Caroline DUCHATELET 

Ombres 2008
Deux battants de bois laqué, largeur totale 185 cm, hauteur 335 cm
Two panels or lacquered wood, total width 185 cm, height 335 cm
Château d'Avignon, Camargue, été 2008
 
 
Tout autour, plus loin, une grande étendue plane - terre, sel, sable.

Juste dehors, une vaste esplanade de gravier vers un parc peu planté, un grand champ d'herbe. Plein sud, pleine lumière sur le gravier blanc, aveuglant.

Tout est horizontal, il n'y a pas de reliefs.

Façade massive et blonde, double porte en bois. On entre avec le rayon acéré de la lumière du dehors dans une pénombre de velours et de bois sombre. Patine des cires, des vernis, de l'âge. Fraîcheur de murs de pierre épais. La lumière soudaine tranche dans cet aménagement luxueux et calfeutré - une découpe blanche dans les ombres pourpres. A se retourner, on entraperçoit le parc éclatant de lumière, dans un contraste douloureux à l'oeil.

Porte fermée, silence de tapis épais. Un autre temps.

L'entrée est vaste, onze mètres de long. En face se trouve symétriquement la même double porte, mais côté nord, fermée. Elle n'est plus utilisée aujourdhui, mais le bâtiment est ainsi traversé par les deux ouvertures.

L'ouverture condamnée est recouverte de deux battants de bois lisse qui reprennent son dessin, une forme qui se retrouve en leitmotiv dans les successions de seuils qui ponctuent les longues enfilades de couloirs à l'intérieur du château.

Les battants seront recouverts d'un glacis sombre - la couleur d'une ombre, celle du velours pourpre et du bois ancien, et dont la brillance reçoit l'éclat de lumière à l'ouverture de la porte, le contour du seuil entrouvert, la silhouette du visiteur un instant pris entre éblouissement et pénombre.

Une surface ombre, un seuil opaque et glacé entre ce monde clos, figé dans le temps et le dehors cru, la terre sèche, la lumière éclatante et vive de l'été.

Caroline Duchatelet, esquisse, avril 2008
 
All around, further away, a wide plain stretches – earth, salt, sand.

Immediately outside, a vast esplanade of gravel leading to an empty park, a large grass meadow
South, direct light on the white gravel, blinding.

Everything is horizontal, there is no relief.
Massive cream façade, double doors in wood. We enter with the sharpened ray of outside light into a shadowy darkness of velvet and dark wood. Polish, varnish gleaming with age. The freshness of the thick walls. The light suddenly cuts into this luxurious and lush interior – a white cut-out in the purple shadows. Turning back we glimpse the park dazzling with light, a painful contrast for the eye.
Door shut, the silence of deep carpets. Another time.

The entrance is huge, eleven metres long. Exactly opposite are the same double doors, but on the north side, closed. They are no longer used today, but the building is thus crossed by two openings.

The closed opening is covered over by two smooth, wooden hanging panels which respect its design, a form that can be found to be the leitmotiv for a succession of thresholds which punctuate the long series of corridors inside the château.

The hanging panels are covered with a thin layer of dark varnish – the colour of a shadow, that of purple velvet and old wood, and the gloss of which catches the light filtering through the opening of the door, the contour of the half-open threshold, the silhouette of a visitor is caught for an instant between the dazzling light and the shadows.

A dark surface, an opaque and cold threshold between this closed world, trapped in time and the stark exterior, the dry earth, the dazzlingly brightness of summer light.

Caroline Duchatelet, sketch, April 2008
 
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