Alexandra GUILLOT 

Retable 2014
Vidéo 4/3, son stéréo, durée : 23 min 16 s

En 1999, Robin Decourcy filme un ensemble d’images qu’il conserve sur une cassette mini DV, relié à un projet de portraits et de performances appelé Rédemption. En 2012, lors d’échanges entre artistes, il m'envoie cette bande dont les images ont été altérées par le temps. Fascinée par ces matières et couleurs, je décide de les utiliser comme "matière contrainte" et d'en faire un film expérimental. Le projet prend alors la forme d’un retable.
Un retable est composé de 5 tableaux, les deux volets visibles lorsque celui-ci est fermé sont traditionnellement peints en grisaille alors que, ceux intérieurs, sont en couleur.
Dans les musées, les retables sont usuellement présentés semi-ouverts, afin que les 5 panneaux soient visibles en même temps. Un montage filmique permet de présenter chronologiquement ces cinq étapes.
Les cinq tableaux représentés sont donc d'abord la face extérieure gauche (prologue), la face interne gauche (l'enfer), le centre (le purgatoire), la face interne droite (le paradis) et la face extérieure droite (prologue).
Mon inspiration puise ici dans le sacré et la peinture.
Le sacré, je ne peux que l'exprimer de façon subjective, mon propre sacré qui est la culture par le biais de l'utilisation de la littérature, du cinéma et de la musique. En face, une idéologie désuète mais inspirante qui sera ici les concepts d'enfer, de purgatoire et de paradis.
La peinture, je l'atteins visuellement par la recherche de couleurs, d'abstraction etc.. C'est ce qui m'a plu dans les images de Robin Decourcy et m'a guidée dans dans leur manipulation, destruction, en faire des peintures.

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Des images, venues de loin, sauvées du dépérissement. Des images, du corps libidinal à la terre sèche, aride, ingrate des déserts qui toujours établiront, à chaque vision, de nouveaux rapports avec la parole dite et la parole tue de l‘écriture, jamais tout à fait audible ou déchiffrable. Vulve, mur de Léonard de Vinci : la matière mouvante du vidéographique se transporte dans une aube de l’image, dans une naissance sans cesse reportée, inachevée dans le mouvement qui, dans la palingénésie, mène de la mort à une naissance imparfaite qui n’est jamais tout à fait renaissance. Une poétique du glitch où l’altération tire tout à la fois vers un état antérieur, un état premier, impossible, et la pulvérisation, le démembrement par le dernier trou noir avant la fin des fins. Des images qui comme un cierge luisent, vacillantes, dans « l’ombre où le soleil se tait ».
Yann Ricordel

 
Retable 2014
 
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