Isabelle GIOVACCHINI 

Cri 2005
Montage vidéo de photocopies, projection en boucle, dimensions variables, 2005
D'après le fonds iconographique de la Pitié-Salpêtrière
Scream 2005
Video installation : video montage from Xerox copies, projection on a loop, variable dimensions
 
 
 
 
 
En consultant l’ouvrage Invention de l’hystérie — Charcot et l’iconographie de la Salpêtrière (Georges Didi-Huberman, 1982), j’y ai découvert une photographie particulièrement insoutenable d’Augustine, patiente fétiche de Charcot. Attachée à ce qui semble être un lit, elle crie, le corps arc-bouté et le visage défiguré.

Longtemps, les crises dites d’hystérie ont été décrite comme une façon, typiquement féminine, de rejouer un événement traumatique, sans pour autant parvenir à fixer ce moment ou y échapper. Cette définition, tout comme le terme d’hystérie, ont depuis longtemps disparu du DSM, ouvrage de référence mondiale en matière de psychiatrie.

J’ai conservé cette image d’Augustine, telle que mise en page dans le livre de Didi-Huberman. Je l’ai photocopiée une première fois, puis ai photocopié le résultat obtenu, poussant ce protocole de reproduction d’une reproduction jusqu’à ce que la dernière photocopie ne représente plus, par le cumul d’aberrations mécaniques, qu’un monochrome noir.

J’ai ensuite monté les centaines d’images obtenues, en respectant leur ordre de réalisation, afin d’en faire un film. Celui-ci est une boucle, où l’on voit la « patiente » de Charcot progressivement rongée par le noir. Un effet de dé-zoom, qui part de la zone béante, elle aussi noire, située entre les lèvres d’Augustine, permet progressivement de retrouver la première image de mon montage, qui se désagrège à nouveau, ad nauseam.
 
 
Visuel extrait de Invention de l’hystérie — Charcot et l’iconographie de la Salpêtrière (Georges Didi-Huberman, Macula, 1982)
 
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