Jean-Baptiste GANNE 

El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha 2005
Installation lumineuse pour la coupole du Grand Palais, 2009
Coproduction Centre national des arts plastiques et l’artiste

El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha 2005
Installation lumineuse pour la coupole du Grand Palais, vues intérieures
Photographies Jean-Marc Charles

El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha 2005
Extrait de 2 minutes 30 de la lecture du Quijote

C’est en code morse lumineux et en espagnol, que se lit l’ensemble du Don Quijote de Cervantès sous la coupole du Grand Palais. Essentiellement visible la nuit, cette lecture pendant environ quarante jours, transforme en phare bavard la partie supérieure de la coupole, alternant signes brefs et longs.
L’architecture devient l’outil du langage et non plus le réceptacle de ce qui se montre. La voilà loquace.Le premier grand roman moderne se lit à la vitesse même de la vie qui se déroule à ses pieds. Sous cette coupole, la lumière rougit la verrière comme un battement irrégulier pour toutes les Dulcinée qui courent la ville, en égrenant le récit incompris d’aventures rêvées.
Redire le Don Quijote, non seulement car il serait le grand roman de l’illusion qui fonde l’occident, mais le redire en longueur comme l’illusion d’un roman qui s’écrit en se disant. Et donc récrire les illusions de la vie qui peuplent la ville, les écrire au moment même où elles adviennent. Faire un livre en lumière qui (d)écrit le grand récit, celui qui porte tous les autres, les personnels et les singuliers, et faire un livre en lumière qui se dit comme ce qu’il est, juste une suite de signes.
L’ingénieux Hidalgo transforme la réalité en signe et sa vie en livre. La lecture de ce livre-vie transforme le signe en une réalité rougeoyante dans le ciel de Paris. Parfois brève, parfois longue.

Post-Scriptum
« Pourquoi précisément le Quijote? » me demanderiez-vous avec Borgès.
Et Pierre Ménard de répondre :
« Le Quijote m’intéresse profondément, mais il ne me semble pas, comment dirais-je, inévitable. »
Et d’ajouter :
« Mon souvenir général du Quijote, simplifié par l’oubli et l’indifférence, peut très bien être équivalent à la vague image antérieure d’un livre non écrit. 

In Spanish and in Morse code that lights up the Grand Palais cupola, the entirety of Cervantès' Don Quixote can be read. Visible for the most part at night, this approximately forty-day reading turns the top of the cupola into a lighthouse emitting long and short signals.
Modernity's first great novel is thus read at the very speed of the life taking place at the foot of the Grand Palais. The red flashes light up the cupola's glass like an irregular heart beat for all the Dulcineas to be found in Paris, counting out the incomprehensible tale of dreamed adventures.
This tells the tale of Don Quixote, not only as the great novel of the illusion on which Western culture is based, but in a linear fashion, like the illusion of a novel that is both written and told at the same time. It therefore transcribes the real-time illusions of the lives of those peopling the city. This means making a book that describes and transcribes the great tale in light, one on which all others are grounded, be they personal or remarkable. It also means making a book in and of light that tells its tale by the very means of what a story is: no more than a series of linguistic signs.
The ingenious Hidalgo transforms reality into these signs, and his life into a book, and reading this "life-book" turns these signs into a glowing red reality to be seen in the Parisian sky. Sometimes short, sometimes long.

Postscript
Together with Jorge Luis Borges, our reader might ask: "But why precisely the Quixote?"
And Pierre Ménard clarifies:
"The Quixote interests me deeply, but it does not seem – how shall I say it – inevitable."
And he adds:
"My general recollection of the Quixote, simplified by forgetfulness and indifference, can well equal the imprecise and prior image of a book not yet written."


El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha
Croquis pour le grand Palais, Jean-Baptiste Ganne, 2008
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