to photograph or film a natural landscape...crammed between two horrible housing lots just beyond the picture frame.” Although...
In drawing, in my drawings in any case, the lot, the electrical posts and wires are eliminated, zapped out. I don’t even see them. It’s an unconscious act. I swear.
That said, digital technology makes eliminating unwanted elements and uniting irreconcilables easy, which allows photographers, videographers and film makers to trick as much as we painters or draftsmen.
The attentive spectator is increasingly rarer and has less and less time.
He is often satisfied to identify a head or a tree -it’s a head, it’s a tree, or it’s somebody sitting in a chair...or another wiping his tears while he weeps...or still, a man gunned down the Tres de Mayo 1808... He doesn’t see, he has never really seen, the drawing, photo, film, or painting...but only the motif, the historical fact, the pretext behind them. To get back to my drawings, one must then conjure away the sky, the horizon, the tree trunks...or at least attenuate their presence to incite the spectator to go beyond merely contenting himself with the identification of the motif.
Michel Houssin, in area revue)s( n.2, june2002

Broderezh
Mine de plomb sur papier, 17,5 x 20 cm
Photographie Jean-Luc Maby
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