Jean-Baptiste GANNE 

Nobody Needs French Theory 2007
Performance, le 9 novembre 2007 à "La Maison", galerie singulière avec la team Electrash


Un appartement de quatre-vingt mètres carrés. Disons au moins quatre-vingt personnes passant de ci de là. Alors, on y est, dans l’appartement. Que reste-t-il à voir sinon ces personnes mêmes ? De toutes façons, comme à chaque bernissage c’est ce que l’on est venu voir, les autres, et soi-même au milieu des autres. “Plus rien à voir”. Pourtant on ne l’entend pas bien souvent celle-là, c’est plutôt “Plus rien à boire”, l’usuel du bernissage. Oups, nous nous égarons. Il a bien fallu inverser le Klein et sauter dans le vide. Sauter depuis l’extérieur. De l’extérieur vers l’intérieur. Mais ça, c’est avant l’arrivée du public. 1 / Klein, disons. Une salle vide qui ne s’emplit que de mon image.
Allons, reprenons : le public arrive pour se voir (ou pour se boire, mais l’on s’y perd encore (ou peut-être même pour s’y croire, mais alors là on est encore plus perdu (“Plus rien à croire”))). Donc reprenons au tout début, disons vers la toute petite enfance. Plus jeune qu’Alice oui, encore avant. On est là devant le miroir, et puis voilà que l’on se sert de cette image pour unifier notre corps et finalement dire “Je”. Sauf qu’à ce jeu, le “Je” (justement sans U*), il ne sert à rien, il ne sert à rien si il ne dénie pas. Pourquoi dire “Je” s'il n’y a personne à qui l’opposer ? Alors j’invite, l’artiste invite, on invite, ils s’invitent, de jeunes danseurs, des comme on était avant mais en fait pas du tout, des danseurs de Tecktonik, tout à leur bulle, tout à leur musique, tout à leur ipod. Et bah oui, eux, ils dansent, face aux miroirs. Alors, comme on dirait plus haut, ils unifient leurs corps mais c’est bien insuffisant. Les autres, nous, je, ils, on les voit degingandés, unifiant leurs corps peut-être, mais alors membre par membre et puis pas de musique, elle est dans les têtes, juste le bruit des mouvements de corps et puis, de plus en plus fort, les conversations de bernissage. En fait c’est bien mon corps regardant qu’ils unifient. Je ne sais plus ce que l’on regarde, je, tu, ils, elles surtout. On se regarde regarder. Les danseurs se regardent bien danser. 
Je me souviens de l’autre qui écrivait “Regardez-moi cela suffit !”. Pourquoi pas “Regardez-moi regardant, cela suffit !”; pfff, encore de la logorrhée. Et puis ça ne suffit peut-être pas.  Pardon. Ça me remonte la logomachie. J’oubliais : Nobody needs French theory.
Il resterait pas un petit quelque chose à voir croire boire?

*en anglais dans le texte

 
 
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