Eric DUYCKAERTS 

The Dummy’s Lesson – Avec Jean-Pierre Khazem

The Dummy’s Lesson est une œuvre qui s’énonce sur quatre modes : un film de 5 minutes 30, une sculpture, une série de dessins et une série de photos.
Le film. Le « dummy » désigne la marionnette du ventriloque : le titre évoque une hypothétique leçon de dessin donnée par le dummy à son manipulateur. En réalité, il s’avère que le dummy est le psychothérapeute du manipulateur et que celui-ci ne s’en rend pas compte ! Le dialogue frise l’absurdité, sans y tomber. Le malentendu en est le ressort. Les dessins réalisés par le manipulateur se situent entre le gribouillis enfantin et l’art abstrait. Tout le projet flirte avec la tradition burlesque de la ventriloquie. Les dialogues sont en anglais; sous-titrage français. Le manipulateur a la tête recouverte d’une tête en silicone, légèrement surdimensionnée; elle est très réaliste et représente ma tête. Le dummy a aussi mes traits. (On peut voir de ces têtes en silicone dans des films ou sur des photos de Jean-Pierre Khazem : elles produisent un effet indéfinissable d’inquiétante étrangeté.)
La sculpture, Next Appointment, reprend de manière réaliste le ventriloque et sa marionnette. Elle permet de « sentir » mieux que dans le film les qualités exceptionnelles de la matière et de la réalisation de la tête des personnages. Elle introduit la fixité, le silence. En outre, une vidéo-projection fait apparaître, comme par magie, un dessin de labyrinthe crétois sur le paper-board des deux compères.
Les dessins sont ceux qui ont été réalisés sur plexiglas pendant les séances de tournage de The Dummy’s Lesson. Ils prolongent l’absurdité ou l’étrangeté de la leçon, tout en s’inscrivant dans les interrogations sur le dessin dans l’art d’aujourd’hui.
Les photos, indépendantes du tournage, proposent une autre vision de la « leçon ». Elles prolongent en profondeur les questions d’identité qui se posent entrent les deux personnages (« Qui est qui ? »). Leur hiératisme, leur extrême perfection, la grande dimension des tirages entre en dialogue avec le caractère sommaire des dessins. Elles évoquent aussi un univers de lumières électriques et acides qui fait ressortir l’étrange intimité qui réunit le manipulateur et son double.
Le fait de travailler avec Jean-Pierre Khazem m’a appris qu’on n’était pas toujours tout seul dans la création. C’était une fête.



The Dummy’s Lesson – With Jean-Pierre Khazem
The Dummy’s Lesson is a work which comes across in four modes: a 5fi minute film, a sculpture, a series of drawings, and a series of photos. The film. The “dummy” is the ventriloquist’s puppet; the title conjures up a hypothetical drawing lesson given by the dummy to its handler. In reality, it turns out that the dummy is the handler’s psychotherapist, and the handler doesn’t realize it! The dialogue borders on absurdity, but doesn’t topple over into it. Its mainspring is misunderstanding. The drawings made by the handler come somewhere between childlike scribbles and abstract art. The whole project flirts with the burlesque tradition of ventriloquy. The dialogue is in Engllish, with French subtitles. The handler has his head covered with a silicon head which is slightly oversized; it is very realistic and represents my own head. The dummy also has my features. (You can see some of these silicon heads in some of Jean-Pierre Khazem’s films and photos--they create an indefinable effect of troubling uncanniness.) The sculpture. Next Appointment adopts the ventriloquist and his puppet in a realistic way. It helps you to “sense” and “feel” the exceptional qualties of the material and making of the characters’ heads, better than in the film. It introduces fixedness and silence. In addition, a video projection reveals, as if by magic, the drawing of a Cretan maze on the paper-board of the two accomplices. The drawings are the ones made on plexiglas during the shooting sessions of The Dummy’s Lesson. They prolong the absurdity and uncanniness of the lesson, while being part and parcel of the questions about drawing in today’s art. The photos, which are independent of the shooting, propose another vision of the “lesson”. They prolong, depth-wise, the issues of identity that are raised betwen the two characters (“Who is who?”). Their hieratic nature, their extreme perfection, and the large size of the prints gets involved in a dialogue with the cursory character of the drawings. They also conjure up a world of electric, acid lights, which brings out the strange intimacy that joins the handler and his double together.
The fact of working with Jean-Pierre Khazem has taught me that you’re not always on your own when you’re creating things. It was a party.


The Dummy's lesson
Next Appointment 2000
Chevalet, acier, projecteur diapositive, marionettes

The Dummy's lesson
Croquis
2000
Dessin sur verre
Photographies François Lagarde

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